PRÉSENTATION - PROGRAMME - CONFÉRENCES EN DÉTAIL - ATELIER - CONGRÈS OFF - INFOS PRATIQUES  
 

Lundi 7 décembre 2009

Yves Stevens

Ouverture du congrès à 9h30
De la légitime méfiance à la construction d’une relation de confiance

La construction de la relation d’aide dans l’accompagnement des familles en grande difficulté.

Yves STEVENS est psychologue à Kaléidos, thérapeute familial, formateur à Parole d’Enfants.


Eric FIAT

à 10h00
La confiance : approche philosophique

Nous commencerons par situer la confiance entre le savoir et la crédulité. La confiance n’est pas le savoir : là où l’on sait, on n’a pas besoin de faire confiance. Il ne peut être question de confiance que là où il y a incertitude, déficit en matière de savoir. Avoir confiance, c’est espérer plus souvent qu’on ne doute. Et c’est en quoi la confiance est l’essence de la foi. « La foi est confiance et non preuve », disait Kant. Mais la confiance n'est cependant pas la crédulité, parce qu'elle ne saurait être aveugle, parce qu’elle ne va pas sans raisons. Pour accorder sa confiance, il faut tout de même avoir des raisons de le faire. Elle va cependant toujours au-delà des raisons qui la motivent. Avoir confiance, c’est accorder à l’autre un regard pour ce qu’il y a de meilleur en lui.
Nous prendrons l’exemple du lien entre le soigné et le soignant : il fut longtemps conçu comme celui d’une confiance et d’une conscience. Ce vieux paradigme ne nous paraît nullement désuet ! La confiance n’est pas la crédulité, et s’en remettre à quelqu’un de consciencieux ce n’est pas se soumettre à lui. S’en remettre à quelqu’un, c’est l’inviter à donner ; se soumettre à quelqu’un, c’est l’inviter à prendre. Mais il semble que l’homme contemporain ait de plus en plus tendance à voir dans la confiance quelque chose comme une mise en dépendance, ou même une aliénation.
Aussi a-t-il imposé que la relation du soigné et du soignant se déroule sous un autre paradigme : celui du contrat. A l’asymétrie qui liait l’aidé (devant faire confiance) à l’aidant (qui pouvait abuser de la dite confiance s’il manquait de conscience), on voulut substituer la symétrie liant deux sujets contractants. Mais ce nouveau paradigme n’est pas sans dangers, lui aussi, dangers que nous tenterons de dégager !
Nous tenterons alors un éloge de la confiance : elle est appel au dévouement de celui à qui elle est adressée, et ce dévouement à son tour inspire la confiance. Il s’agit là d’un cercle vertueux, et non point vicieux.
Nous opposerons enfin le confiant au méfiant, la largesse à la mesquinerie, la générosité à l’avarice, le pardon à la rancune, la grandeur d’âme à la petitesse.

Eric FIAT est philosophe, Université Paris-est-Marne-la-
Vallée.


Claude SERON et Christel PIRE

à 11h45
Que font les pères pendant que les mères vont en consultation ?

De la difficulté à créer l’alliance thérapeutique avec les pères

Suite à l’abandon de la « thérapie » par un père, l’intervenant peut se sentir frustré, découragé, incompétent ou triste. Le premier réflexe est de chercher des raisons dans l’insuffisance de motivations chez le client, le manque d’enjeux significatifs pour lui, les caractéristiques des hommes (liées à la manière dont ils sont socialisés) qui font d’eux des personnes peu enclines à reconnaître leurs problèmes, à être connectés avec leurs émotions et à les exprimer, à s’engager dans un processus d’aide qui nécessite un minimum de capacités d’introspection, etc. C’est seulement dans un deuxième temps que nous arrivons à questionner notre propre responsabilité de professionnels dans l’échec de la création d’un lien de confiance, de l’établissement d’un cadre sécurisant, dans l’amplification des mécanismes de défense.
Après avoir fait l’inventaire des problèmes à dépasser pour obtenir l’adhésion des pères à un processus de changement et les fidéliser, les deux orateurs mettront en évidence les ressources à mobiliser pour éviter les nombreux écueils rencontrés dans l’accompagnement des pères dans un cheminement visant à investir davantage leurs responsabilités parentales. Ils exposeront plusieurs vignettes cliniques illustrant les repères théoriques proposés.

