Lundi 1er décembre 2014
Café d'accueil
10h00
Ouverture du congrès
10h30 - 11h30
Jean FURTOS
Oser l’engagement avec des personnes qui ne demandent rien
Nous vivons dans un climat sociétal où la notion d’autonomie se constitue en valeur majeure. Par conséquent, en matière de relation d’aide, la demande devrait être première, d’où la notion de « travailler sur la demande ». Mais la question se pose lorsqu’il n’y pas de demande dans une situation psychosociale préoccupante. C’est exactement ce qui se passe lorsque la précarité est négative, c’està-dire lorsque la solidarité interhumaine dans la confiance se transforme en méfiance, dans le cadre de l’hyper-individualisme de retrait communément observé, accompagné d’une paranoïa sociale (l’autre est dangereux) et d’une abolition du grand temps. a ce moment, « attendre la demande » devient quasiment synonyme d’euthanasie passive. C’est pourquoi une compréhension des effets psychosociaux de la précarité s’impose, qui permet la possibilité d’une relation d’aide respectueuse du sujet et de ses refus, tout en prenant en compte la préoccupation légitime des aidants et des tiers concernés. La difficulté d’un engagement dans cette perspective (car il s’agit d’un engagement) est d’autant plus délicate si l’on observe des effets négatifs en terme de santé sur les aidants : ces effets font partie de la clinique et doivent être intégrés comme tels et permettre aux intervenants comme aux usagers de rester « vivants ».
Depuis ses débuts comme psychiatre des hôpitaux, Jean FURTOS étudie les nouvelles causes de dysfonctionnements mentaux de ses patients, en partant du principe qu'ils sont souvent d'origine sociale. C'est dans cette perspective qu'il fonde, en 1996, l'Observatoire régional Rhône-Alpes sur la souffrance psychique en rapport avec l'exclusion, dénommé depuis 2002, au regard de ses activités nationales, l'Observatoire national des pratiques en santé mentale et précarité. A travers cette institution, Jean Furtos entend mettre sur pied de nouvelles structures pour accueillir et suivre les patients, et faire travailler conjointement non seulement des psychiatres, mais aussi des médecins libéraux, des travailleurs sociaux, des psychologues, etc. Il développe par ailleurs ses théories au fil de nombreux articles publiés dans les magazines Rhizome et Soins Psychiatrie, ainsi que d'ouvrages détaillés sur la question, comme Les Cliniques de la précarité : Contexte social, psychopathologie et dispositifs (2008).
Conférences au choix
Pierre DUTERTE
Mineurs, isolés et étrangers,
distance et prise en soins
Les Mineurs isolés etrangers ont le plus souvent, avant de se retrouver seuls en France et, malgré leur jeune âge, vu périr leur famille, ils ont pour la plupart été victimes d’insoutenables violences, ils ont parfois été amenés à faire la guerre à sept, dix ou quinze ans. ils sont nombreux à venir chercher refuge, accueil... sur notre sol. on ne peut pas être mineur ou même jeune majeur, être seul dans un monde inconnu, étranger... un monde si étrange et parvenir à n’avoir aucune difficulté psychique. Difficultés auxquelles s’ajoutent des difficultés administratives, souvent agrémentées de doute sur leur histoire traumatique ou même de remise en cause de leur identité. La prise en compte de leurs difficultés ne peut se calquer sur nos habitudes, nos pratiques habituelles.
Docteur en médecine, psychothérapeute, thérapeute familial, superviseur et formateur, Pierre DUTERTE s’est très vite engagé, en parallèle de son activité professionnelle, dans la vie associative. En 2001, il a fondé Parcours de Jeunes – qui deviendra par la suite Parcours d’exil, dont il est le Médecin Directeur depuis 2002. Egalement photographe, il expose à travers le monde. Enfin, il a publié en novembre 2007 un livre relatant son expérience de thérapeute auprès de victimes de torture : Terres inhumaines aux Editions JC Lattès.
