PRÉSENTATION - PROGRAMME - CONFÉRENCES EN DÉTAIL - INFOS PRATIQUES - INSCRIPTION  
 

JEUDI 22 MAI 2008

Claude SERON

Préoccupations anxieuses à propos de l’image du corps chez les adolescents très carencés

A l’adolescence se réactualisent des angoisses existentielles qui, pour la plupart, trouvent leurs origines dans l’histoire du jeune. Si le sentiment d’être mal foutu semble être la règle pour la majorité des jeunes, c’est d’autant plus exacerbé pour ceux qui ont un parcours chaotique fait d’abandons, d’insécurité et qui doutent de la possibilité d’être aimés, d’être aimables.
Dans le rapport au monde, le corps jadis peu investi et aujourd’hui mal habité, lourdement ressenti, objet de tous les regards, ce corps reste le premier support de la relation aux autres. C’est lui qui s’exprime et qui passe à l’acte quand la tension ne peut être élaborée. C’est lui qui devient tout puissant (ou impuissant) quand il est décoré de tatouages effrayants, habillé de manière signifiante et éclate en mille morceaux. Ayant en mémoire les anciennes blessures, c’est aussi ce corps qui bloque, tombe en panne, s’exhibe ou est mis à l’épreuve ; autant de tentatives pour arriver à digérer l’impensable ?

Claude SERON, psycho-pédagogue, directeur de Parole d’Enfants et intervenant psycho-social au CLIF et au service Kaléidos, Liège. Auteur de nombreux ouvrages dont « Au secours, on veut m’aider !».


Thierry JANSSEN

Vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit

« On ne juge pas un arbre en fonction de ses graines mais par rapport aux fruits qu’il donne » ; jusqu’où peut-on se référer à cette métaphore pour donner de la crédibilité aux médecines alternatives et complémentaires ? Celles-ci suscitent de la curiosité et de l’intérêt mais également de la suspicion, quand ce n’est pas de l’indignation.
Réunir corps et esprit, pensée et matière, culture et biologie : un pari aux motivations obscures, un acte de foi sans aucune base scientifique ou une ouverture d’esprit salutaire pour développer de nouveaux espoirs thérapeutiques ?
En quoi la prise en compte des multiples dimensions présentes au sein de chaque personne crée-t-elle de nouvelles perspectives de prévention et de guérison ?
Quels types de soins apportés au corps peuvent contribuer à des intégrations émotionnelles propices à des rééquilibrages psychologiques et énergétiques ?
Actrice dans les processus de guérison ou responsable de ses souffrances, comment la personne peut-elle être accompagnée dans un processus de restauration de la confiance en soi et dans l’accès à ses ressources internes de manière à ce qu’elle devienne son meilleur thérapeute ?

Thierry JANSSEN est chirurgien urologue (jusqu’en 1998) et psychothérapeute spécialisé dans l’accompagnement des maladies physiques, auteur d’ouvrages sur l’étude des liens psycho-corporels dont « La solution intérieure »..


Ghislain DEVROEDE

Somatisation et histoire de vie : de la mémoire à la préhistoire

L’histoire psychosexuelle guide le clinicien jusqu’à la préhistoire du malade, où les mots étaient moins importants que les perceptions olfactives, tactiles, visuelles, auditives et même gustatives. A travers la relation transférentielle peut surgir un sujet qui s’ignorait quand il se plaignait seulement de maux de ventre, de constipation, de diarrhée ou d’obésité. Ces sujets s’opposent souvent avec véhémence à une prise en charge psychologique, ce qui pose un défi au médecin traitant, obligé de, soit rejeter le malade, soit changer et apprendre à naviguer en eaux troubles. Le « marquage » corporel des abus commence à peine à être reconnu, et beaucoup de travaux seront nécessaires à l’avenir à ce sujet. Le plus grand handicap dans ce domaine reste le malaise des soignants.

Ghislain DEVROEDE est professeur de chirurgie digestive à l’université de Sherbrooke au Québec et directeur scientifique de l’Institut Milton Erickson Québec, auteur de nombreux ouvrages dont « Ce que les maux de ventre disent de notre passé ».


Violaine DE CLERCK

Le corps aux sources de l’affectivité

Les expériences affectives sont des événements corporels. Les perturbations affectives aussi. Les traumas, abus et maltraitances subies par les enfants occasionnent de graves ruptures dans le continuum psychosomatique qui est au fondement de leur psychisme. La coupure tête/corps, agressivité/tendresse, cœur/sexe, le déni et la suppression des sentiments, l’inhibition des émotions, sont des mécanismes qui ont marqué leur psychologie et leur corps. Du travail corporel thérapeutique a été développé pour traiter ces perturbations depuis plus de 50 ans. Il est de plus en plus utilisé avec des enfants individuellement ou en groupe.

