PRÉSENTATION - PROGRAMME - CONFÉRENCES EN DÉTAIL - ATELIERS - CONGRÈS OFF - INFOS PRATIQUES  
 

JEUDI 27 NOVEMBRE 2008

Claude SERON

Voyage aux frontières du possible : la place du risque dans nos interventions, nos décisions, nos innovations

Ouverture du congrès

Claude Seron, directeur de Parole d’Enfants, psychologue, thérapeute familial et formateur dans le secteur de l’Aide à la Jeunesse.


Serge TISSERON

L’enfant et la famille aux risques des nouvelles technologies

Le développement des nouvelles technologies engage de plus en plus tôt les nouvelles générations dans une nouvelle relation au monde : téléphone mobile, Internet, violence du paysage audiovisuel, pornographie, univers virtuel, etc. Il en résulte des bouleversements considérables dans la relation de chacun à ses proches, à sa famille, à soi-même, et à la connaissance. Comment comprendre le succès des mondes virtuels notamment auprès des adolescents ? Quels critères peuvent nous alerter quant à un risque de dépendance ou d’addiction ? Quelles ressources ces nouveaux mondes peuvent-ils constituer pour la vie familiale et le travail du soignant ?

Serge Tisseron est psychiatre, psychanalyste, docteur en psychologie, directeur de recherche à l’Université Paris X Nanterre, auteur d’une trentaine d’ouvrages personnels dont Secrets de famille - Mode d’emploi (Paris, Marabout, 2007), Psychanalyse de l’image (Paris, Dunod, 2005). Dernier ouvrage paru : Virtuel mon amour (Paris, Albin Michel, 2008).


Roland COUTANCEAU

Amour, violence, passions : le couple au risque de la vie

Pourquoi l’amour et le couple secrètent-ils de la violence ? Comment expliquer que certains passent à l’acte là où d’autres s’arrêtent à temps ? Passion exacerbée, déni fusionnel, jalousie, possessivité, tentation d’emprise, peur de la perte : comprendre les conditions et les mécanismes de la violence dans la vie du couple. Comment soigner un conjoint violent ? Comment aider une victime à se confier ? Apprendre à mieux vivre dans le respect et l’égalité ; ou accepter de se séparer sans harceler l’autre. Vivre ensemble est un bonheur, mais aussi un défi : le défi de l’intimité.

Roland Coutanceau est psychiatre des hôpitaux, président de la Ligue Française de Santé Mentale. Auteur de : Amour et violence : le défi de l’intimité (Paris, Odile Jacob, 2006) et Vivre après l’inceste. Haïr ou pardonner ? (Paris, Desclée de Brouwer, 2004).


Françoise MOLÉNAT

Le présent peut-il ré-écrire le passé ?

Cloisonnement, manque d’écoute des parents dès la grossesse, retards aux étayages, logiques institutionnelles, rivalités et substitutions dans les interventions. Si l’on regarde en arrière, il est clair que nous avons offert aux familles vulnérables un drôle de modèle, depuis la maternité jusqu’à l’adolescence.
Alors, la prise de risque est un impératif. Rencontrer l’autre est toujours une prise de risque.
Des efforts doivent être faits pour organiser une meilleure écoute précoce, et surtout pour "apprendre à penser ensemble", afin d’offrir un collectif humain coordonné, continu, structurant, surtout pour les familles déstructurées. C’est le seul outil de travail, la psychothérapie classique n’étant pas d’actualité dans ce genre de situation où du lien humain fiable n’a pas encore fait ses preuves.
C’est dans cette offre de liens inter-professionnels fondés sur le respect des limites et des compétences de chacun, qu’une famille vunérable va pouvoir trouver autour d’elle les conditions pour que surgissent des éprouvés neufs, en résonnance avec d’autres temps vécus.
Apprendre à penser ensemble s’impose dès lors non seulement comme outil pour permettre l’engagement personnalisé, mais aussi comme protection des bouleversements émotionnels induits par l’imprévu de la rencontre et l’approfondissement des liens.

