09h00
Nicole GUEDENEY
La relation d’aide : sécurité ou menace ? L’apport de la théorie de l’attachement
Bowlby a toujours insisté sur l’importance de la motivation à demander de l’aide pour l’être humain, mais aussi sur les altérations de cette capacité. Comment comprendre que ce qui devrait être vécu comme positif ne le soit pas pour tout le monde ? Que, pour certains, l’aide est inutile, décevante, voire dangereuse ?
La théorie de l’attachement nous aide à comprendre comment chaque enfant construit cette représentation de l’aide tout au long de la vie en particulier dans les relations avec les personnes importantes de son entourage. Comment chaque enfant devient aussi un adulte en mesure d’aider ceux qui sont plus vulnérables.
L’exposé déclinera cette question au sein des relations familiales, mais aussi dans les rapports avec les professionnels qui essaient de répondre à la demande d’aide : quels sont les conflits potentiels qui peuvent être activés chez les parents consultant pour leur enfant et qui peuvent rendre impossible la poursuite du soin ?
Nicole GUEDENEY est pédopsychiatre, docteur ès Sciences. Elle exerce comme clinicienne, responsable du service de psychiatrie infanto-juvénile à l'Institut Mutualiste Montsouris de Paris. Elle est spécialiste de l'attachement et a enseigné dans diverses universités et écoles. Elle est l'auteure de nombreux articles et livres dont "Apports de la théorie de l'attachement aux traitements conjoints parents-bébés" (Erès, 2007).
10h00
Bruno FOHN
Naissance, parentalité et vulnérabilités Quand l’insécurité s’invite dans le couffin…
La grossesse et la naissance constituent une étape de transition et de réaménagement relationnel et affectif dans le cycle de vie d’une famille. Dans les situations de précarité ou de vulnérabilités, l’insécurité, sous différentes formes, se penche aussi sur le berceau, et les parents peuvent rencontrer des difficultés à offrir un cadre développemental sécure à leur enfant.
Comment soutenir la résilience parentale quand les fracas de leur histoire résonnent dans la maternité ? Comment favoriser la résilience de l’enfant quand son contexte de vie reste inconstant, imprévisible ?
Le projet Seconde Peau (Liège) réalise des interventions précoces à domicile, depuis la grossesse jusqu’aux trois ans de l’enfant. Les intervenants sont ainsi plongés au cœur de la réalité vécue par ces bébés, et donc aussi des insécurités qui circulent : les freins développementaux pour l’enfant, les possibles décompensations des parents, la confrontation aux risques pour l’enfant, pour soi-même… Par ailleurs, ces situations mobilisent souvent des acteurs multiples, aux logiques, aux temporalités, aux insécurités différentes. Les Mises en Réseau Formatives organisées par Seconde Peau offrent aux professionnels un espace sécure pour analyser les représentations et les enjeux de la collaboration au sein du réseau et les résonnances avec le système familial.
Dans ces épopées est souvent évoquée, ou invoquée, la confiance, poison ou
potion de la relation ?
Bruno FOHN est psychologue au sein du service universitaire de Gynécologie-Obstétrique au C.H.R. de la Citadelle à Liège, où il intervient comme thérapeute auprès des patientes et des familles et comme soutien auprès des équipes médicales et soignantes. Il est également animateur du Groupe d’Aide au Deuil Périnatal depuis 25 ans, et coordinateur du projet Seconde Peau, qui soutient la parentalité dans les familles en situation de vulnérabilités psycho-sociales sévères, autour de la grossesse et de la prime enfance.
10h45 Pause-café
11h15
Samira BOURHABA
Après l’inceste. Rives et dérives dans le travail avec les adolescents victimisés
Accompagner des enfants et des adolescents qui ont été sexuellement victimisés au sein de leur famille c’est croire, espérer, mobiliser, dynamiser, penser, éprouver,… C’est aussi douter, craindre, s’agiter, être agité, s’inquiéter, alarmer,…
Dans la prise en charge de ces situations comme dans beaucoup d’autres, en tant qu’intervenants, nous sommes amenés à faire l’expérience d’une insécurité à la hauteur des facteurs de risque en jeu. Cette expérience de l’insécurité est assurément déstabilisante et potentiellement déstructurante pour les professionnels que nous sommes.