Violaine De Clerck est psychothérapeute et formatrice internationale en analyse bioénergétique, elle a une grande expérience en planning familial, en éducation sexuelle et affective, ainsi qu’en aide aux équipes éducatives dans la gestion de la sexualité (abusive ou non) des enfants et des adolescents.


Isabelle CALMANT

La prise de conscience par le mouvement, outil de clarification et de modification de l’image de soi

À partir d’un vécu de praticienne Feldenkrais, l’intervenante vous fera découvrir l’univers du mouvement. On cherchera à éclaircir comment une prise de conscience du corps par le mouvement permet de rendre concrète la relation existant entre les sensations physiques du mouvement et la représentation qu’une personne se fait de son corps.
La gestuelle et les mouvements d’une personne sont le reflet de l’usage et de la conscience qu’elle a de son corps au quotidien. La mise en évidence des distorsions entre l’intention et l’action rend « corporellement » concrètes les difficultés que la personne éprouve.
On expérimentera comment un mouvement simple réalisé dans une situation inhabituelle peut devenir un outil permettant de clarifier les perceptions physiques. On verra comment de petites variations autour d’un mouvement proposé pour modifier l’image corporelle peuvent construire de nouvelles relations sensorimotrices sur un terrain vierge de toute émotion.

Isabelle CALMANT est kinésithérapeute, Praticienne Feldenkrais depuis 1997.


Marc SHELLY

Aspects cliniques des effets à long terme de l’abus sexuel précoce et amorce de résilience

La sémiologie clinique multidimensionnelle des effets à long terme de l’abus sexuel précoce reste à compléter.
Elle paraît s’exprimer dans trois registres distincts : les troubles fonctionnels somatoformes, les troubles liés à la souffrance psychique et les comportements à risque (sexuels, addictifs, accidentalité, etc.)
Il paraît urgent de former les praticiens des diverses spécialités cliniques concernées - ainsi que les acteurs sociaux - au décryptage de ces signes d’appel multiples afin de faciliter la verbalisation de la souffrance psychique entraînée par ce psychotraumatisme majeur, libérer la parole et tenter d’amorcer un processus de résilience permettant aux victimes d’espérer mener une vie acceptable. Une récente étude épidémiologique réalisée par l’association Aremedia (en collaboration avec l’Inserm) met en évidence pour la première fois ce phénomène.

Marc SHELLY est médecin de santé publique, addictologue (hôpital Fernand Widal, Paris) et président de l’association AREMEDIA.


 

 

   

VENDREDI 23 MAI 2008

Samira BOURHABA

Grandir sans dire ? Les limites de la mise en mots dans l’accompagnement des victimes d’abus sexuels

Face aux situations d’abus sexuels, le dévoilement n’est pas tout. A partir de lui, l’enfant ou l’adulte victimisé est confronté à un nouveau risque, celui de dire ce qui avait été jusque là protégé par le silence. Souvent, les mots manquent. A travers des illustrations cliniques, Samira BOURHABA donne à voir les chemins de traverses empruntés par les intervenants de Kaléidos pour dépasser les limites de la mise en mots et suivre les enfants et les adultes dans d’autres modalités thérapeutiques qui permettent de dire autrement l’abus sexuel.

Samira BOURHABA, psychologue, directrice et intervenante psycho-sociale au service Kaléidos, service d’accompagnement de mineurs victimes d’abus sexuels et de leurs familles, Liège .


Véronique GODDING

«Le petit m’a encore fait une belle crise» :
comment gérer les dimensions psychologiques et sociales des maladies respiratoires de l’enfant


Les maladies respiratoires chroniques de l’enfant : l’asthme (un enfant sur 10), la mucoviscidose (un enfant sur 1.600), les infections respiratoires des enfants souffrant de polyhandicap (un enfant sur 500), ou de maladies neuro-musculaires (un enfant sur 3.000) pèsent lourd sur la qualité de vie de l’enfant et de sa famille. De leur (bonne) gestion durant l’enfance dépend la santé des adultes qu’ils deviendront, mais aussi la qualité de vie de leurs parents et de leurs fratries.
Les voies respiratoires de ces enfants sont hyper-réactives à leur environnement physique (allergènes, infections virales, tabagisme), mais aussi à leur niveau de stress, à leur vécu émotionnel, au type d’interactions familiales, à la dépression d’un parent et enfin, à leur environnement socio-économique (qualité du logement, coût du traitement, soucis et dépression parentale).
La prise en charge passe par l’élaboration d’un partenariat respectueux des particularités de l’enfant et de la famille, la définition commune de buts à atteindre, par un accompagnement et une disponibilité lors d’aggravations éventuelles. L’ouverture vers la dimension psychologique et sociale respecte le « ticket d’entrée » médical : c’est le médecin qui a besoin de l’aide du psy, de l’assistant social, au besoin par le biais d’une supervision spécialisée, pour étayer la prise en charge nécessaire. Ceci permettra d’initier le travail psychologique et social dans le contexte médical, et de le poursuivre plus avant lorsque l’enfant et la famille y sont préparés.