Suzanne ROBERT-OUVRAY
La dimension corporelle dans la relation thérapeutique avec l’enfant : l’ajustement tonico- émotionnel au cœur du soin psychomoteur
Le corps dans ses alliances toniques et sensorielles avec le monde affectif et représentatif de l’enfant est au cœur du soin psychomoteur. La question de la juste distance entre le corps de l’enfant et celui du thérapeute est à tout moment présente et elle ne peut pas être pensée continuellement. Ce sont les signaux toniques et émotionnels inconscients de l’enfant parlant de sa peur, de son indécision, de son malaise, de son ouverture ou de sa fermeture qui sont lus consciemment et inconsciemment par le psychomotricien. Celui-ci réajuste alors sans cesse la juste distance, la force du contact, le geste, le regard portés sur l’enfant. Ce réajustement tonico-émotionnel continu suppose que le psychomotricien a fait un travail personnel le mettant en contact avec ses propres limites. Mais à côté des ajustements soignants se jouent des franchissements de limites inhérents à l’imperfection humaine. C’est alors dans l’intention du geste ressentie toniquement par l’enfant que celui-ci sentira la juste présence.
Suzanne ROBERT-OUVRAY a une formation de kinésithérapeute et de psychomotricienne. Aujourd'hui, docteur en psychologie clinique et psychothérapeute d'enfants, elle enseigne la psychomotricité à l'école de psychomotricité de la Faculté de Médecine Pitié-salpêtrière. Elle est l'auteur d'ouvrages concernant la vie affective de l'enfant : Intégration motrice et développement psychique, enfant abusé, enfant médusé, et Mal élevé, Le drame de l'enfant sans limites.
Pause déjeuner (libre)
14h00 - 15h00
Conférences au choix
Claude SERON
A la recherche d'une juste position à l'égard des parents inadéquats avec leurs enfants
Nous avons grandi dans un milieu qui mettait un point d’honneur à nous apprendre à discerner le bien du mal, le juste de l’injuste, le normal du pathologique. en même temps que l’on nous inculquait les valeurs de respect, de tolérance, de compréhension ou de pardon, on nous incitait également à nous tenir à bonne distance de l’autre, du bizarre ou du malfaisant. nous avons donc appris à nous fier à notre propre jugement pour distinguer les personnes porteuses d’énergie positive et celles qui laissent beaucoup de souffrances sur leur passage. Mais aussitôt plongés dans nos missions d’intervenants sociaux et familiaux, c’est aux côtés de ces parents abîmés et quelquefois destructeurs qu’il a fallu faire nos armes, ou plutôt nos outils ! nos vieux réflexes traditionnels ont vite montré leurs limites… a travers cet exposé, nous retracerons les différentes étapes d’un parcours professionnel qui nous a obligés à remettre régulièrement l’ouvrage sur le métier, pour nous approcher de cette juste présence. D’abord, il y a eu une forme d’adhésion théorique à l’idée que toutes les familles disposent de compétences. si ce n’était pas une évidence, c’était un parti pris idéologique. ensuite, s’est imposé un choix stratégique d’opportunité : c’est plus simple d’aider le père incestueux à évoluer si nous arrivons à « l’aimer »... mais pas n’importe comment ! attention de respecter la bonne distance ! enfin, avec l’entraînement et la pratique quotidienne, s’est développé notre troisième œil, celui qui permet de voir les ressources. Posséder cette compétence ne nous protège cependant pas d’un ultime piège : celui de nous laisser captiver par la souffrance de l’enfant qui vit à l’intérieur du parent blessé et blessant et cela, au détriment de l’attention et du soin que nous portons à ses enfants.
Fondateur de Parole d'enfants, Claude SERON a une longue expérience dans le secteur de l'aide à la Jeunesse (Belgique). Il s'est spécialisé dans l'accompagnement de familles sous mandat administratif ou judiciaire en général, et en particulier dans les situations d'abus sexuels intrafamiliaux. Aujourd'hui, il se consacre essentiellement à la formation et à la supervision. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages sur la thématique de l'enfance en danger. Entre autres, Don, pardon et réparation. Comment résilier un contrat avec la souffrance (ed. Fabert, 2007), Au secours, on veut m’aider ! Venir en aide aux adolescents en révolte, en rupture, en détresse (Fabert, 2006)
Christophe PANICHELLI
Le paradoxe utile : humour et juste distance
Si l'on en croit Bateson, «les paradoxes sont un ingrédient nécessaire dans ce processus de changement que l'on appelle la psychothérapie». ainsi, on apprend aux psychothérapeutes en formation qu’ils doivent être empathiques et engagés, mais en même temps qu’ils ont le devoir d’être différenciés et voir les choses avec distance. on leur demande d'être impliqués émotionnellement, mais aussi de rester très critiques envers leurs propres sentiments. on leur dit que le recadrage est un ingrédient essentiel du processus thérapeutique, ce qui implique de réussir à transmettre une autre vision du problème... tout en insistant sur le fait que l'alliance avec le patient est incontournable, ce qui implique de démontrer au patient que nous comprenons profondément son propre point de vue. Christophe Panichelli propose d'analyser les propriétés de l'humour comme solution potentielle à ces paradoxes. en effet, l'humour permet de rester en contact avec la réalité complexe, tout en répondant à différents niveaux d'exigences et d'objectifs. il permet aussi de conserver intacte la dimension du plaisir le plaisir de travailler, le plaisir du contact humain authentique et chaleureux au cœur de notre travail de thérapeutes. Cela entre autres en modulant la «juste distance» et la «bonne présence», pour qu'elles restent toutes deux au service du patient.