Françoise Molénat est pédopsychiatre au CHU de Montpellier, elle anime l’AFREE (Association de Formation et de Recherche sur l’Enfant et son Environnement) et la Revue Naissances (cahiers de l’Afrée).


Nico TROCME

Trouver le juste milieu : leçons à tirer des succès et excès des 45 dernières années de protection de la jeunesse en Amérique du Nord

La publication en 1962 de l’article du Dr Kempe sur le syndrome de l’enfant battu a marqué en Amérique du Nord le début d’une expansion extraordinaire des services pour enfants maltraités. Allant de quelques milliers d’enfants signalés aux services de protection de la jeunesse au début des années 70 nous sommes passés à plus de 3 millions d’enfants signalés aux États-Unis et plus de 200.000 au Canada. Cette expansion inclut les "découvertes /redécouvertes" des abus sexuels, de la négligence et de la maltraitance psychologique. On a ainsi assisté au développement de pratiques d’évaluation du risque, de préservation familiale ("family preservation") et les projets de vie ("permanency planning"). Des scandales ont éclaté, mettant l’accent tour à tour sur le manque d’intervention à la suite de morts tragiques ou la sur-intervention associée au ballotage d’enfants placés. Utilisant les résultats de ses recherches sur le profil des enfants et familles signalés à la protection de la jeunesse, le Professeur Trocmé suggère que la protection de la jeunesse en Amérique du Nord doit passer au-delà du paradigme de l’enfant battu pour développer des politiques et des pratiques qui sont mieux adaptées à l’hétérogénéité des problématiques auxquelles font face les services de protection.

Nico Trocmé est titulaire de la Chaire Philip Fisher en Travail social à l’École de Travail social de l’université McGill (Montréal) et il est le directeur scientifique du Centre d’excellence pour le bien-être des enfants. Après avoir travaillé cinq ans comme travailleur social pour la protection et la santé mentale des enfants, Nico Trocmé s’est tourné vers la recherche. Il a dirigé les deux Études Canadiennes sur l’Incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants (ECI) de 1998 et 2003. Il est également impliqué dans la recherche sur le développement et l’évaluation de modèles exhaustifs de traitement à domicile dans des situations de négligence chronique. Il a mené l’enquête sur les risques et la résilience de jeunes recevant des services de protection de l’enfance.


Yves STEVENS

Le risque de l’inachevé : oser proposer la fin du suivi dans la prise en charge d’adolescents auteurs d’abus sexuels

Dans la délinquance juvénile, la transgression sexuelle revet un caractère particulier dans la mesure où elle heurte émotionnellement autrui et met à l’avant-plan la question du risque de récidive.
Dès lors, une prise en charge rigoureuse et coordonnée s’impose.
Par ailleurs, le fait que l’auteur soit un adolescent rappelle que nous avons affaire à un être inachevé, en cours de développement et qui a besoin de retrouver confiance en lui-même. Il a tout autant besoin de regagner la confiance de ses proches quant à ses capacités à devenir un adulte responsable, un "mec bien", malgré les gestes posés.
Pouvoir proposer la fin après une prise en charge cohérente est aussi un message important adressé à l’adolescent et à ses proches quant au fait qu’il peut poursuivre son développement en confiance. Cette notion de confiance renvoie au travail que l’adolescent a pu faire sur le sens du passage à l’acte, tant dans sa trajectoire personnelle que familiale.
Cet exposé balisera les axes de travail dans la prise en charge de ces adolescents et réfléchira par conséquent la question de la part d’acceptable dans la prise de risque de proposer la fin, au regard des dimensions travaillées dans l’accompagnement psychosocial de l’adolescent et de sa famille.

Yves Stevens est psychologue, psychothérapeute et formateur. Il est intervenant au service Kaléidos de prise en charge des situations d’abus sexuels intrafamiliaux initialement développé au sein de l’association Parole d’Enfants. Il est également psychologue dans un centre de consultation où il rencontre de nombreux auteurs d’infractions à caractère sexuel.


