09h00
Michael STORA
Ecrans et sexualité, quels impacts dans la construction de l'enfant ?
La sexualité avec l'avènement d'Internet s'est comme démocratisée, pour le meilleur et pour le pire. Oser parler librement de sexualité même si c'est à l'abri du regard de l'autre est devenu une pratique banalisée aussi bien pour des adolescents en pleines découvertes de leurs sexualités génitales que pour bon nombre d'adultes. A l'abri du regard de l'autre, mais aussi à l'abri des instances que sont le Sur Moi et l’idéal du Moi, on constate une forte désinhibition sur la toile. Ainsi, il est important de ne pas confondre la mise en scène de soi et la réalité. On observe ainsi chez des adolescentes un exhibitionnisme parfois provocant alors que dans la réalité il y a une grande pudeur. Ainsi, la sexualité émergente se simule, tel un laboratoire de quête identitaire dont les feedbacks que sont les «like» ou autres commentaires vont venir confirmer la sexualité adulte en devenir. En marge, nous trouvons évidemment de nouvelles conduites à risques avec de nouveaux garde-fous que sont les projets de lois pour se protéger de ces tentatives de transgressions.
De formation de cinéaste, Michael STORA est devenu psychologue et psychanalyste.
En 2000, il a co-fondé l’OMNSH (Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines) pour rassembler les chercheurs et publier leurs contributions universitaires. Il forme des animateurs et éducateurs aux réflexions psychologiques sur les mondes interactifs. Parallèlement il exerce comme psychanalyste et reçoit de plus en plus d’adolescents et adultes qui sont «accrocs» aux jeux vidéo et au chat. Avec Serge Tisseron et Sylvain Missonnier, il est le co-auteur du livre «L’enfant au risque du virtuel» (Dunod, 2006).
10h00
Olivier RALET
La rencontre de l'intime et des codes culturels où se construisent les genres, les orientations et les modes de sexualité
Dans notre monde globalisé, nous sommes tous habités par plusieurs cultures à la fois, traditionnelles, modernes, postmodernes, présentes chez nous de longue date ou arrivées récemment. Or, les cultures sont des «dispositifs socio-pulsionnels» où les pulsions prennent leurs formes selon les codes et normes en vigueur, qu'elles s'y inscrivent ou qu'elles les transgressent. Il y a donc des histoires des sexualités. Comme intervenants, décoder (ou déconstruire) ces histoires avec nos «clients», en suspendant le jugement le temps de comprendre, peut permettre d'accompagner des réagencements plus harmonieux entre l'intime et la relation.
Olivier RALET est philosophe (ULB), certifié en sciences religieuses «Islam» (UCL) et membre du Cismoc, ethno-thérapeute, formateur d’adultes à l’interculturalité, auteur de nombreux articles notamment sur les rituels d’apaisement des troubles attribués à la possession au Maroc. Il est membre fondateur et président de l’ASBL Agenc’MondeS, dont le but social est d'explorer, mettre en place et développer des processus d'accompagnement et de (trans)formation visant à agencer les logiques complexes des systèmes et des cultures.
11h00 Pause café
11h30
Catherine AGTHE DISERENS
Le handicap vécu comme un troisième sexe...
Ou 5 étapes singulières traversées par les parents d’un-e fils/fille en situation de handicap et leurs implications sur la sexualité de ce-cette dernier-e.
- «Mon fils handicapé mental (9 ans) touche sans cesse son sexe, que pourrais-je faire pour que cela cesse ?»
- «Notre fille autiste (14 ans) va rester une petite fille toute sa vie durant. Elle a un niveau cognitif de 2 ou 3 ans et ne deviendra de toute façon jamais une femme. Regardez comme elle manipule sa poupée... nous ne pouvons pas imaginer qu’un homme s’intéresse à elle, ni elle à lui. Nous ne le voudrions jamais, nous aurions trop peur qu’elle n’y comprenne rien!»
