Conférence en détail |
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JEUDI 24 Novembre9h30 Ouverture 10h00
Eric FIAT
Des contes de fées aux tristes nouvelles, et retour : ces histoires qui nous font et défont C'est généralement dans les contes de fées que les enfants apprennent la vie. Et ceci, pour le meilleur comme pour le pire. Pour le meilleur, parce que l'enfant y trouvera de quoi forger son imaginaire, et prendra conscience de la grâce et de la magie de l'existence. Mais aussi pour le pire, parce que les contes sont très coutumièrement fondés sur un manichéisme de principe, peu propice à faire comprendre l'essentielle grisaille, ambiguïté de l'existence. Oui, manichéisme des contes, qui opposent des figures purement bonnes à des figures purement mauvaises : du côté de Cendrillon, toutes les vertus et aucun vice (beauté, bonté, courage, altruisme, modestie) ; chez Javotte, tous les vices et aucune vertu (laideur, méchanceté, paresse, égoïsme, orgueil). Mais les hommes ne sont ni blancs, ni noirs ; ils sont gris, d'un gris plus ou moins clair et plus ou moins foncé. Or c'est le genre des nouvelles qui appréhende cette grisaille, et permet de sortir du manichéisme. 11h00 Pause-cafe 11h30 Conférences au choix
Jean-Paul MUGNIER
"Une vie, c'est l'histoire d'une vie" Les mots sont des symboles et les symboles
des mots de passe dans lesquels
nous nous reconnaissons tous et sur la
base desquels chacun de nous sait que
nous savons ensemble, signe d'une appartenance
commune. Qu'ils aient la forme
d'une simple narration ou d'une oeuvre
d'art empruntant le chemin de la peinture,
de la poésie ou encore de la musique,
les récits sont des assemblages de mots,
de notes ou de touches de couleurs qui
prennent à témoin celui ou ceux à qui ils
sont destinés. Mais à la différence d'une
symphonie ou d'un tableau, conçus dans
la solitude qu'impose souvent la création
artistique, les récits dont nous parlons
sont tous le résultat d'une cocréation
entre l'intervenant et la famille ou certains
de ses membres. C'est de cette cocréation
dont il sera question, cocréation
dont
l'objectif est de permettre aux patients
comme au thérapeute de « bien pouvoir se
raconter ». Nayla CHIDIAC Écrire le silence : les ateliers d'écriture thérapeutique
Écrire, afin d'écrire une histoire, s'écrire
en écrivant son histoire, c'est en quelque
sorte s'inscrire dans une verticalité personnelle
et historique. Comme Gilgamesh,
à l'origine du premier écrit qui transcende
la mort, certains ont utilisé l'écriture pour
échapper à leur destin tragique. Écrire aussi
afin de dépasser l'horreur : Varlam Chalamov, dans les Récits de la Kolyma, s'attelle
à la tâche de rendre dicible l'indicible,
sensible l'insensible, animé le statique.
Ainsi, l'écriture maintient et transcende
mais aussi permet, par la distance requise,
de penser. 12h30 Pause-déjeuner 14h00
Mireille CIFALI
Au moment opportun, entre oubli et mémoire En tant qu'historienne, mais aussi clinicienne
dans une formation d'enseignants
et de formateurs, la question du raconter
et de l'écrire a été au centre de ma
pratique universitaire. L'utilisation d'un
« journal de cours », de « récits expérience
» avec l'interrogation de la coupure
actuelle entre littérature et science, m'ont
donné à penser, en devenant une norme,
comment « raconter » et « écrire sur soi »
peuvent certes construire une identité narrative
mais aussi faire souffrir ceux qui n'y
peuvent pas souscrire. L'oubli, le silence, le
temps reporté, le moment opportun, sont
tout aussi essentiels à prendre en compte.
Celui qui accompagne un autre en passage
de difficulté ne peut que suggérer mais
jamais imposer, et ses propositions dépendent
d'une intelligence de la relation. 15h00
Bernard FOUREZ
Cette Hypermodernité qui nous façonne
Nous n'avons pas de difficultés à imaginer
le façonnement psychique et social dans et
par les cultures autres que les nôtres.
Mais l'Occident du 21e siècle a aussi ses
symboliques, et les cognitions, les discours,
les histoires qu'il construit nous
sont adressées de façon répétitive par
nos patients dans nos consultations. Les commandes sociales d'autonomie, d'individualisme,
d'égalité, d'instantanéité,
d'expression et des Droits de l'Homme,
l'impératif d'estime de soi et de confiance
en soi, le pédocentrisme et le matriarcat
contemporains organisent des butées et
des impasses psychologiques auteurs de
souffrances bien typées et constamment
amenées par ceux qui nous consultent.