Suzanne RAINVILLE

L’évolution de la pratique québécoise dans les situations familiales à risque : les constats et les enjeux d’une évaluation et d’une intervention structurée

Le travail auprès des familles qui présentent de grandes difficultés engendre bien des débats et des enjeux sociaux, économiques et affectifs qui peuvent teinter la pratique des intervenants. Le système de protection de l’enfance au Québec est régi par la loi de la Protection de la jeunesse qui balise la pratique des intervenants. L’intérêt de l’enfant est au cœur de cette loi. Les parents ont des droits mais aussi des obligations. Ils doivent assurer la santé et le développement de leur enfant. Lorsque la situation d’un jeune enfant est signalée à la Protection de la jeunesse, les intervenants ont le devoir d’évaluer et d’intervenir rapidement afin d’apporter aux familles l’aide qui assurera à l’enfant un milieu de vie permanent et lui permettra de développer un sentiment d’appartenance et des liens d’attachement essentiels à son bon développement. Une réflexion sur notre pratique nous a conduits à élaborer une pratique plus structurée quant à l’évaluation des situations familiales, aux services offerts aux familles et aux balises qui guident nos décisions de maintenir ou non un enfant dans sa famille d’origine. Un processus clinique, des outils cliniques d’évaluation et une programmation d’activités ont été construits afin d’améliorer nos services, d’aider les intervenants à assurer une évaluation et un suivi plus rigoureux de la situation familiale.

Psychologue au Centre jeunesse de Montréal-institut universitaire, Madame Rainville est consultante auprès des intervenants psychosociaux et éducateurs qui offrent des services d'aide aux familles qui présentent les plus grandes difficultés. Elle apporte un soutien clinique dans la compréhension des situations familiales ou individuelles des parents et des enfants, dans l'élaboration des plans d'intervention et dans les prises de décisions quant au devenir de ces enfants. Elle s'est intéressée particulièrement aux enfants qui vivent des situations de délaissement ou d'abandon, et à la question des troubles sévères de l'attachement que présentent ces enfants. Son apport a été sollicité pour conceptualiser et structurer davantage l'analyse des situations familiales et l'intervention offerte aux familles afin d'éviter les situations de délaissement et la multiplication des brisures relationnelles chez les enfants.


Anne-Pascale MARQUEBREUCQ,
Grégoire NYSSENS et Graziella MENEGALLI

Entre le désir et la peur : le goût du risque

Modèle d’intervention et de prise en charge d’adolescents difficiles et de leurs familles

La clinique en institution avec des adolescents “difficiles” implique toujours la confrontation. Face à des adolescents en désappartenance, face à leurs familles en crise, nos modèles sont mis à mal et nous sommes défiés dans nos capacités à les adapter afin de maintenir le lien et de poursuivre notre travail. C’est là que nous sommes amenés à nous “exposer” comme professionnels (avec nos modèles et nos formations), mais aussi comme personnes (avec nos valeurs, nos croyances, nos histoires, nos émotions). Face aux troubles sévères de l’attachement, la première mission de l’équipe est de préserver sa propre santé mentale. Cette assertion un peu provocatrice inverse les rôles... Et pourtant, quand la peur des adolescents rencontre la nôtre, juqu’où allons-nous ? Nous proposons une réflexion multidisciplinaire (psychologue, éducateur, direction...) sur la manière dont chacun se risque dans ce travail et sur les implications et les diverses façons de “gérer” ces risques dans nos interventions au sein de l’institution (travail éducatif et thérapeutique, individuel ou en groupe) mais aussi dans notre travail de collaboration avec les familles et le réseau (en particulier avec les mandants, les écoles et le secteur psychiatrique).

Grégoire Nyssens est docteur en psychologie, psychothérapeute. Graziella Menegalli est psychologue, psychothérapeute, responsable clinique du Tamaris. Anne-Pascale Marquebreucq est psychologue, psychothérapeute et directrice du Tamaris, Centre d’Accueil Spécialisé pour adolescents à Bruxelles.