Christophe PANICHELLI est psychiatre et psychothérapeute, formé à la thérapie familiale systémique. Il s'intéresse plus particulièrement à l'approche de Maurizio andolfi à l'école de Rome, et à la thérapie provocatrice selon Frank Farrelly. Ces deux approches incluent l'humour comme ingrédient essentiel de l'interaction avec le patient.
Pause
15h30 - 16h30
Conférences au choix
Xavier BOUCHEREAU
La juste distance, c'est celle que le sujet supporte...
Parents et enfants attendent de l’éducateur non seulement de la bienveillance, c’est une nécessité éthique, non seulement de la compétence, c’est une obligation technique, mais aussi de la consistance c’est à dire une aptitude à tenir, et à contenir une souffrance qui se livre et dont il accepte de devenir le dépositaire temporaire. Ce qui s’écroule en l’autre, l’éducateur accepte d’en être le réceptacle sans que cela ne s’écroule en lui. Mais comment écouter sans être trop entamé, trop troublé, et donc sans insécuriser celui qui se confie ? Comment rendre cette écoute supportable à l’autre, respectueuse des jeux intimes ? La consistance du professionnel n’implique-t-elle pas pour lui de savoir doser son implication émotionnelle, de savoir faire jouer l’élasticité de la distance relationnelle, de savoir combiner astucieusement les allers et les retours, en passant régulièrement d’une logique d’intériorité à une logique d’extériorité ? Mais surtout, ne réclame-t-elle pas de sa part une réelle capacité à interroger ses propres mouvements internes?
Éducateur spécialisé de formation, Xavier BOUCHEREAU a travaillé prendant près de dix ans en aeMo avant d'occuper les fonctions de chef de service dans une association de prévention spécialisée. Il exerce aujourd'hui comme cadre intermédiaire dans un service éducatif en milieu ouvert et dans un service d'action éducative intensive en milieu familial. Soutenue par une approche éclectique et résolument ancrée à la pratique, sa réflexion témoigne d'un intérêt particulier pour les questions éthiques, le sens de l'engagement professionnel et l'accompagnement des personnes en situation de précarité. Il a publié, en 2013, aux Éditions sciences humaines, Au cœur des autres : Journal d'un travailleur social.
Suzanne WOLFF
Oser écouter pour doser la relation
Dans notre environnement professionnel psycho-social et médical, nous subissons de plus en plus de pression pour être «efficace» l' «évaluation» permanente à l'appui. or ce qui se passe entre un clinicien et son patient/ client est difficilement «objectivable» trop de facteurs (psychiques et sociaux) entrent en jeu. Peu importe le symptôme ou la psychopathologie en général: l'histoire du sujet et sa relation à son problème sont toujours spécifiques. a partir de l'expérience psychanalytique, l'oratrice démontre ce qu'une écoute retenue et bienveillante de la part du clinicien peut déclencher chez le sujet en souffrance. il s'agit d'une position professionnelle qui ne confond pas observation clinique, réaction émotionnelle et contre-transfert. L'hypothèse avancée: une prise en charge par l'écoute est l'outil le plus puissant dans la démarche clinique «psy», et ceci peu importe le cadre de la rencontre clinique: cabinet médical, assistance sociale, psychothérapie, ou bien un accompagnement de l'individu en souffrance en général.
Formée à la société Psychanalytique de Paris, Susann WOLFF est aujourd'hui membre titulaire de la société Belge de Psychanalyse, société composante de l'international Psychoanalytical association, et professeur de psychologie clinique à l'Université Catholique de Louvain et à l'Université Libre de Bruxelles. Elle a publié aux Editions De Boeck en 2007, Psychanalyse pour une certaine liberté.