On entend souvent dire que les parents ne peuvent voir leur fils/fille en situation de handicap comme un être sexué ! Si ce constat (souvent posé par les professionnels) est vrai pour un certain nombre d’entre eux, il ne l’est plus pour d’autres. Mais il faut reconnaître que ces parents-là traversent des étapes fondamentalement différentes de celles vécues par tout autre parent. De la naissance et jusqu’au jeune âge adulte les enjeux sont biaisés : nous sommes totalement inégaux face au handicap, et d’autant plus lorsque ce dernier se décline avec la sexualité.
Catherine AGTHE DISERENS est suisse, sexo-pédagogue spécialisée et formatrice pour adultes. A ce titre, elle est l’auteure du programme de formation «Du cœur au corps» qui a obtenu de Prix Suisse de Pédagogie Curative. Elle a publié deux ouvrages. Un film documentaire a été réalisé à son sujet («Au Risque du Désir» de B. Romy). Elle a conceptualisé et dirigé (dans le cadre de l’association SExualité et Handicaps Pluriels dont elle est la présidente) deux formations en langue française d’assistance sexuelle. Elle travaille avec de nombreux enfants, adolescents et adultes handicapés pour des suivis individuels et/ou de couples dans le vaste champ de la vie affective, intime et sexuelle.
12h30 Pause de midi (libre)
14h00
André CIAVALDINI
La violence sexuelle entre enfants en institution : écouter, comprendre, accueillir
Depuis les années 1970 la clinique des violences sexuelles est sortie du silence qui entourait autant les victimes que les agresseurs. Il reste cependant dans ce champ un sujet encore tabou et peu travaillé par les cliniciens, c’est la violence sexuelle entre enfants. Souvent difficile à concevoir et donc à entendre, celle-ci, pourtant parfois bien réelle, présentait un déficit d’accueil par ceux-là mêmes qui ont à gérer les effets (éducateurs, praticiens du soins, etc.). Cette intervention se propose de définir d’abord les contours du phénomène pour le comprendre, car sans compréhension comment pouvoir écouter d’abord pour accueillir ensuite ce qui, le plus souvent, n’est que le masque d’une ancienne souffrance. Si une situation d’agression sexuelle peut paraître assez bien défini entre majeurs, il n’en va pas de même dans le cadre de l’enfance, il est donc nécessaire de définir ce qui est situation à risque et situation d’agression et ce qui ne l’est pas. Il s’agira aussi de montrer qui sont ces enfants auteurs. Les études portant sur les milieux familiaux montrent que ces enfants, avant d’être auteurs, sont d’abord victimes de leur histoire. Cet ensemble permettra d’interroger la place qu’une institution, avec les différents personnels qui y exercent, peut avoir, et dans quelles conditions elle peut la tenir, pour qu’on puisse espérer que se rompe le cycle infernal des victimisations et participer d’une prévention.
André Ciavaldini est docteur en psychologie clinique, psychanalyste, spécialisé dans la prise en charge des auteurs de violences sexuelles. Il est le fondateur et premier Directeur de Programme du CRIAVS Rhône-Alpes (Centre ressource pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles). Il est l'auteur, le co-auteur ou le directeur de nombreux articles et livres dont «Agressions sexuelles : pathologies, suivis thérapeutiques et cadre judiciaire» (Masson, 2002), «Violences sexuelles - Le soin sous contrôle judiciaire» (In Press, 2003) et «Violences sexuelles chez les mineurs» (In Press 2012).
15h00
Philippe BRENOT
Naturel, le couple ?
La notion de couple, telle que l’entendent les sociétés occidentales au début du XXIème siècle, est une notion extrêmement récente: son invention a eu lieu autour des années 1970 en Occident. En moins de trois générations, le couple homme/femme s’est autonomisé des ascendants et des descendants dans le fantasme difficilement réalisable d’une vie passionnelle et amoureuse de longue durée. C’est d’ailleurs, indépendamment de la collusion des histoires personnelles, dans le décalage entre la vie conjugale et ce fantasme sociétal, que se jouent beaucoup de désillusions et de mésententes que les thérapeutes sont amenés à suivre.