Claude SERON est directeur de Parole d’Enfants, responsable pédagogique du Centre Liégeois d’Intervention Familiale et psychologue au Service Kaléidos. Christel PIRE est psychologue, intervenante psychosociale au Service Kaléidos de prise en charge des abus sexuels intrafamiliaux.


Claire HÉBER-SUFFRIN

à 11h45
Échanges réciproques de savoirs et transformation des relations

Comment les échanges réciproques de savoirs peuvent-ils transformer (pour tous, mais ici, pour des jeunes et enfants en souffrance) les relations à soi (en terme d’estime de soi, on peut parler pour certains de résilience), les relations à autrui (en instaurant des formes de parité, de confiance et de coopération originales), les relations aux Nous (dont font partie ces enfants et ces jeunes : la classe, l’école, le quartier ou la ville), en leur permettant d’expérimenter le droit d’apporter leur contribution positive au bien commun ?
Tout cela passe par un changement de relations aux savoirs et à l’acte d’apprendre que l’on apprend à considérer comme une belle aventure.
À travers l’histoire de ces réseaux d’échanges réciproques de savoirs, nés dans une école et à travers des exemples de leur fonctionnement, Claire Héber-Suffrin développera leurs dimensions autour des entrées suivantes : primauté de chaque personne, la question des savoirs, la réciprocité comme démarche, l’organisation en réseaux ouverts et pluriels, la construction coopérative du système avec les personnes concernées.

Claire HÉBER-SUFFRIN a quatre enfants. Elle a été institutrice, puis maître formateur (d’enseignants). Elle est docteur en Sciences de l’éducation. Elle a été formatrice dans le mouvement des réseaux d’échanges réciproques de savoirs et à l’université de Tours où elle a accompagné des étudiants en maîtrise. Elle a initié un réseau de recherche sur la réciprocité et les réseaux en éducation et en formation. Elle a publié de nombreux ouvrages sur cette démarche. Elle est, avec son mari, initiatrice des réseaux d’échanges réciproques de savoirs et co-fondatrice du Mouvement des réseaux d’échanges réciproques de savoirs et du Mouvement international pour la réciprocité active.


Françoise MOLÉNAT et Corinne CHANAL

à 14h15
Attendre un enfant : l’occasion de liens neufs

La grossesse et la naissance constituent une période unique dans la trajectoire de parents profondément atteints dans leur image de soi, et qui ont perdu confiance en eux-mêmes et dans l’environnement humain. Le suivi médical de la grossesse offre une opportunité unique d’être accueillis et accompagnés « comme les autres », dans le registre positif de la mise au monde d’un enfant.
L’expérience d’un minutieux travail « en réseau », amorcé par l’équipe obstétricale, de la grossesse à la petite enfance, offre l’occasion d’une nouvelle expérience de relation fondée sur la fiabilité d’un premier lien, et ainsi de désamorcer progressivement les peurs multiples d’abandon et de dévalorisation. Centrée initialement sur les soins corporels, afin d’optimiser les conditions de naissance du bébé, la confiance établie peut se transférer vers tous ceux qui auront à soutenir les capacités parentales et à protéger l’enfant d’éventuelles défaillances. C’est une véritable « enveloppe humaine » qui peut désormais donner à des parents blessés la sensation d’une « nouvelle naissance pour eux-mêmes »,
en réorganisant les moments chaotiques du passé au travers d’éprouvés neufs qui mettent en jeu la sensorialité et les émotions. Un tel travail obéit à des règles : l’interdisciplinarité ne s’improvise pas.

Corinne CHANAL, sage-femme au CHU de Montpellier, coordonne une cellule « parentalité et addictions ». Elle élargit son action désormais à d’autres formes de vulnérabilité parentale extrême et diffuse son expérience au travers d’écrits et de formations.
Françoise MOLÉNAT, pédopsychiatre, est engagée depuis une trentaine d’années dans la clinique, la recherche et la formation autour de la naissance. Elle anime l’Association de Formation et de Recherche sur l’Enfant et son Environnement, et coordonne les ouvrages sur le thème.
Dernier ouvrage collectif : « Prévention précoce : petit traité pour construire des liens humains » aux éditions Erès..