Conférences au choix
Anne-Pascale MARQUEBREUCQ
Quand les intervenants vibrent au diapason des adolescents : isomorphismes au travail
Dans le travail au quotidien avec les adolescents placés, les membres de l'équipe éducative témoignent de la difficulté à circuler entre les deux pôles du contact : de la proximité (préoccupations, inquiétude, soins, investissement affectif, attachement etc.) à l’écart ou la rupture (colère, envie de rejeter, dégoût, etc.), ainsi que des ressentis qui accompagnent ces sauts brutaux d'un pôle à l'autre. nous partirons de l'hypothèse que le contact quotidien avec des adolescents, qui non seulement ont des traumas sévères, mais également présentent d’importants troubles du comportement plonge les intervenants, et peut-être particulièrement ceux qui sont proches des adolescents dans le quotidien, c’est-à-dire les éducateurs, dans des ressentis paradoxaux qui, s’accumulant, deviennent de plus en plus difficiles à supporter et à symboliser. De plus, les traumatismes induisent des risques de répétitions transgénérationnelles mais aussi institutionnelles : non seulement par contamination des émotions mais aussi sous forme d’isomorphismes, qui se manifestent à travers des escalades symétriques, des clivages dans l'équipe, etc. Ce risque de répétitions est encore amplifié quand le mythe institutionnel est attaqué ou qu’il se rigidifie. Cet exposé tentera de rendre compte du travail d’une équipe d’intervenants dans la traversée d’une crise avec son effort pour penser la pratique et pour dépasser les isomorphismes.
Anne-Pascale MARQUEBREUCQ est psychologue clinicienne et psychothérapeute, formatrice au CEFORES-UCL et directrice du Centre d’accueil spécialisé Le Tamaris, qui accueille des adolescentes et des adolescents. Au fil des années, l’équipe a développé un modèle de prise en charge des adolescents et de leurs souffrances, basé sur l’approche systémique, et étayé par la théorie de l’attachement et la pratique de la thérapie institutionnelle. Ainsi, depuis une quinzaine d’années, elle propose un accompagnement basé sur la restauration de liens suffisamment sécurisants et contenants avec des adultes « tuteurs de résilience ».
Samira BOURHABA et Yves STEVENS
«Mauvaise nouvelle, ils sont venus ...» Freins et leviers dans l'intervention sur mandat
Dans notre pratique d’intervenants sociaux, il arrive que nous partagions un curieux point commun avec les familles que nous accompagnons : pas plus qu’eux, nous n’avons choisi d’être là, avec eux. Pourtant, dans l’intervention sur mandat administratif ou judiciaire, s’impose la nécessité de réduire la distance qui nous sépare des familles contraintes de nous consulter. D’autant plus que si nous devons leur proposer de l’aide, c’est pour aborder des problématiques très lourdes dont la simple reconnaissance peut leur faire courir le risque de perdre toute considération à nos yeux … et aux leurs. Dans ces situations, quelles modalités relationnelles développer entre collègues, confrères et avec les familles ? Quels leviers de protection mettre en place pour contenir le risque que les inadéquations légitimes de nos usagers nous rendent, en retour, inadéquats avec eux mais aussi entre nous ? Comment, enfin, entrer et sortir des prises en charge autrement qu’à coup de bélier ou en quittant le navire ?
Psychologue, intervenante sociale et directrice du service Kaléidos (service d’accompagnement de mineurs victimes d’abus sexuels et de leur famille), Samira BOURHABA est également thérapeute individuelle et familiale. Yves STEVENS est psychologue à Kaléidos, thérapeute familial, formateur, ayant une longue pratique du secteur de l'aide à la Jeunesse (Liège). Il est également psychothérapeute et formateur.
Fin
Mardi 2 décembre 2014
Michel DELAGE
Les émotions et l'action thérapeutique
Les émotions et l'action thérapeutique Il s'agira de montrer comment le thérapeute peut travailler avec les émotions, celles qui circulent dans la famille ou qui bloquent les échanges, celles qui à son niveau l'aident à construire des interventions ou peuvent constituer un obstacle. dans son intervention, Michel delage se propose d'examiner comment l'alliance thérapeutique doit pouvoir s'appuyer sur la constitution d'une base de sécurité ; comment à partir de là les émotions peuvent être régulées et neutralisées. Un cas clinique pourra servir d'illustration.