Véronique GODDING est pédiatre-pneumologue aux Cliniques UCL-Saint-Luc à Bruxelles.


Patrick LEMOINE

Le mystère du placebo

L’illusion en médecine porte le joli nom de placebo. Elle soigne, guérit même parfois, elle fait disparaître l’eczéma, dormir le nourrisson insomniaque, changer le taux de cholestérol, modifier le nombre de globules blancs. L’effet placebo, quant à lui, c’est ce petit plus thérapeutique, fondé sur la confiance réciproque patient-médecin. Alors, comment une intervention aussi subtile, aussi abstraite, permet-elle de modifier un phénomène aussi concret qu’une maladie organique et de voir son cours modifié ? Comment soigner mon corps malade grâce à ma tête bien portante ? C’est tout l’enjeu du mystère du placebo.

Patrick LEMOINE est psychiatre et écrivain. Spécialiste du sommeil, de la dépression et du sevrage des médicaments, il est l’auteur de nombreux ouvrages et essais dont « Le mystère du placebo » et « L’enfer de la médecine est pavé de bonnes intentions ».


Bernard DECONINCK

Seuls les tissus savent

L’enfant dès son plus jeune âge peut rencontrer des situations conflictuelles, traumatisantes de nature et d’intensité différentes (naissance, chute, maltraitance, handicap,…). La somation de ces expériences durant la vie (in utero, naissance, enfance) peut amener une réelle altération de la qualité tissulaire (os, muscle, articulation, fascia…). Ces tissus perdent leur « tolérance au stress », leur qualité d’amortisseur de choc (physique et psychique). L’ostéopathie a un abord diagnostic car le corps de l’enfant permet une lecture des traumatismes vécus. L’abord thérapeutique est aussi préventif car il vise à restaurer, avec l’aide de l’enfant, une qualité tissulaire optimale. Cette dernière permet d’utiliser au mieux nos capacités d’adaptation ou de défense face aux événements de la vie.

Bernard DECONINCK, ostéopathe D.O., coordinateur du dispensaire d’ostéopathie pour enfants, Bruxelles.


Vinciane DESPRET

Ce que peuvent les corps

«Nous ne pouvons savoir ce que peut le corps». L’affirmation du philosophe Spinoza a gardé une bonne part de sa pertinence. Il est vrai que nous avons peut-être manqué, jusqu’à présent, d’une certaine disponibilité à explorer le corps autour de la question de ses possibles et que nos conceptions très dualistes ont dû rendre certaines interrogations plus difficiles. Ne sommes-nous pas une des rares traditions à avoir créé une « psychosomatique » pour tenter de combler ce gouffre entre le corps et l’esprit ? Ne sommes-nous pas ceux qui distribuent les psychés du côté de la culture et les corps du côté de la nature ?  
L’anthropologie aurait pu nous convaincre de la singularité ou de l’exotisme de ce dualisme; il nous eut cependant fallu prendre au sérieux les conceptions du corps que d’autres traditions ont cultivées. Or quand les Algériens disent que l’amour des enfants fait trembler le foie, ou quand les Chewongs de Malaisie traduisent « je me sens bien »  par « mon foie est bon » ou j’ai honte par « mon foie est tout rétréci », notre tradition savante présente une singulière tendance à interpréter ces expériences corporelles comme des expressions symboliques dans lesquelles le corps finalement n’est pas réellement impliqué.
Cependant, d’autres types de savoir déclinent aujourd’hui des versions du corps différentes, de plus en plus riches, de mieux en mieux articulées à la culture et aux relations : des corps intelligents, des corps produits de culture, des corps qui se soignent, des corps qui s’agencent à d’autres corps ; des corps en somme qui rendent le rapport du corps à la conscience beaucoup plus indéterminé et intéressant.

Vinciane DESPRET est chef de travaux au département de philosophie de l’Université de Liège. Elle a publié notamment « Ces émotions qui nous fabriquent » et « Clinique de la reconstruction » .


 

 
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