Nous tenterons de sillonner cette personnalité psychosociétale au travers des plaintes et des souffrances qui nous sont couramment présentées et nous mettrons en lumière les positionnements du thérapeute façonnés eux aussi par cette même culture. En effet, vu que la Psychologie est devenue culture, la psychothérapie pourraitelle ne devenir qu'une réponse du berger à la bergère et risquerionsnous alors de compromettre une réciproque position de véritable sujet de notre Histoire? Bernard FOUREZ est psychiatre et psychothérapeute au CHU de Mont-Godinne (UCL – Belgique). 16h00 Pause 16h30
Martine LANI-BAYLE
Raconter pour apprendre
Nous avons besoin de ces mots qui nous
font Hommes, de la capacité à les articuler
et ordonner, pour faire apparaître et donner
forme à notre connaissance du monde
et de nousmêmes,
conjuguer sens et
contresens
dans notre vie. 17h30
Vincent de GAULEJAC
Le sujet en quête de sens Les sociétés hypermodernes confrontent
chaque individu à une contradiction. D'un
côté une exigence de conformité aux
normes de "l'idéologie gestionnaire" qui
contribuent à l'objectiver, l'instrumentaliser,
le désubjectiver. De l'autre, une exigence
d'advenir comme sujet, d'affirmation
de soi-même,
de son autonomie, de
sa singularité, de ses capacités créatrices.
L'exacerbation de contradictions est une
caractéristique de l'hypermodernité. Les
individus ne savent plus à quel sens se
vouer. Face à ces contradictions chacun est
en quête d'advenir comme sujet de son histoire.
Entre réflexions théoriques et illustration
clinique, la conférence explorera les
différentes dimensions de cette quête. 18h30 Fin |
VENDREDI 25 Novembre9h00
Francine ROSENBAUM
L'enfant tigre : les histoires meurtries des migrants pansées/pensées par la thérapie narrative en langue maternelle A partir de son expérience clinique avec
les enfants et les familles multiculturelles,
Francine Rosenbaum évoque les ressources
psycholinguistiques de la langue
maternelle qui libèrent la parole nécessaire
à l'élaboration de l'identité meurtrie
par la migration qui brise et mutile les
contenants physiques et psychiques pour
la fantasmer et la transformer en narration
structurante. La pertinence des codes de
communication qui assurent la transmission
du savoir dans les sociétés traditionnelles
est annulée dans le pays d'accueil.
En perdant le contexte relationnel et l'enveloppe
sonore de la langue maternelle, la
proximité physique du semblable, son reflet dans le miroir du regard l'autre, l'actualité
constituée de correspondances immédiatement
déchiffrables, les enfants et les
adultes déracinés expérimentent des sentiments
d'annulation, de déstructuration,
de désespoir, de vide affiliatif et affectif, de
perte d'identité, de peur et de menace. Les
conséquences peuvent être entre autres :
l'isolement, le mutisme, le repli, l'agressivité,
la crise d'identité, la paralysie de
la pensée, la honte et l'humiliation. Sous
prétexte d'intégration, le déni fréquent des
ressources de l'axe filiatif des migrants leur
barre l'accès à une affiliation souhaitée. 10h00 Conférences au choix
Evelyne JOSSE
Redevenir auteur de sa vie
Notre vie est structurée comme une histoire.
Nous lui donnons une cohérence en
l'appréhendant comme telle. Lorsque nous
racontons notre vie, notre récit n'est pas
le recueil fidèle des événements vécus ni
de la manière dont nous les avons éprouvés.
Nos expériences sont innombrables
et l'histoire de notre existence ne peut les
englober toutes. Nous ne retenons que
quelques fragments privilégiés que nous
structurons en un ensemble cohérent. Les
liens que nous établissons par rapport aux
événements retenus pourraient tout autant
concourir à leur attribuer un sens différent
et aboutir à des versions ellesmêmes
différentes.
Nous nous racontons donc toujours
une histoire parmi d'autres possibles.
Par ailleurs, cette histoire est en perpétuel
remaniement. Tout au long de notre vie,
nous l'actualisons de nouvelles données
jugées pertinentes et nous la rehaussons
d'hypothèses, de théories, d'interprétations
et d'explications. L'évolution de notre histoire
de vie s'apparente ainsi au processus
par lequel on devient l'auteur d'un texte.
Les histoires thérapeutiques s'appuient sur
notre extraordinaire faculté à revisiter et
à actualiser notre récit autobiographique.
Elles nous engagent à reconsidérer, réélaborer,
réévaluer notre vécu en y ajoutant
des idées nouvelles. La mission du conteur
thérapeute est de faire découvrir à ses auditeurs
qu'ils disposent de scénarios alternatifs
pour leur identité, pour leur histoire
passée et pour leur futur. En reprenant à
leur compte les idées qui font sens pour
eux, ils recomposent leur propre histoire et
redeviennent ainsi auteur de leur vie. Des
histoires, simples en apparence, peuvent
avoir des effets thérapeutiques : à la manière
d'un cheval de Troie, elles pénètrent
au coeur de notre système conceptuel pour
l'enrichir de définitions, de perspectives
et de représentations nouvelles. Cette reconfiguration de l'histoire permet, selon le cas, de retrouver de l'espoir en l'avenir, de
convertir une émotion, d'élargir l'éventail
des possibilités, d'entrevoir de nouvelles
options stratégiques, de changer d'attitude
face aux difficultés, de stimuler la motivation
ou la combativité, de prendre des décisions,
d'augmenter les capacités d'action,
de restaurer l'estime de soi, de se resituer
comme personne, etc. Valérie ROSOUX Après la guerre, le travail de mémoire comme deus ex machina ?