Michel DELAGE est psychiatre, ancien professeur du service Santé des armées, ancien chef de service à l’Hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne à Toulon. Thérapeute familial, il travaille actuellement à l’intégration de la théorie de l’attachement et du modèle systémique dans la thérapie familiale. Il a notamment publié La Résilience familiale et dirigé, avec Boris Cyrulnik, Famille et résilience. En 2013, il a publié aux Editions odile Jacob La vie des émotions et l’attachement dans la famille.
Serge TISSERON
Toucher, se laisser toucher... et trouver la bonne distance : l'empathie au cœur du soin
Le concept d’empathie a été proposé par Théodore Lipps au XIXè siècle. Son intérêt est actuellement relancé par des découvertes dans quatre domaines : la neurologie, les sciences cognitives, le développement du bébé et l’éthologie. Pourtant, ce concept n’est pas dénué d’ambiguïtés, notamment parce qu’il est souvent confondu avec la sympathie, la compassion et l’identification. L’empathie dans sa forme complète comporte trois étages : 1) l’empathie directe, qui est la capacité de pouvoir se mettre à la place de l’autre sans s’y perdre, avec ses deux composantes émotionnelle et cognitive, 2) l’empathie réciproque, qui est la capacité d’accepter que l’autre se mette à notre place, 3) l’empathie réciproque et mutuelle, encore appelée intersubjectivité, qui consiste dans le fait d’accepter qu’autrui puisse nous informer sur nous-mêmes de choses que nous ignorons. Le principal ennemi de l’empathie dans sa forme complète est le désir d’emprise, préjudiciable à la fois à l’efficacité thérapeutique et à l’équilibre psychique. Il existe des moyens de s’en protéger.
Serge TISSERON est psychiatre et psychanalyste, docteur en psychologie habilité à diriger des recherches (HdR) à l’Université Paris VII denis diderot. Il est l’auteur d’une trentaine d’essais personnels. Il a lancé en 2007 la règle « 3-6-9-12 » et « le Jeu des Trois Figures » pour développer l’empathie et lutter contre la violence dès l’école maternelle. Il a publié en 2010, chez Albin Michel, L’Empathie au cœur du jeu social.
Pause - café
11h30 - 12h30
Damien D'URSEL
L'intervention auprès des personnes peu à l'aise dans l'expression de soi
La légitimité que nous présumons avoir auprès de nos clients, la place que nous prétendons tenir à l’occasion des difficultés de vie qu’ils traversent, l’invitation à une forme de remise en question personnelle que nous leur adressons, souvent ne fût-ce qu’implicitement, voilà autant d’éléments que nous vivons parfois comme professionnels sous le sceau de l’évidence. Et pourtant, une telle approche peut susciter un malaise diffus chez certains de nos clients, et des réticences qui sont d’autant plus difficiles à déceler qu’elles restent souvent indicibles pour les personnes concernées. A partir de son expérience de médiateur, damien d’Ursel tente de dégager des pistes visant à mieux accueillir les personnes peu communicantes et enclines à un ‘travail sur soi’. L’accent est mis notamment sur l’engagement de l’intervenant dans une forte proximité, la manière qu’il peut avoir de rejoindre plus profondément les personnes en parlant à leur place ou en évoquant les valeurs qui sont les leurs, ou en assumant dans une certaine mesure la position d’autorité dans laquelle elles le placent. de fil en aiguille se négocie avec les usagers un mode d’intervention davantage légitime et porteur de sens à leurs yeux.
Damien d’URSEL est avocat, médiateur familial, et formateur en médiation. Sa pratique de la médiation est marquée par les techniques de la thérapie familiale systémique et du psychodrame, de même que par l’anthropologie. Il a développé une expertise particulière dans les domaines de la médiation interculturelle et de la médiation familiale internationale. Il enseigne la médiation au sein de l’Université catholique de Louvain et de l’asbl Formediation. Il a publié en 2010 aux Presses Universitaires de Louvain un ouvrage intitulé : « La médiation entre tradition et modernité familiales – Le défi de la médiation pour tous, par une prise en compte des modèles familiaux, des valeurs et des cultures ».