Tout particulièrement, lorsque les jeu-
nes à qui notre aide s’adresse présentent des comportements à risque à la hauteur de leur souffrance (conduites sexuelles à risque, fugues, violence,…), et que nous assistons, de près ou de loin, à ces mises en danger, nous avons besoin de bien des ressources pour contenir notre propre insécurité et rester à même de penser nos interventions, lestés que nous sommes par nos émotions et notre inquiétude.
C’est par le développement de situations cliniques qui nous ont inquiétés que cet exercice complexe et sans cesse à renouveler sera illustré.
Samira BOURHABA est psychologue, psychothérapeute individuelle et familiale et formatrice. Elle est également engagée au service Kaléidos depuis sa création en 2001 (service d’accompagnement de mineurs victimes d'abus sexuels et de leurs familles sous mandat administratif ou judiciaire). Elle y exerce la fonction de directrice tout en prenant en charge avec ses collègues des situations familiales complexes dans lesquelles des abus sexuels se sont produits.
12h00 Pause-déjeuner
13h30
Véronique LE GOAZIOU
Violence et insécurité : haro sur les jeunes
L’exigence de vivre en sécurité n’est pas nouvelle mais elle semble aujourd’hui poussée à un seuil d’autant plus surprenant que l’on relève plutôt un déclin de l’emploi de la brutalité dans les rapports humains. Dans cette exigence, les déviances et les violences des jeunes occupent une place majeure et font l’objet d’une forte réprobation morale, si bien que de nos jours des jeunes – et souvent par extension les jeunes – apparaissent comme une menace. Pourtant, sauf exceptions, les désordres juvéniles relèvent le plus souvent d’une série d’entorses aux normes sociales et aux règles usuelles de la vie collective. D’où vient dès lors que nous assimilons souvent insécurité, violence et jeunesse ?
Au fond, l’on ne saurait s’interroger sur les déviances juvéniles sans se demander, outre les réalités qu’elle recouvre et les moyens de la contenir ou d’y remédier, de quoi elle est le nom et ce qu’elle dit des inquiétudes et des impatiences de notre temps.
Véronique LE GOAZIOU est titulaire d'un DEA de philosophie, d'une licence d'ethnologie et d'un doctorat en Sciences Sociales. Elle est chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de sociologie (Lames-CNRS) à Aix-en-Provence. Elle travaille sur diverses questions sociales et politiques, plus particulièrement le Front national, le lien social et la violence. Elle a publié plusieurs articles et livres sur les questions de délinquance et de violence, notamment "éduquer dans la rue. Enquête sur la prévention spécialisée aujourd'hui" (Presses de l’EHESP, 2015), "La violence" (Editions Cavalier Bleu, collection idées reçues, 2004), "La violence des jeunes en question" (avec Laurent Mucchieli, Éditions Champ Social, 2009) ou "Quand les banlieues brûlent" (avec Laurent Mucchieli, la découverte, 2007).
14h15
Jean-François SERVAIS
Le secret professionnel à l’épreuve des différents « besoins » de sécurité : entre recul et réaffirmation
Du droit au respect de la vie privée de chaque individu, de son intimité, indispensable à la construction subjective de l’individu, jusqu’à l’indifférenciation entre espace public et espace privé, où tout droit à une vie privée disparaît, l’histoire montre qu’un glissement peut se produire, imperceptible ou brutal.
Et d’aucuns précisent que « bien plus que les divergences sur l'ordre social ou économique, c'est le secret professionnel et le respect de l'individu qu'il implique, qui marquent la véritable fracture entre les états démocratiques et les états de type marxiste ou totalitaire »
(C. Raoult).
Comment dès lors analyser des initiatives, notamment législatives, qui seraient prises au nom d’un impératif d’efficacité, de contrôle ou de sécurité publique et marqueraient un recul de l’espace privé ?
En quoi le secret professionnel, en lien étroit avec les droits fondamentaux reconnus à chacun, reste-t-il essentiel pour la collectivité, comme pour le particulier ou le professionnel ?
Quels risques peuvent surgir si la sécurité du lien entre particulier et professionnel est menacée ?
Entre professionnels par ailleurs, le besoin de partager, de se concerter, de savoir, répond-il toujours à une nécessité pour le particulier, ou peut-il participer aussi à un besoin de sécurité du professionnel ?