Olivier AMIGUET

à 16h00
Le travail en réseau: une chape ou une chance ?

Le travail en réseau est un mode d'intervention extrêmement chronophage où se jouent toutes les rivalités, les incompréhensions et les disqualifications possibles. Pourquoi donc est-il tant à la mode et à quel prix a-t-il des chances de devenir une aide? Comporte-t-il des dangers ? A quelles conditions est-il souhaitable d'y associer tous les professionnels concernés par une même situation, la famille ou la personne au sujet duquel le réseau se réunit?
Penser «Réseau» nécessite de clarifier certaines notions-clés inévitables comme celles de hiérarchie, coordination, pose du cadre, positionnement, secret. Une chance... ou une chape!

Olivier AMIGUET a reçu une formation de théologien puis de travailleur social, en intervention communautaire puis en approche systémique. Il a travaillé pendant de nombreuses années avec des adultes en difficulté (animation de quartier, tutelle, suivi en milieu ouvert, point rencontre, familles d'accueil, familles adoptives...). Il a une pratique de formateur auprès d'assistants sociaux et d'éducateurs spécialisés dans une haute école de travail social. Il est formateur et superviseur en approche systémique et organisateur des Journées francophones sur «travail social et systémique». Responsable de l'unité de formation continue de la Haute École de Travail Social de Lausanne. Il est co-auteur, avec Claude-Roger JULIER, de L'intervention systémique dans le travail social. Repères épistémologiques, éthiques et méthodologiques (Genève, Éditions I.E.S., 1996) et Enjeux contradictoires dans le travail social. Perspectives systémiques (Toulouse, Éditions Érès, 2004).


André GRÉGOIRE

à 16h00
De « gagner la confiance » à « faire confiance »

La notion de confiance est au cœur de toute démarche thérapeutique et de tous les modèles d’intervention. Généralement, on l’envisage sous l’angle de « créer un climat de confiance » pour la personne qui nous consulte, c’est-à-dire que nous mettons en place des mesures qui feront que la personne s’ouvrira peu à peu à nous, nous fera confiance et changera à notre contact. N’avons-nous pas maintes expressions pour nommer cette manière de faire, telles « gagner la confiance », « obtenir la confiance »? Mais d’autres directions de confiance peuvent être envisagées comme, par exemple, celle où l’intervenant prend l’initiative et la responsabilité de « faire confiance » à la personne. Ces distinctions suscitent alors d’autres réflexions importantes :
quelle sorte de confiance voulons-nous favoriser dans notre relation avec la personne que nous aidons? Par ailleurs, question toute aussi importante, que voulons-nous faire de cette confiance suscitée?
S’inspirant particulièrement de l’approche narrative – et d’une façon plus large de la perspective post-moderne qui conçoit la réalité comme une co-construction produite à travers les conversations et les échanges entre les personnes –André Grégoire esquissera diverses modalités qui permettent à l’intervenant en relation d’aide de « porter la confiance vers » la personne qui consulte. Certaines modalités d’intervention qui favorisent une « confiance-respect » pendant les entretiens thérapeutiques seront présentées. D’autres pratiques qui permettent d’enclencher une « confiance-fascination » de la personne à l’égard de sa propre vie seront également introduites au cours de cette présentation.

André GREGOIRE est psychologue, psychothérapeute et formateur au Centre de psychothérapie stratégique (Montréal, Québec). Il s’intéresse aux approches dites post-modernes depuis une vingtaine d’années, notamment l’approche narrative et l’approche de la thérapie brève orientée vers les solutions. Cela l’a conduit à se pencher sur les situations où la personne référée consulte sous contrainte et il cherche des manières d’ouvrir respectueusement la voie vers une « autre histoire de vie » avec cette personne. Il s’intéresse égalementaux aspects d’influence et à l’éthique des interventions thérapeutiques afin que la personne qui consulte devienne le « premier auteur » de son histoire.