Nous sommes aujourd’hui dans une période de transition, celle de la recherche d’un nouvel équilibre à travers les formes expérimentales des nouveaux couples (plus égalitaires, moins asymétriques, certains ouverts, d’autres encore très fusionnels, plus ou moins cohabitants, amoureux, érotiques, passionnels, etc.) Cette construction nous renvoie aux deux conditions nécessaires pour faire couple, conditions qui ne sont pas toujours réalisées: avoir un même degré de maturité psychologique et de maturité érotique. Cela implique d’avoir dépassé les conflits infantiles et d’être suffisamment autonome et construit en tant qu’adulte. La plupart des couples que nous sommes amenés à prendre en charge sont en décalage l’un par rapport à l’autre au plan de ces deux maturités ou en prise avec eux-mêmes au plan d’un conflit infantile non résolu. Mais doit être clairement faite aujourd’hui la distinction entre ces conflits infantiles non résolus et la difficulté naturelle à vivre le couple dans ses incertitudes nouvelles liées aux exigences des partenaires depuis que, le lien social du mariage s’étant suffisamment affaibli, le fait même du couple est une réalité inquiétante.
La sexualité est enfin au centre de la plupart des mésententes conjugales (cause ou conséquence) et la résolution des symptômes dysfonctionnels est souvent un atout majeur pour l’évolution du couple. En cela, il serait souhaitable que les thérapeutes de couple soient formés à la connaissance de la sexualité, des troubles sexuels et à leur complexité.
Philippe BRENOT est psychiatre, thérapeute de couple, sexologue et anthropologue. Il est directeur des enseignements de Sexologie et Sexualité Humaine à l’université Paris Descartes. Ses recherches, théoriques et cliniques, concernent les spécificités anthropologiques de la sexualité humaine et du couple. En 2011, il a réalisé l'enquête «Les hommes, le sexe et l'amour : enquête sur l'intimité, la sexualité et les comportements amoureux des hommes en France». Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont «Inventer le couple» (Odile Jacob, 2003), «Les Violences ordinaires des hommes envers les femmes»(Odile Jacob, 2011), «Le Sexe, l’Homme et l’Évolution» avec Pascal Picq (Odile Jacob, 2012).
16h15 Pause
16h30 clôture
Leonor PALMEIRA et Camille PIER
La nature contre-nature (tout contre)
Conférence-spectacle de Leonor PALMEIRA et Camille PIER
Éminente scientifique experto-spécialiste en biologie, Josie a gracieusement accepté de faire halte chez vous. Elle vient vous présenter les trouvailles de son travail de recherche sur un sujet aussi incongru qu’inconnu. Le sexe ! Le sexe ? Mais quel sexe ? Pas le sien, bien sûr. Ni même le vôtre. Et encore moins le nôtre. Mais celui des autres : nos amis les animaux ! Une explosion de diversité du haut les cœurs tout en couleurs avec de belles retombées de poussières équivoques à la clef.
«La nature contre-nature (tout contre)» est un one woman show mêlant science, humour et chanson.
Leonor Palmeira : recherche, écriture, mise en scène.
Chercheuse en biologie, spécialiste d’évolution, et mordue de diversité, Leonor Palmeira co-signe ici son premier travail de mise en scène. Lors de sa formation universitaire, elle se fascine pour la variabilité présente dans le vivant et se tourne naturellement vers l’étude de l’évolution. Ce goût de la diversité transparaît dans ses choix scientifiques où elle a toujours travaillé à l’interface entre plusieurs disciplines, nourrissant aussi sa réflexion sur le lien entre sciences et société.
Camille Pier : écriture, mise en scène, interprétation.
Auteur-compositeur-interprète et artiste de cabaret, Camille Pier se produit sur les scènes de queer, de chanson et de slam sous le pseudonyme «Nestor». Il s’intéresse depuis toujours aux arts de la variété. Formé à la musique, au chant, au mime et à la danse, Camille est également diplômé de l’université de Liège. Il y a étudié la littérature francophone.
17h15 Fin