Laurent SERVAIS et Siegi HIRSCH

Prise en charge d’adolescents délinquants présentant des troubles psychiatriques : risques et traumatismes à tous les étages

A l’heure où la "vieille" Europe voit redresser la tête de ses démons identitaires qui ont enfanté les deux conflits les plus meurtriers du siècle dernier, une part du monde politico-médiatique, de contre-vérités en contre-vérités, les alimente abondamment par la stimulation des peurs de l’autre, principalement autour de thèmes sécuritaires, à travers des discours réductionnistes conduisant à la stigmatisation de la différence et à l’exclusion des plus fragilisés.
Ouvrir et faire vivre une unité de prise en charge d’adolescents délinquants présentant des troubles psychiatriques constitue un défi au quotidien. Autour de principes démocratiques fondamentaux, l’outil thérapeutique, partant de multiples cadres de référence (pour devenir, expression chère à Siegi Hirsch, irréférencieux) s’est co-construit à travers un processus invitant tous les professionnels du service à contribuer, au fil des prises en charge, à l’adaptation des modes d’intervention. En particulier, les attaques du cadre thérapeutique ont été considérées d’emblée comme devant être intégrées dans la prise en charge et n’être jamais (sauf violence extrême) un motif d’interruption du processus thérapeutique. Quant aux risques, ils sont "omniprésents et ubiquitaires" : multiples attaques du cadre thérapeutique quotidiennement (transgressions diverses, menaces, insultes, etc.), risque permanent de passages à l’acte tant entre jeunes que vis-à-vis de membres du personnel (jusqu’aux tentatives d’émeutes), risques quotidiens d’auto-agressivité (jusqu’au suicide), risques de fugues et de récidives auxquels s’ajoutent les tsunamis politico-médiatiques qui peuvent accompagner ces dernières, pour citer les principaux.Il va de soi que, dans un tel projet, le respect et la solidarité entre les membres de l’équipe comme la liberté de parole permettant à chacun d’exprimer ses difficultés, ses peurs et ses déceptions voire son épuisement sont indispensables à la vie de l’outil thérapeutique. En miroir du travail accompli avec les jeunes, réserver une attention constante au climat dans lequel se déploie ce dernier est une condition sine qua non pour élaborer et donner un sens aux difficultés et traumatismes endurés par chacun.

Laurent SERVAIS est psychiatre au Centre Hospitalier Jean Titeca à Bruxelles, responsable de l’unité-pilote Karibu qui accueille des adolescents masculins âgés de 12 à 18 ans sur base d’un mandat judiciaire émanant du Tribunal de la Jeunesse. Situé à l’interface entre les réseaux communautaires de l’Aide à la Jeunesse et le secteur de la Santé, ce projet-pilote propose une aide médico-psychologique et éducative spécialisée aux adolescents souffrant de troubles psychologiques sévères et de troubles du comportement.

Siegi HIRSCH est thérapeute familial et formateur en thérapie familiale. Il fut éducateur dès 1946 puis directeur d’institutions de l’AIVG (aide aux Israélites Victimes de Guerre) jusqu’en 1958. Ensuite, il travailla aux Pays-Bas avec de jeunes délinquants institutionnalisés puis en France où il développa une série de formations s’adressant aux magistrats, aux éducateurs, aux psychologues et aux psychiatres. Depuis une dizaine d’années, il exerce une pratique privée ambulatoire et continue d’assurer une série de formations et de supervisions. Pierre Fossion et Marie-Carmen Rejas lui ont consacré un ouvrage : Siegi Hirsch, au cœur des thérapies (Toulouse, Erès, 2001).


 

 

   

VENDREDI 28 NOVEMBRE 2008

Jean-Paul MUGNIER

Mise en danger ou prise de risque : passage à l’acte ou passage à l’action ?