Table ronde animée par Pierre VAN HOYE,
Président de Kaléidos, service de prise en charge des abus sexuels intrafamiliaux à Liège, formateur et superviseur.

La confiance sous contrainte : est-ce possible ?

« L’analyse de la demande » constitue souvent un point d’ancrage dans le travail psychosocial. Pourtant, dans un grand nombre de situations, cette question peut mener à une impasse. Qu’est-ce qui se cache derrière une absence de demande ? Lorsque c’est sous contrainte que les personnes acceptent d’aller consulter, cela aboutit-il nécessairement à un échec ? Quelles sont les forces à mobiliser, et les conditions de la réussite ?

Avec Olivier AMIGUET, André GRÉGOIRE, Françoise MOLÉNAT, Claude SERON


 

 

   

Mardi 8 décembre 2009

Patrick LEMOINE

à 9h00
Mensonge, abus et autres relations de confiance


La relation d'aide repose souvent sur une série de mensonges, de faux-semblants, d'abus de confiance. La question se pose dès lors : quelle sorte de gens sommes-nous donc à tant vouloir aider notre prochain à travers une relation oblative drapée dans notre fameux professionnalisme ? La dame de charité, le curé et le boy scout se sont transformés en médecins, travailleurs sociaux, psys, éducateurs, infirmiers, bénévoles, aidants, grâce à des actions de formation, d’accréditation, de contrôles en forme d’alibis. Mais au fond, qu’y a-t-il de changé depuis que la Comtesse de Ségur visitait ses pauvres dans une relation d’amour sans cesse affirmée ? Quels sont ces pieux mensonges que nous, les aidants, nous faisons à nous-mêmes et que nos aidés utilisent si souvent à leur tour, chacun abusant l’autre dans une illusion partagée ? Comment débusquer, reconnaître et assumer le défaut fondamental inhérent à toute relation d’aide, histoire de parvenir enfin à une authentique relation de confiance ?

Patrick LEMOINE est psychiatre et écrivain. Entre autres, auteur de Le mystère du placebo (Paris, Éditions Odile JACOB, 1996), L’enfer de la médecine est pavé de bonnes intentions. (Paris, Éditions Robert Laffont, 2005), La détox, c’est la santé ! (Paris, Éditions Robert Laffont, 2008), etc.


Suzanne LAMARRE

à 10h00
La nécessité d’intervenir dans des contextes sains pour mettre fin à la disqualification et à l’impuissance dans la relation d’aide : des habiletés plus faciles à développer qu’on ne le croit

On verrait mal un chirurgien opérer avant de mettre en place son champ opératoire. Tous reconnaissent en effet qu’un

patient peut mourir d’infection même s’il a été bien opéré. En santé mentale, nous en sommes encore à intervenir sans nous préoccuper de la nature des contextes dans lesquels nous traitons. Force nous est de constater que les actes faits selon les règles de l’art ne produisent pas les effets escomptés et même trop souvent ont des effets délétères pour ceux que l’on tente d’aider.
Il est donc temps que le soignant en santé mentale se préoccupe de la nature des contextes dans lesquels il intervient pour tenter d’aider sans nuire. Pour ce faire, il doit développer à la fois sa capacité à distinguer les rapports de collaboration des rapports de contrôle et son habileté à transformer les rapports de contrôle en des rapports de collaboration.

Suzanne Lamarre est médecin psychiatre spécialisée en intervention de crise dans les urgences psychiatriques. Elle est très active dans les associations d’Urgences psychiatriques et fut présidente de 2000 à 2004 de l’International Association for Emergency Psychiatry. Elle est actuellement chef du département de psychiatrie du Centre hospitalier de St. Mary, centre affilié à l’Université McGill. Elle est l’auteure de plusieurs articles sur les contextes de la collaboration ainsi que d’un livre produit en 1998, Aider sans nuire : de la victimisation à la coopération qui est maintenant en réédition.