Nos sociétés évoluent vite et l’actualité nous amène probablement à nous reposer la question fondamentale du sens et de la raison d’être de ce secret professionnel, mais également des valeurs dont nous voulons être garants, et de la hiérarchie que nous établissons entre elles.
Jean-François SERVAIS est juriste, directeur du Service Droit des Jeunes de Liège. Depuis 30 ans, il forme les professionnels et les services dans le domaine du droit de la jeunesse, du droit familial, du droit de l'aide sociale ainsi que dans différentes thématiques liées à l'éthique dont celle relative au secret professionnel.
15h00 Pause
15h30
Muriel MEYNCKENS-FOUREZ
L’équipe, l’institution comme enveloppe contenante, autorisant la prise de risque
A la suite de Winnicott, nous pouvons dire que « résister à la destructivité » constitue un des ingrédients essentiels dans le travail psycho-social. C’est là toute l’importance de l’équipe et de l’institution qui offrent un cadre sécurisant dans lequel peuvent se tisser des liens. Ainsi, les professionnels peuvent servir d’appui aux bénéficiaires et à leur famille et, au besoin, prendre des risques
– calculés - pour tenter de mobiliser.
Une consigne simple, « amener en équipe ses réussites comme ses questions ou impasses », crée un espace pour se dire, pour s’enrichir les uns les autres, pour constituer un bagage commun. Avec ces balises, chacun dans sa tâche peut alors laisser libre cours à la créativité. Cependant, à l’ère où la méfiance et les problèmes narcissiques prennent parfois le devant de la scène, rien n’est simple en la matière.
Muriel MEYNCKENS-FOUREZ est pédopsychiatre systémicienne. Après 30 ans de pratique dans un hôpital pédospychiatrique, elle est actuellement directrice thérapeutique du département "enfants-ado-familles" d’un Service de Santé Mental. Au Centre Chapelle-aux-Champs, elle est responsable du CEFORES (centre de formation et de recherche en systémique et thérapie familiale) et du groupe "Institutions" (supervisions d’équipes). Elle est co-auteur de plusieurs ouvrages : "Les ressources de la
fratrie" (Érès-Relations), "Dans le dédale des thérapies familiales - Un manuel systémique" (Érès -Relations), "Qu’est-ce qui fait autorité dans les institutions médico-sociales ?" (Érès ès-Empan), "Eduquer et soigner en équipe – Manuel de pratiques institutionnelles" (De Boeck-Carrefour des psychothérapies).
16h15
Charles ROJZMAN
Insécurités sociales, peurs et violences: comment tenir bon
Pour faire face à toutes les violences qui nous menacent et créent nos insécurités et notre sentiment d'insécurité, ne pourrions-nous pas apprendre à reconnaître la présence toute proche de la violence en nous-même, dans nos familles, nos institutions?
Les peurs contemporaines (chute sociale, identités en question, sens perdu, autorités souvent illégitimes ou illégitimées) ont créé toutes sortes de violences contre les autres et contre nous-mêmes, dont nous les victimes et parfois les auteurs. Comment transformer ces violences en conflits pour avancer ensemble et mieux appréhender le monde qui vient? Les apports de la Thérapie sociale.
Charles ROJZMAN est est un psychosociologue, philosophe praticien et écrivain français. Il a créé et développé le concept de "Thérapie sociale" qu'il pratique et développe dans de très nombreux contextes sociaux et institutionnels. Il poursuit ainsi le projet ultime de Freud : soigner le corps social avec les outils de la psychanalyse. De Mantes-la-Jolie au Moyen-Orient et au Rwanda, il aide des groupes à traverser les haines et les peurs, pour (re)trouver la capacité de vivre ensemble. Sa recherche est entièrement tournée vers le développement de nouvelles formes d'éducation à la vie démocratique et de modes de prévention de la violence en France et à l'étranger. Après avoir dirigé plusieurs structures de Thérapie Sociale en France, il a créé celle qui perdure aujourd’hui: l’Institut Charles Rojzman. Il est l'auteur de treize ouvrages et tient un blog régulier dans le magazine en ligne le Huffington Post.
17h00 Clôture du congrès
17h15 Fin