A la question "Qu’est-ce que le risque ?" un lycéen se serait contenté de répondre "Le risque c’est ça !" lors de l’épreuve de philosophie du baccalauréat. Rendant une copie pres-que blanche, était-il passé à l’acte ou à l’action ? S’agissait-il d’un exploit ou d’un aveu d’ignorance ?
Qu’en est-il du risque pris par des thérapeutes interpellés par des patients qui voudraient les pousser à agir ou au contraire à ne pas s’alarmer alors que tous les clignotants signalant la présence d’un danger sont allumés ? Une attitude interventionniste ou au contraire attentiste serait-elle révélatrice de leur engagement ou d’un aveu d’impuissance ?
Les idées suicidaires, les situations de maltraitances potentielles ou avérées, les situations de violence conjugale quand la victime refuse la protection des intervenants, certains désirs de meurtre exprimés lors de l’annonce d’un handicap confrontent les professionnels à un choix douloureux : la scansion du temps "voir-comprendre-agir" censée garantir une action réfléchie doit-elle nécessairement laisser la place à cet autre ordre logique : voir-protéger-comprendre ?
Toute théorie généralisatrice d’une pratique ne pouvant se raconter qu’à partir d’histoires singulières, de nombreux exemples cliniques illustreront cet exposé.

Jean-Paul Mugnier est éducateur spécialisé, thérapeute familial, directeur de l’Institut d’études Systémiques, auteur de différents ouvrages dont Les stratégies de l’indifférence (Paris, Editions Fabert, 2002), La promesse des enfants meurtris (Paris, Editions Fabert, 2005), Le silence des enfants (Paris, Editions L’Harmattan, 1999).


Maurice TITRAN

Le pari de la bientraitance
L’expérience du Centre d’Action Médico-Sociale Précoce de Roubaix


Le C.A.M.S.P. de Roubaix intervient auprès d’enfants de moins de 6 ans souffrant de différents troubles du développement. Ces enfants grandissent dans des familles communément appelées "à risques".
Avec leurs parents qui ont connu une grande misère économique, affective et sociale, des troubles neurologiques, ainsi que des ruptures et des errances, il est nécessaire d’inventer de nouvelles stratégies pour leur donner confiance en eux-mêmes, en leurs enfants et en la capacité des professionnels de les aider.
Ces actions passent par la création d’un réseau qui intègre le savoir-faire de différentes structures et de différents intervenants psychosociaux et associatifs. Cela implique également de respecter les limites des familles comme on reconnaît celles des professionnels.
Enfin, cela nécessite de parier sur l’avenir et sur la capacité de chacun à être reconnu dans ce qu’il sait et dans ce qu’il peut transmettre à ses enfants, à ses pairs et aux professionnels.

Maurice Titran est pédiatre, praticien hospitalier à Roubaix. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages témoignant de son travail engagé avec des familles touchées par le chômage, l’alcoolisme, la violence, l’extrême pauvreté dont A sa santé ? Pour une prise de conscience des dangers de l’alcool pendant la grossesse (Paris, Editions Albin Michel, 2005. Collection La cause des bébés) et avec Florence Quille, Un pédiatre au charbon (Paris, Buchet- Chastel, 2006).


André CIAVALDINI

La prise en charge de l’auteur de violences sexuelles : entre risques et nécessité

La prise en charge d’auteurs de violences sexuelles judiciairisés confronte le soignant à de multiples contraintes dont la notion de risque de récidive n’est pas la moindre. Ces contraintes relèvent autant de l’histoire de la construction des configurations psychiques des auteurs, que des potentialités des institutions chargées d’assurer la prise en charge de tels sujets (judiciaire, d’accompagnement social, soignante), que du socius lui-même. Après avoir décliné ces diverses contraintes, l’orateur démontrera combien une réelle connaissance de ces sujets, loin des "prêts-à-penser" médiatiques, nécessite de la part des intervenants, mais surtout des soignants, dans une culture du soin "humaniste", où la notion de "sujet" reste très prégnante, des modifications de certains de nos paradigmes thérapeutiques. C’est au prix de ces changements, que les risques inhérents à la prise en charge d’auteurs de violences sexuelles, pourront être considérés comme des outils, participant à la construction ou à la reconstruction de ces identités blessées dès l’origine.