Pause - déjeuner (libre)
14h00 - 15h00
Marie-Rose MORO
Oser une relation transculturelle : juste et bonne pour nous deux
Travailler avec des familles venant du monde entier et leurs enfants, suppose qu'on s'intéresse à ce qui est bon et juste pour chacun des deux partenaires car toute relation est transculturelle et ce qui est bon pour l'un peut faire du mal à l'autre et réciproquement. nous nous interrogerons sur les ingrédients linguistiques et culturels de toute relation thérapeutique, d'accompagnement ou même dans le milieu scolaire. nous chercherons à définir les modalités de compréhension et de négociation pour sortir des malentendus culturels et construire la bonne distance, celle qui protège et rassure, celle qui permet l'émergence d'une co-construction à partir de situations cliniques et de situations d'enfants de migrants à l'école.
Marie-Rose MORO est psychiatre d'enfants et d'adolescents, psychanalyste, docteur en médecine et en sciences humaines. Elle a appris la psychiatrie du jeune enfant auprès de Serge Lebovici, et les principes de l'ethnopsychiatrie avec Tobie nathan. Ses recherches l'ont menée à théoriser la vulnérabilité et les besoins spécifiques des enfants de migrants. Elle a créé une unité de soins transculturels destinée aux familles migrantes et leurs enfants en 1987. En 2008, elle a élargi ce dispositif transculturel au cœur de Paris. dans ces dispositifs, la langue et la culture des patients, celles des thérapeutes et la différence culturelle sont utilisées pour soigner. Ses travaux concernent les forces et vulnérabilités des enfants de migrants, les dispositifs thérapeutiques, les métissages, le bilinguisme et le traumatisme psychique dans ses aspects transculturels. Elle a publié de nombreux livres dont, récemment, Les enfants de l'immigration : une chance pour demain (Bayard ; 2012).
Pause
15h30 - 16h30
Raphaël GAZON
« Sauvez-moi mais je ne veux pas de votre aide ... »
Les apports de la Thérapie Sensorimotrice pour le suivi des patients dits « difficiles »
Travailler avec les personnes qui ont des troubles de l’attachement est un challenge pour les professionnels et les équipes de soin. Entre les patients qui minimisent leurs besoins d’attachement, en se réfugiant dans le retrait et ceux qui s’attachent de façon excessive et sollicitent constamment l’attention, les professionnels de la santé consacrent beaucoup d’énergie à trouver un juste équilibre entre distance et proximité. Ce travail d’ajustement est particulièrement difficile avec les patients qui présentent un attachement désorganisé. Ce style d’attachement se retrouve chez 80% des enfants victimes de maltraitance (Carlson et al. 1989) et il joue un rôle majeur dans la psychopathologie borderline et les troubles dissociatifs chez les adultes (Liotti, 1992, 2014). Les patients font preuve d’une incapacité marquée à faire appel et à utiliser les personnes ressources de leur environnement pour s’apaiser. Partagés entre la terreur du contact et la terreur du rejet, ils oscillent entre, d’une part, les comportements d’approche et les tentatives, parfois désespérées, de rechercher le contact et, d’autre part, les attitudes de défense contre la proximité et l’attachement. Cette division attachement/défense complique l’ajustement affectif entre le thérapeute et son patient : « Sauvez-moi mais je ne veux pas de votre aide ! ». Raphaël GAZON vous parlera de l’accompagnement des patients présentant de graves troubles de l’attachement. Il présentera notamment les apports de la Thérapie Sensorimotrice (ogden & Fisher, à paraître) qui offre un cadre et une grille de lecture permettant de travailler avec les processus implicites et explicites qui sont au cœur de la dynamique d’attachement. Elle mêle des approches cognitives et émotionnelles, le dialogue verbal et des interventions physiques pour restaurer une dynamique d’attachement saine, un sens de Soi cohérent et une régulation émotionnelle non destructrice.
Raphaël GAZON est psychologue et psychothérapeute en thérapie cognitivo-comportementale et en thérapie sensorimotrice. Il s’est spécialisé dans le traitement des troubles de la personnalité état-limite, des troubles dissociatifs et des traumatismes psychiques. Il pratique en privé et en psychiatrie où il anime des groupes thérapeutiques pour les patients état-limite depuis plus de 10 ans. Par ailleurs, il supervise et donne des formations sur les troubles de l’attachement, les traumatismes complexes et la clinique des émotions.
Clôture - SURPRISE !
17h30
Fin
Lieu et dates
- Lundi 1er décembre 2014 de 10h à 17h30
- Mardi 2 décembre 2014 de 9h00 à 17h30
Maison de l'Unesco
125, avenue de Suffren - 75007 Paris
Métro : Ségur ou Cambronne