Les inscriptions au colloque sont ouvertes !    

Du rejet à la confiance.
De l'injustice à la dignité.
Du mépris à l'estime

...EN PASSANT PAR LA RECONNAISSANCE


Chacun d’entre nous peut avoir l’intuition que la reconnaissance constitue un besoin fondamental de l’être humain. Il peut agir comme un puissant moteur de dépassement de soi, mais aussi devenir une source d’amertume et de souffrance lorsqu’il n’est pas ou peu comblé.

En tant que professionnels de la relation d’aide, nous rencontrons de nombreuses personnes qui souffrent d’un manque de reconnaissance, et se retrouvent ainsi bloquées pour réaliser leur propre potentiel, entretenir des relations de confiance et de respect avec les autres et se sentir capables d’agir en faveur du bien commun.

Au cours de ce congrès, nous nous proposons d’explorer comment il est possible d’apporter une contribution réparatrice auprès des enfants, adolescents, adultes, familles qui ont été bercés par d’autres musiques qui les ont fragilisés et stigmatisés dans leur identité et dans leur intégration sociale : mépris, déni, négligence, violence, rejet, exclusion, dévalorisation, humiliation ...



DANS LA SPHÈRE FAMILIALE :
  • Comment aider des parents en difficulté à se connecter à leur enfant, à ses besoins, ses émotions, ses difficultés ?
  • Comment faire du couple un lieu de respect et de réalisation plutôt que le théâtre de conflits, d’exigences, de déceptions et de reproches ?
  • Comment reconnaître les efforts, parfois vains, réalisés par les enfants pour venir en aide à leurs parents en détresse ?
  • Comment reconnaître les scripts correctifs mis en œuvre par les parents pour offrir à leurs enfants une vie meilleure que celle qu’ils ont connue ?
  • Dans les situations de violences intrafamiliales (violence conjugale, maltraitance, abus sexuels), quelle peut être la portée mais aussi les limites de la reconnaissance du point de vue des victimes et des auteurs ?


DANS LA VIE SOCIALE :
  • Quelles initiatives pour rendre la dignité à ceux qui en sont privés ? Sans-papiers, minorités, SDF, etc.
  • Comment restaurer l’estime de soi de parents qui ont été signalés à la protection de l’enfance, de personnes qui ont été condamnées pour des atteintes aux personnes ?
  • Comment décliner, dans une prise en charge, des interventions à différents niveaux pour favoriser la reconnaissance ? Thérapie, soin, éducation, combat juridique,accomplissement d’actes de réalisation et de réparation, etc. ?


AU CŒUR DES PROFESSIONS D’AIDE ET DE SOIN :
  • Comment favoriser la reconnaissance mutuelle dans le travail en équipe ?
  • Comment travailler à la reconnaissance entre services dans le travail en réseau ?
  • Comment considérer les besoins de reconnaissance des professionnels (reconnaissance qu’ils attendent de la part des bénéficiaires, de l’institution et de la société ...) ?


CE CONGRÈS S’ADRESSE AUX PROFESSIONNELS DE L’ÉDUCATION, DE L’AIDE ET DU SOIN À QUI SONT CONFIÉES DIFFÉRENTES MISSIONS :

  • travail psychothérapeutique avec des enfants, des adultes, des couples ou des familles,
  • aide éducative en milieu ouvert,
  • soutien aux familles précarisées où existent des maltraitances et des négligences,
  • accueil de personnes migrantes souffrant de nombreux traumatismes,
  • prise en charge de personnes marginalisées,
  • soin aux victimes de violences,
  • accompagnement éducatif d’enfants en difficultés familiales,
  • intervention au bénéfice d’adolescents en rupture, en révolte, en détresse, ...


CE CONGRÈS PERMETTRA AUX PARTICIPANTS :

  • de réfléchir à la façon dont le concept de reconnaissance peut constituer un levier, un moyen, voire un objectif de travail utile pour donner confiance en soi, respect de soi, estime de soi ;
  • d’utiliser le pouvoir émancipateur de la reconnaissance tout en évitant que cela ne devienne un besoin tyrannique qui prend le pouvoir sur l’individu ;
  • de s’approprier de nouveaux outils pour rencontrer, entendre et donner la parole à ceux qui sont sans voix ;
  • d’apprendre à apaiser la colère, le sentiment d’injustice, les pulsions autodestructrices de ceux qui souffrent de carence de reconnaissance ;
  • de s’autoriser à imaginer des interventions qui rendent la dignité à leurs bénéficiaires en leur permettant d’apporter une contribution précieuse au monde dans lequel ils vivent ;
  • d’augmenter leur efficacité professionnelle par une meilleure considération pour les autres professionnels avec qui ils partagent des missions souvent complexes.