Jean-Marie LEMAIRE

à 11h30
La confiance à l'épreuve du travail thérapeutique de réseau :
apports de la Clinique
de Concertation

Les usagers en détresses multiples sont des activateurs très puissants de réseaux complexes d’interventions. Ils articulent des compétences à première vue aussi différentes que ceux de l’aide, du soin, de l’éducation et du contrôle. Ils convoquent à des pratiques de relais des professionnels, des institutions, plus ou moins prêts à investir ces espaces comme espaces thérapeutiques, ne reconnaissant parfois même qu’aux seuls espaces de consultation confidentiels, une dimension thérapeutique. Des malentendus peu fonctionnels peuvent alors se nouer entre ceux qui réclament un espace de concertation ouvert et ceux qui proposent, de bonne foi, des espaces de consultation étanches.
La « Clinique de la Concertation » propose un espace habitable où mettre en culture les pratiques de relais démultipliées par les détresses multiples. Il est balisé par des préoccupations éthiques qui se construisent dans le risque partagé au cours de la rencontre :
- de professionnels de l’aide, du soin, de l’éducation et du contrôle, directement, ou indirectement concernés, appartenant à un territoire de référence (le plus souvent la Commune, la Municipalité),
- des usagers en détresses multiples.
Dans ce laboratoire, les professionnels étudient et capitalisent les pratiques de relais auxquelles ils sont convoqués par les usagers, par les familles en détresses multiples.

Jean-Marie LEMAIRE, neuropsychiatre, thérapeute de couple et de famille, directeur du Service de Santé Mentale du Centre Public d'Action sociale de Flémalle, du Centre de Réadaptation Fonctionnelle du Club André Baillon et de l'Institut Liégeois de Thérapie Familiale, clinicien de concertation, formateur en Approche Contextuelle, membre de l'European Family Therapy Association et membre du Comité Scientifique de la Revue de Victimologie de l'Université de Bologne.


Muriel MEYNCKENS-FOUREZ

à 11h30
Au-delà des pièges qui paralysent les équipes, comment construire un espace de confiance ?

Le travail en co-intervention, à deux ou à plusieurs, ne s’improvise pas. La santé d’une équipe ne réside pas dans l’absence de crises mais dans sa capacité de les vivre, d’identifier ses maladies et de voir comment les dépasser. Les tensions font partie de la vie institutionnelle, comme le conflit intérieur est inhérent à la condition humaine.
Quel espace de parole pour s’interpeller entre professionnels, pour amener les questions et les impasses dans lesquelles chacun peut se sentir coincé, comment continuer à collaborer au-delà des conflits ? Autant de questions qui nécessitent en toile de fond la confiance, toujours à remettre sur le métier pour créer un espace de négociation et permettre une élaboration commune au service de la clinique. Le concept de « différenciation du soi », élaboré par
M. Bowen, sert notamment de fil conducteur pour tenter de déjouer les pièges et favoriser un contexte dans lequel la parole de chacun se dégage des enjeux relationnels.

Muriel MEYNCKENS-FOUREZ est pédopsychiatre et psychothérapeute familiale. Elle est directrice médicale d’un hôpital pédopsychiatrique et exerce une pratique privée. Elle est responsable du CEFORES (Centre de formation et de recherche en approche systémique et thérapie familiale) et du groupe « Institutions » à Chapelle-aux-Champs (Bruxelles). Elle est membre du comité de rédaction de la revue Thérapie Familiale de Genève. Elle est co-auteur de plusieurs ouvrages, notamment, aux Editions Erès (Toulouse) :
avec Edith TILMANS-OSTYN, Les ressources de la fratrie (1999), avec M.-C. HENRIQUET-DUHAMEL, Dans le dédale des thérapies familiales. Un manuel systémique (2005) et avec Christine VANDER BORGHT, Qu’est-ce qui fait autorité aujourd’hui dans les institutions médico-sociales ?
Autorités, pouvoirs, décisions, responsabilités (2007).