André Ciavaldini est docteur en psychologie clinique,  psychanalyste (SPP – IPA). Directeur de recherches au Laboratoire de psychologie clinique et de psychopathologie de l’Université Paris 5 René Descartes. Directeur de programme. CRIAVS :
Rhône-Alpes / Auvergne P.A.R.I., centre de recherches et de traitements psychanalytiques. CH de Saint-Égrève (France). Auteur de Violences sexuelles. Le soin sous contrôle judiciaire (Paris, In Press Eds, 2003) et, avec Catherine Chabert, Actes et dépendances (Paris, Dunod, 2006).


Xavier POMMEREAU

La prise en charge des jeunes suicidants : comment prévenir la récidive ?

Quarante pour cent des jeunes qui font une tentative de suicide (TS) récidivent dans l’année suivant leur geste. Dix pour cent en meurent. Au-delà des soins physiques, leur prise en charge initiale doit donc tenter de réduire ces risques, enjeu à la fois médicopsychosocial et parfois juridique. L’auteur dirige une équipe hospitalière ayant quinze années d’expérience dans ce domaine. A l’aide de nombreux exemples pratiques, il se propose d’exposer comment établir une relation de confiance réciproque avec les jeunes suicidants pour les aider à comprendre le sens de leur TS et, par là-même, réduire au maximum le risque de récidive.

Xavier Pommereau est psychiatre, chef de service, responsable du Pôle aquitain de l’adolescent, centre Abadie, CHU de Bordeaux. Auteur de Quand l’adolescent va mal (Paris, J’ai Lu, 2003), L’adolescent suicidaire (Paris, Dunod, 2005), L’ado à fleur de peau. Ce que révèle son apparence (Paris, Albin Michel, 2006).


Chantale PARRET

La maltraitance, une violence qui éprouve les professionnels et met en risque leur pratique

S’impliquer dans l’accompagnement d’enfants, d’adolescents, d’adultes ayant subi des mauvais traitements, s’interroger sur la violence de l’être humain induit nécessairement des éprouvés pour les professionnels. Cet éprouvé, s’il est nécessaire pour ressentir de l’empathie pour ceux et celles qui comptent sur nous pour être entendus, reconnus, aidés, soutenus, accompagnés, peut conduire les professionnels à prendre des décisions, des options et mettre en œuvre des actions inadaptées et/ou contraires à la bien-traitrance des intéressés et d’eux-mêmes.
C’est à cet éprouvé, indispensable mais risqué, que l’oratrice se propose de réfléchir, et ce, à partir d’exemples.
Risque pour la nature des liens établis avec l’enfant, l’adolescent, l’adulte. Ces derniers rejouant à leur insu leurs traumatismes, répétant ainsi des processus psychiques intériorisés, tels que la confusion des places et des générations, la dualité maltraité/maltraitant, le passage à l’acte, etc.
Risque pour les professionnels de trop d’identification à l’enfant maltraité et son corollaire le rejet permettant de se protéger des retours sur soi et de l’envahissement de l’histoire de l’autre.
Risque pour le partenariat qui peut rejouer en miroir les processus décrits plus haut.

Chantale Parret est psychologue, psychanalyste, thérapeute familiale, co-fondatrice et directrice durant 15 ans d’une consultation thérapeutique destinée aux familles en difficultés, ainsi qu’aux enfants, aux adolescents et aux adultes ayant subi des mauvais traitements. La particularité de la problématique de la violence et les risques qu’elle comporte, a conduit les professionnels à développer leur créativité pour mettre en œuvre des protections qui garantissent la " bien-traitance " des patients mais aussi celle des professionnels engagés dans l’accompagnement. Co-auteur, avec Jacqueline Iguenane, de l’ouvrage Accompagner l’enfant maltraité et sa famille  (Paris, Dunod, 2006) .