Jeudi 17 décembre 2015

9h30 Café d'accueil
10h00 Catherine Denis : ouverture du congrès

10h30 11h30

ÉDOUARD DELRUELLE
Violence, reconnaissance, émancipation : penser avec A. Honneth contre A. Honneth

Le concept de reconnaissance est désormais familier aux travailleurs psychosociaux. Il semble fortement opératoire pour décrire les situations de mépris, de déni, d'exclusion, subies par les sujets les plus fragiles. Mais comment passer de la question éthique de l'estime de soi, de la qualité de la relation morale entre deux individus, à la question politique de l'égalité juridique et sociale entre acteurs, voire entre groupes ? Quel lien entre le besoin de reconnaissance et la lutte pour la reconnaissance ? Et entre celle-ci et le combat pour l'émancipation ?

Professeur de philosophie politique à l'Université de Liège, ancien directeur-adjoint du Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme (2007 – 2013), Edouard DELRUELLE est un intellectuel engagé dans des combats tels que le droit de mourir dans la dignité, le dialogue interculturel et la justice sociale.

11h30 12h30

FARHAD KHOSROKHAVAR
Le jihadisme, le sentiment d'indignité chez les jeunes exclus et la reconnaissance de leur dignité

Les jeunes des cités qui embrassent l'islam radical ont une subjectivité marquée par un trait fondamental : la haine de la société. Ils vivent un sentiment profond d'injustice sociale. Les enquêtes sociologiques montrent qu'ils ressentent l'exclusion comme un fait indépassable, un stigmate qu'ils portent sur leur visage, dans leur accent, dans leur langage bourré de verlan et d'expressions angloarabes. Le sentiment d'indignité intériorisée dont ils souffrent est l'expression profonde d'un manque de reconnaissance par la société et ceci induit un mal-être qui s'exprime sur de multiples registres comme l'hyper-agressivité, le manque de confiance en soi et en ses capacités, l'incapacité à se projeter dans l'avenir et un éclatement de la personnalité. Pour accéder à la dignité, la reconnaissance doit être mise en place non seulement par des mots, mais aussi par des actes. Une thérapie pour redonner confiance en soi et se débarrasser de ce sentiment d'indignité aiderait beaucoup à surmonter ce sentiment de haine de la société.

Professeur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris, Farhad KHOSROKHAVAR travaille sur les phénomènes de radicalisation et du jihadisme, notamment chez les jeunes des banlieues en France et des "poor districts" en Angleterre qui souffrent d'un sentiment d'indignité intériorisée. Il travaille aussi sur la déradicalisation.

12h30 14h00 Pause déjeuner (libre)
14h00 15h00 (Conférences au choix)

STÉPHANIE HAXHE
Reconnaissance et parentification, des mots qui vont très bien ensemble?

L'être humain naît dans le lien et surtout dans l'échange. Il se construit par ce qu'il reçoit mais aussi par ce qu'il donne. Dès le début de sa vie, l'enfant a besoin de donner et c'est sur cette base que se construira le sentiment de sa propre valeur. Faut-il encore que ce don soit reconnu, validé et lui apporte du mérite. Quelques fois, les adultes qui l'entourent ne sont pas dans la possibilité de voir, reconnaître et donc créditer ses dons à leur juste mesure. L'enfant parentifié est un enfant qui oriente sa préoccupation et ses soins vers ses parents, au risque de mettre entre parenthèses ses propres besoins. Dans ce contexte, la reconnaissance de ce qu'il donne est-elle possible? Quels éléments sont susceptibles d'entraver cette reconnaissance? Comment le comprendre? On situe habituellement l'enjeu du travail thérapeutique avec l'enfant et sa famille autour du dialogue pour qu'émerge la reconnaissance des parents vis-à-vis de l'enfant. Le risque est alors que l'objectif thérapeutique ne soit confondu avec le moyen, lorsque nous sommes tentés de pousser, de provoquer cette reconnaissance, voire de la donner nous-mêmes en lieu et place des parents. La question de la reconnaissance est également à aborder sous l'angle de la fratrie, non seulement parce que les frères et soeurs peuvent constituer une aide dans ce processus, mais également parce qu'ils sont bien souvent concernés eux-mêmes. En effet, on identifie plus volontiers un seul enfant comme étant parentifié dans la famille, le plus souvent l'enfant soignant, alors que d'autres formes coexistent et sont portées par les autres enfants de façon bien moins visible et méritent pourtant tout autant notre attention.

Docteur en psychologie clinique, thérapeute de famille, assistante post-doctorante à l'université de Liège, chargée de cours invitée à Paris 8, Stéphanie HAXHE est l'auteur de nombreux articles de thérapie familiale et d'un livre publié chez Érès en 2013 "L'enfant parentifié et sa famille".

ou

ISABELLE AUBRY
On ne peut pas lutter contre l'inceste sans commencer par le reconnaitre

