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Horreurs, malheurs !
Comment accompagner sans s'épuiser ?

Colloque annuel - Liège, Palais des Congrès, 5 et 6 juin 2014

Jeudi 5 juin 2014

8h30 Accueil
9h15
Ouverture du colloque

9h30

Vincent de GAULEJAC
Le soignant face à la souffrance au travail


Le soignant face à la souffrance au travail

Le soignant est confronté au mal être au travail sur plusieurs registres : comme thérapeute qui reçoit des personnes dont la santé est mise en péril par le travail ; comme professionnel travaillant dans des institutions qui le mettent lui-même en souffrance ; comme citoyen et sujet réflexif qui constate que les entreprises et les institutions sont de plus en plus pathogènes.
Le mal être au travail est un phénomène social total. Quelles en sont les causes? Que faire face à la souffrance et à la violence qu’il génère?

Vincent de GAULEJAC est sociologue, professeur de sociologie à l’UFR de Sciences Sociales de l’Université Paris - Diderot. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages et anime la collection sociologie clinique chez ÉRÈS. Il dirige le Laboratoire de Changement Social depuis 1981. Membre fondateur de l’Institut international de sociologie clinique, il est l’un des principaux initiateurs de cette orientation scientifique qui s’intéresse à la dimension existentielle des rapports sociaux. Il a développé des groupes d’implication et de recherche dans une quinzaine de pays en Europe, en Amérique du nord et en Amérique du sud. Ses recherches l’ont conduit à explorer la névrose de classe, les sources de la honte, la lutte des places, le coût de l’excellence, la société malade de la gestion ainsi que les causes du mal être au travail.

11h00 Pause-café
11h30

Stefano CIRILLO
Quelques avis aux intervenants jeunes et moins jeunes
pour survivre à ce métier qu’ils ont choisi ...


Quelques avis aux intervenants jeunes et moins jeunes pour survivre à ce métier qu’ils ont choisi ...

Stefano CIRILLO réfléchira avec les participants sur sa longue trajectoire de thérapeute, profitant de son expérience de formateur pour proposer aux personnes qui débutent dans la profession quelques moyens pour s’y situer confortablement. Et aux personnes qui ressentent la fatigue des longues années de dévouement, quelques expédients qui lui ont été utiles pour prolonger la satisfaction d’un travail qui paraissait si passionnant...

Membre pendant vingt ans du Nouveau Centre pour l’Étude de la Famille dirigé par Mara Selvini Palazzoli à Milan, Stefano CIRILLO est actuellement un des co-directeurs de l’école de thérapie familiale qui porte dorénavant le nom de cette thérapeute reconnue internationalement. Il a été également membre fondateur du Centre pour l’Enfant Maltraité de Milan où il assure aujourd’hui les supervisions des prises en charge familiales. Il est l’auteur, aux éditions Fabert, de « La famille maltraitante » et « Mauvais parents - Comment leur venir en aide ».

12h45 Pause de midi (libre)
14h15

Olivier AMIGUET
Entre résignation, cynisme ou militantisme,
y a t-il une autre voie ?


Entre résignation, cynisme ou militantisme, y a t-il une autre voie ?

La difficulté de certaines situations et leur poids excessif peuvent nous pousser à adopter des attitudes qui permettent notre survie, mais éventuellement au prix d’une mise à l’écart des usagers eux-mêmes. Entre assurer sa propre survie et remplir sa mission, comment trancher ? C’est à une réflexion systémique et éthique que nous vous invitons pour donner, autant à l’intervenant qu’aux personnes avec lesquelles il travaille, une place qui respecte leur humanité.