Hélène ROMANO

à 14h15
Être un adulte transitionnel ou comment permettre à l'enfant victime de se dégager de l'impact du trauma

L’enfant victime de maltraitance est atteint au plus profond de ce qui constitue son identité d'être humain, à savoir la relation à l'autre. Abusé, violenté, humilié, dénigré le plus souvent par un adulte faisant autorité et censé le protéger, l'enfant maltraité est, au-delà de toutes les blessures psychiques et physiques, atteint dans son lien à l'autre. Désormais comment va-t-il pouvoir reprendre confiance en soi et en d'autres, comment se faire suffisamment confiance pour résister à l'horreur, pour parvenir à restaurer une continuité d'être et une représentation de soi suffisamment positive ?
Intervenir auprès d'enfants maltraités ne se décrète pas.
Lorsqu'un professionnel intervient auprès d'un enfant victime de violences intentionnelles, il peut être submergé par ses émotions, aveuglé par ses certitudes, envahi par ses interprétations et avoir à l'égard de cet enfant des propos, des attitudes qui risquent de renforcer sa souffrance, son sentiment d'abandon, de désappartenance et sa culpabilité.
De son côté l'enfant ne parlera qu'en fonction de ce qu'il pense que cet adulte est capable d'entendre.
Le lien de confiance entre l'enfant victime et l'adulte intervenant auprès de lui est donc un lien fragile susceptible de rompre à tout moment, mais c'est un lien indispensable à construire, à co-construire avec l'enfant car c'est le lien qui le rappelle à la vie, qui lui rappelle qu'il est un sujet humain digne d'attention, de respect et de bientraitance. L'adulte est alors ce que nous appelons un « adulte transitionnel », celui par qui « ça peut parler », celui capable de contenir la détresse de l'enfant, celui par qui l'enfant parviendra à élaborer l'intelligible.
L’oratrice se propose, à la lumière de son expérience auprès d'enfants victimes, du bébé à l'adolescent, de partager et transmettre ce qui peut, dans une prise en charge auprès d'enfants victimes, être facteurs de bientraitance ou ce qui risque de survictimiser l'enfant.

Hélène ROMANO, psychologue clinicienne, docteur en psychologie clinique, psychothérapeute spécialisée dans la prise en charge des enfants et des adultes impliqués dans des événements traumatiques. Auteur de La prise en charge des élèves victimes d’abus sexuels : école, collège, lycée (Paris, Éditions Hachette, 2004).


Jean-Paul MUGNIER

à 15h00
Qui suis-je pour toi ? De l’étranger au familier dans la relation d’aide

L’humanité toute entière réside en chacun de nous ! Mais comment se reconnaître, ou reconnaître une partie de soi dans l’autre qui m’est étranger soit en raison de la nature des actes posés, ou au contraire subis par lui, soit en raison d’une histoire par trop différente dans laquelle s’enracine sa souffrance ?
Si le thérapeute est un passeur reliant chacun des ses patients à l’humanité toute entière, comment peut-il les aider à retrouver leur place au sein de celle-ci quand eux-mêmes doutent d’appartenir encore à la communauté ?
Ces interrogations seront au départ de notre réflexion où les concepts de tact et de bienveillance occupent une place déterminante.

Jean-Paul MUGNIER est éducateur spécialisé, thérapeute familial, directeur de l’Institut d’études Systémiques, auteur de différents ouvrages dont Les stratégies de l’indifférence (Paris, Éditions Fabert, 2002), La promesse des enfants meurtris (Paris, Éditions Fabert, 2005), Le silence des enfants (Paris, Éditions L’Harmattan, 1999).


Table ronde animée par Pierre VAN HOYE

Le concept de « compétences »
des personnes en difficulté :
démagogie, éthique professionnelle ou levier de travail ?

Le concept de « compétence » a ses adeptes et ses détracteurs. Pour certains, il s’agit d’un paradigme salvateur qui rompt avec une tradition de pronostic pessimiste et sclérosé : considérer les personnes comme compétentes va enfin leur permettre d’avancer. Pour d’autres, cette idée est une sirène séductrice qui cache les difficultés réelles des personnes qui ne seraient pas dans cette situation si elles ne souffraient pas de manques. Comment dépasser le débat idéologique opposant les « pour » et les « contre » pour tirer le meilleur de ce mouvement ?

Avec Suzanne LAMARRE, Jean-Marie LEMAIRE,
Muriel MEYNCKENS-FOUREZ , Jean-Paul MUGNIER,
Hélène ROMANO


 

 
  © Parole d'Enfants 2009 - Réalisation : SCALP