Quel travail de mémoire après une guerre ?
Quels en sont les acteurs, les intrigues, les
métaphores ? S'agit-il
de parler au nom
des morts et /ou des vivants ? Le but est-il
de transformer les souffrances individuelles
en une « mémoire partageable »
pour tous ? Est-il
possible de résoudre
aujourd'hui, et définitivement, toutes les
contradictions d'hier ? Chacune de ces
questions force à s'interroger sur la portée,
mais aussi sur les limites, du « travail de
mémoire » que nombres d'acteurs politiques
appellent de leurs voeux. L'emploi
d'une telle expression dans le registre officiel
peut en effet laisser songeur. A priori
directement lié aux souvenirs partagés par
les individus, le travail de mémoire dont il
est ici question se réduit-il
à un slogan lié à
l'air du temps ou s'apparente-t-il
à un geste
politique susceptible d'avoir des effets sur
les individus ? L'exposé se basera sur divers
cas concrets de conflits internationaux
et intercommunautaires. Il montrera que le
plus urgent n'est peut-être
pas de chercher à fixer des fragments de vérité aujourd'hui
dispersés, mais plutôt d'éviter le risque
inhérent à toute narration officielle du passé
: se muer en une description figée, politiquement
correcte, mais dénuée de toute
épaisseur sociale. 11h00 Pause-cafe 11h30 Conférences au choix
André GREGOIRE
Des histoires à vivre debout ... plutôt que des histoires à dormir debout
Les personnes qui nous rencontrent se
présentent souvent avec des histoires à
« sens unique » : des histoires de souffrance,
de détresse ou d'impossibilités.
Bref, des histoires – et des vies– « sens
dessus dessous ».
Comment pouvons-nous
aider ces personnes
à inverser le cours de l'histoire
et façonner plutôt avec celles-ci
des histoires…
« sens dessous dessus » ? Quelles
pratiques narratives pouvons-nous
privilégier
dans notre partition d'intervenant –
dans nos questions, dans nos propositions,
etc. – pour co-construire
des histoires de
mieux-être
et de « bon sens » ? Dans quel
répertoire social pouvons-nous
cueillir ces
autres histoires de vie ? Quelles modalités
de dialogue permettent de transformer
des histoires ordinaires en histoires fascinantes…
de passer d'histoires à dormir
debout à des histoires à vivre debout... Bernard DECONINCK Comment diminuer l'impact des mémoires traumatiques par l'ostéopathie
Lors de nos consultations ostéopathiques
avec des enfants, nous sommes amenés à
entrer en contact avec des « souvenirs traumatiques
». Souvent l'enfant ne peut les
verbaliser, parfois il n'y a pas accès. Mais le
fait d'être touché avec attention et respect
peut l'aider à déposer la charge physique et
émotionnelle liée à ces traumatismes. Ceci
peut se manifester par des pleurs, des cris,
mais aussi dans un regard, un soupir, par
une détente ou une manifestation neurovégétative. 12h30 Pause-déjeuner 14h00
Samira BOURHABA et Yves STEVENS
Se souvenir d'oublier? Ou se souvenir de se souvenir?
« Qu'allez-vous,
qu'allons-nous
faire de ce
que vous savez ? » Cette question est au
coeur du travail d'accompagnement psychosocial
des victimes d'abus sexuels.
Adressée tant aux membres de leur famille
qu'aux professionnels, cette préoccupation
questionne chacun sur la place qu'il va vouloir
et/ou pouvoir donner aux abus, une fois
ceuxci
révélés, et à la reconnaissance de la
victime qui les a subis dans l'histoire individuel
de chacun, dans l'histoire que la famille
va se raconter pour se reconstruire mais
aussi dans l'intervention psychosociale. 15h00 Conférences au choix
Marie-Thérèse FERHAN et Gisèle ROSSET
Le conte en thérapie familiale, une histoire qui ouvre à d'autres constructions
Après avoir replacé dans le contexte des
thérapies familiales systémiques l'utilisation
« d' objets flottants » et en particulier
le conte systémique, les intervenantes
présenteront une vignette clinique d'une
situation de thérapie familiale. Jacques CASTERMANE Guérir "le" moi ou guérir "du" moi ?
Ce que nous entendons jusqu'à aujourd'hui
par thérapie n'en est peut-être
qu'une
moitié ? 16h00 Pause 16h30
Patrick CORILLON
Les paysages de la mémoire
Quand on s'arrête devant un paysage, c'est
pour y promener son regard en toute liberté.
Les points où l'on pose les yeux ne sont
que des moments de repos au cours de ce
parcours. 17h30 Fin |