Olivier AMIGUET a reçu une formation de théologien puis de travailleur social, en intervention communautaire puis en approche systémique. Il a travaillé pendant de nombreuses années avec des adultes en difficulté (animation de quartier, tutelle, suivi en milieu ouvert, point rencontre, familles d’accueil, familles adoptives...). Il a une pratique de formateur auprès d’assistants sociaux et d’éducateurs spécialisés dans une haute école de travail social. Il est formateur et superviseur en approche systémique et organisateur des Journées francophones sur «travail social et systémique». Responsable de l’unité de formation continue de la Haute École de Travail Social de Lausanne. Il est co-auteur, avec Claude-Roger JULIER, de L’intervention systémique dans le travail social. Repères épistémologiques, éthiques et méthodologiques (Genève, Éditions I.E.S., 1996) et Enjeux contradictoires dans le travail social. Perspectives systémiques (Toulouse, Éditions Érès, 2004).

15h30 Pause
15h45

Claudia UCROS
S’accueillir soi pour mieux accueillir l’autre


Notre corps est « habité » de tout un vécu en lien avec notre manière d’être, de nous voir, de nous vivre, et il est également influencé par les histoires et les personnes que nous rencontrons. Cette capacité à ressentir l’autre à partir de notre corps est fondamentale dans le développement de l’empathie et de la relation d’aide. Seulement ce processus peut nous envahir à notre insu et nous empêcher ainsi d’avoir le recul suffisant pour apprécier adéquatement la situation et nous prendre en compte de manière juste. La présence à nous-même et à l’autre passe par une écoute de nos états internes et un apprentissage de leur régulation.

Claudia Ucros expliquera comment fonctionne l’empathie à un niveau neurovégétatif et somatique et comment nous pouvons y être attentif et la réguler pour améliorer notre bien-être et l’accueil de l’autre.

Claudia UCROS est psychologue, psychothérapeute et superviseure en analyse bioénergétique et psycho-traumatologue. Elle enseigne l’approche psycho-corporelle en France au Centre de formation Interdisciplinaire en Psychothérapie Pluriréférentielle et Relationnelle (CIFPR). Elle est également présidente de la Fédération belge des Psychothérapeutes Humanistes et participe à l’organisation de la formation en Analyse Bioénergétique en Belgique au sein de Somabpsy.

17h15 Fin

Vendredi 6 juin 2014

9h00

Michel DELBROUCK
Comment traiter le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel?


Pour appréhender le syndrome d’épuisement professionnel, il importe d’adopter un point de vue médico-psycho-social, ce qui nécessite, de la part du professionnel, de la tolérance et de la souplesse.
En effet, contrairement à une personne qui entame une psychanalyse ou une psychothérapie, une personne en burn-out ne souhaite pas effectuer une démarche consciente et volontaire de réflexion par rapport à elle-même, d’où la nécessité d’une posture thérapeutique spécifique. Les dernières recherches menées sur l’accompagnement du burn-out nous montrent l’importance de la prévention car une fois le burn-out installé, l’accompagnement peut s’avérer long, difficile et décourageant. Il conduit souvent au niveau personnel à une remise en question profonde.

Il importe d’agir d’une part avec ordre et méthode pour poser un diagnostic ou des diagnostics précis, et d’autre part de laisser notre cœur et notre esprit grands ouverts pour accueillir tout ce qui se trouve au-delà des mots, des émotions, des plaintes physiques et des situations de travail. Quel sens cela a–t-il ou pourrait-il avoir pour la personne qui consulte ? Au cours de son exposé, Michel Delbrouck présentera les trois types de prévention (tertiaire, secondaire et primaire) du burn-out ainsi qu’une démarche détaillée de prise en charge de ce syndrome touchant particulièrement les soignants.

Michel DELBROUCK est médecin, psychothérapeute à orientation psychanalytique, Gestalt-thérapeute, formateur et enseignant de la psychopathologie, superviseur, past-président de la Société Balint Belge et de la Société Belge de Gestalt, membre associé de l’Institut International de Psychanalyse et de Psychothérapie Charles Beaudouin (Genève), membre de la Commission d’éthique de l’Association Belge de Psychothérapie. Il est l’auteur, entre autres, de deux ouvrages sur le burn-out : «Le burn-out du soignant, le syndrome d’épuisement professionnel» (De Boeck, 2003) et «Comment traiter le burn-out» (De Boeck, 2011).