Christophe ANDRE

Le risque en psychothérapie cognitivo-comportementale

Tout changement en psychothérapie suppose de faire bouger un système à l’équilibre, même si cet équilibre est bancal, douloureux, insatisfaisant, toxique. Et provoquer ainsi un déséquilibre est toujours une prise de risque envers le patient : risque de le faire souffrir, ou d’aggraver sa situation. Mais ne rien faire peut représenter un risque plus grand encore : l’immobilisme, en psychologie comme en politique, est parfois tolérable, comme nécessité ponctuelle ou transitoire, mais ne peut être érigé en règle, assumée ou dissimulée.
L’exposé proposera des exemples de "risques" propres au champ des thérapies comportementales et cognitives (TCC), comme les expositions in vivo et les mises en situations dites "behavioral experiments", et montrera aussi comment la dernière vague des TCC (par exemple la Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience) introduit un nouveau regard sur ce qui doit être considéré comme un risque.

Christophe André est médecin psychiatre au Centre Hospitalier Sainte-Anne, Paris. Auteur de plusieurs ouvrages dont Imparfaits, libres et heureux (Paris, Odile Jacob, 2006) et Psychologie de la peur (Paris, Odile Jacob, 2005).


Jean-Pierre ROSENCZVEIG

Le signalement : protection ou parapluie ?

Ici comme ailleurs, face aux violences aux enfants sinon aux personnes vulnérables, nous sommes parvenus à imposer un devoir d’ingérence. Il faut “oser parler la maltraitance à enfants” écrivait-on en 1983 ; aujourd’hui il faut être convaincus de l‘impérieuse nécessité de mobiliser tous les moyens disponibles pour faire en sorte que les violences cessent. Obligation de moyens et non de résultat, mais il importe déjà de ne pas passer son chemin. Il ne s’agit pas de se protéger car le signalement n’exonère pas de rester mobilisé sur la situation, mais de mobiliser les moyens qui paraissent pertinents. Bien évidemment, on sera plus exigeant à l’égard du professionnel que du simple quidam ; mais l’un comme l’autre doivent parler à défaut de pouvoir agir. Reste à mettre en place un dispositif d’interprétations des informations préoccupantes qui soit lui-même performant. Reste encore, une fois bien analysée la situation, à réunir les moyens pour réagir intelligemment. La loi du 5 mars 2007 sur la protection de l’enfance crée en théorie les conditions d’une meilleure circulation des informations et d’un meilleur traitement. Reste à voir ce qu’il en advient.

Jean-Pierre Rosenczveig est Président du Tribunal pour enfants de Bobigny. Co-initiateur de l’Appel des Cent pour la reforme de la loi sur la protection de l’enfance (2005).


Didier ROBIN

Les conduites à risque des adolescents : comment réagir en évitant les réponses trop sécuritaires ?
Un monde où les adolescents se suicident plus qu’ils ne poignardent…

Quelle est notre actualité ? Une dégradation spectaculaire de notre sûreté, une terrible augmentation des risques qui nous menacent ? Ou plutôt une sourde inquiétude qui nous ronge de l’intérieur, un défaut du sentiment de sécurité ? Les réponses à ces questions sont complexes.
Le suicide, deuxième cause de mortalité chez les adolescents, ainsi que les dépressions, les addictions, les troubles alimentaires, les conduites d’échec, les automutilations... témoignent de profonds défauts de sécurité "interne" largement sous-évalués et presque absents des médias, a contrario des faits divers ou des accidents les plus spectaculaires.
Comment peut-on repenser nos approches cliniques ou éducatives pour permettre aux adolescents de se construire un sentiment de sécurité durable qui tienne compte du lien social ? Un sentiment de sécurité qui ne peut pas correspondre à l’évitement du risque à tout prix.

Didier Robin est psychologue, psychanalyste et systémicien, superviseur d’équipes et formateur au Service de Santé Mentale Chapelle-aux-Champs à Bruxelles.


 

 

 
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