11h00

Muriel MEYNCKENS-FOUREZ
Travailler en équipe au sein d’une institution :
pour le meilleur et pour le pire


« Le réel du travail, c’est ce qui nous résiste » (Christophe Dejours). Qu’il s’agisse du secteur ambulatoire ou résidentiel, les situations cliniques, les résonances, les répétitions qui mettent en œuvre des isomorphismes, l’évolution personnelle de chaque professionnel, les tensions en équipe et les clivages qu’elles peuvent susciter, le contexte institutionnel ou sociétal viennent questionner voire secouer chaque membre d’une équipe.
A la différence du travail de co-thérapie où il est évident qu’il faut mettre en mots ses résonances, dans le travail en équipe, c’est moins spontané et souvent plus douloureux, d’autant plus que le collègue voit clairement ce qui nous échappe et que notre attitude est « au vu et au su de tous ». Ainsi, ce qui se rejoue dans la relation entre un « usager » et un « soignant » ou entre professionnels met parfois ces derniers en difficultés. Est-il possible de créer un espace de parole pour traiter ces questions en équipe? Est-il possible de dépasser les clivages ? La mise en lumière des taches aveugles est-elle utopie ou réalité ? Comment chaque membre peut-il questionner ce qui se passe dans l’ici et maintenant d’une réunion d’équipe et au besoin le mettre en lien avec la clinique, avec l’histoire institutionnelle ou avec ses questions personnelles ? Co-construire un dispositif institutionnel soutenant et validé par l’ensemble reste un défi à relever chaque jour.

Muriel Meynckens-Fourez est pédopsychiatre systémicienne. Après 30 ans de pratique dans un hôpital pédospychiatrique, Feux Follets, elle est actuellement directrice thérapeutique du département « enfants-ado-familles » au Service de Santé Mentale de Louvain-la-Neuve. Au Centre Chapelle-aux-Champs, elle est responsable du CEFORES (centre de formation et de recherche en systémique et thérapie familiale) et du groupe « Institutions » (supervisions d’équipes).
Elle est co-auteur de plusieurs ouvrages : « Les ressources de la fratrie » (Erès-Relations), « Dans le dédale des thérapies familiales - Un manuel systémique » (Erès-Relations), « Qu’est-ce qui fait autorité dans les institutions médico-sociales ? » (Erès-Empan), « Eduquer et soigner en équipe – Manuel de pratiques institutionnelles » (De Boeck-Carrefour des psychothérapies).

14h00

Jean-Michel LONGNEAUX
Prendre soin et être heureux : mission impossible ?


A voir comment s’organise le monde de la santé aujourd’hui, il semble bien que le bonheur des professionnels ne soit pas une priorité. Cela est dû en partie au mode d’organisation du travail, à la façon dominante de penser le soin, qui dépersonnalise de plus en plus et le professionnel et le patient. Nous voudrions faire apparaître ces ressorts et proposer des pistes de solutions pour organiser une résistance positive.

Jean-Michel LONGNEAUX est philosophe, professeur aux Facultés universitaires Notre Dame de la Paix à Namur, conseiller en éthique dans le domaine de la santé et de l’éducation.

Clôture du colloque
15h45 : FILM

«Comment accompagner sans s’épuiser ?»
Une boîte à outils « anti- burn out » pour les professionnels de l’aide et du soin


Pour clôturer notre colloque, nous avons l’ambition de présenter aux participants un film dans lequel nous ferons connaissance avec différents professionnels, différentes équipes, qui acceptent de partager une mosaïque de pratiques, d’expériences, de sagesses, de petits moyens ou de grands principes, qui aident à prendre soin de soi, à se ressourcer, à prendre du recul, à accueillir les émotions, à se sentir concerné sans se sentir envahi, à être solidaire ... et ce, pour être, rester ou redevenir capable d’accompagner la souffrance sans s’y perdre, avec humanité.

17h00 Fin