L'inceste est un tabou, littéralement "ce qu'il est interdit de faire et ce qu'il est interdit de dire". Pourtant, depuis 1791, l'inceste n'est plus légalement interdit en France, le législateur révolutionnaire considérant qu'il s'agissait d'un interdit moral non nuisible à la société et que sa "gestion" relevait de la sphère familiale. Aujourd'hui, les victimes sont convaincues que la reconnaissance légale de ce crime est un préalable à sa prise en compte par tous les acteurs de la société tant au niveau de la prévention, du repérage, de la sanction et de l'aide aux survivants. Insérer l'inceste dans le code pénal est le combat d'AIVI depuis quinze ans. Reconnaitre la spécificité de l'inceste, c'est avant tout comprendre qu'il ne s'agit ni d'un viol ni d'une agression sexuelle mais de ce que nous appelons "un crime de lien". Depuis 2002, AIVI organise des groupes de parole thématiques dans les grandes villes françaises selon un concept original que nous décrirons. La rencontre en groupes de parole permet en effet aux survivants de s'identifier à l'autre, celui qui par son vécu travaille ou a travaillé sur ce lien familial dont il devra souvent faire le deuil pour se rétablir. Nous verrons également en quoi les groupes de parole associés à un travail thérapeutique personnel peuvent aider les victimes à devenir survivants, première étape vers le rétablissement.

Survivante de l'inceste, Isabelle AUBRY a fondé l'Association Internationale des Victimes de l'Inceste (AIVI) en 2000, une association à but non lucratif animée par un groupe de survivants de l'inceste français, canadiens et belges. Sa volonté est de rassembler, d'aider et de porter la parole des survivants de l'inceste qui ont vécu ou qui vivent encore sous le poids du silence. Avec son association, elle a mené un long combat pour réintroduire l'inceste dans le Code pénal français.

15h00 16h00 (Conférences au choix)

YVES STEVENS ET CHRISTEL PIRE
Les trois petits cochons... Regards croisés sur la question de la reconnaissance dans l'accompagnement des adolescents auteurs d'abus sexuels au sein de leur famille

Le dévoilement de l'abus sexuel d'un enfant aîné sur un plus jeune crée toujours un séisme dans les familles. Le trauma de l'abus sexuel concerne bien souvent l'ensemble des protagonistes et ne réside pas uniquement dans les passages à l'acte mais également dans la manière dont les révélations vont être considérées par l'entourage familial et professionnel et, par-delà même, la manière dont ils vont continuer à exister aux yeux des autres et à leurs propres yeux. Il est en général admis que la reconnaissance des faits par l'adolescent auteur est la première étape indispensable dans son accompagnement pour éviter la récidive et pour travailler à la reconstruction des liens familiaux. Mais comment aider ce jeune auteur à entrer dans ce processus de reconnaissance ? Comment lui offrir un dispositif où il pourrait prendre la mesure de ce qu'il aurait à gagner en reconnaissant sa part de responsabilité dans ce désastre ? En effet, nier ou minimiser les faits c'est, pour l'adolescent, un moyen de fuir ses responsabilités mais c'est avant tout le signe d'une peur panique des conséquences de ses actes, d'une conviction que le monde s'effondrerait s'il acceptait de se reconnaitre comme auteur. Cet exposé sera enrichi par des témoignages d'adolescents auteurs d'abus sexuels qui ont eu le courage de reconnaître leur part de responsabilité dans ce drame. Que nous disent-ils de leurs motivations et quel regard portent-ils sur leur trajectoire ?

Yves STEVENS et Christel PIRE sont tous deux psychologues et intervenants psychosociaux à Kaléidos, un service d'accompagnement de mineurs victimes et auteurs d'abus sexuels et de leur famille à Liège. Yves Stevens est également psychothérapeute et formateur.

ou

MARIA GRAZIA SOLDATI, LORENZO MORENI ET FRANCINE ROSENBAUM
La prise de parole pour stimuler les relations de reconnaissance sociale : une nécessité en contexte multiculturel

Dans des contextes multiculturels, il est nécessaire d'accompagner la transformation des communautés et de soutenir la construction des identités en attribuant une valeur sociale aux multiples façons d'exister, aux affiliations culturelles plurielles et aux valeurs des personnes et des groupes d'appartenance. Chaque individu devient un membre actif du corps social dans la mesure où il est reconnu par lui dans ses appartenances générationnelles, culturelles, religieuses et de genre. De cette hypothèse découle l'idée que stimuler les relations de reconnaissance sociale passe par la narration en groupe d'histoires de vie, situées dans leurs scénarios collectifs et historiques respectifs. Le fait de raconter ensemble et avec permet aux personnes de devenir partie prenante de la communauté, favorise l'auto estime et les relations interpersonnelles. Ce sont des modalités positives de la relation, conjuguées aux différentes formes de la Reconnaissance et qui constituent autant de présupposés à l'autoréalisation individuelle. Les réflexions et les vidéo-narrations de l'intervention offrent un aperçu de trois projets de recherche-action en politiques communautaires réalisés dans plusieurs communes italiennes. Le dernier en particulier, dénommé "Communitas". "Immaginare il presente" a concerné environ 1000 habitants d'une grande commune du Nord de l'Italie.

Maria Grazia SOLDATI est ethno-psychopédagogue à l'Université de Vérone (Italie). Lorenzo MORENI est éducateur et vidéomaker à Brescia (Italie). Francine ROSENBAUM est orthophoniste ethnoclinicienne à Mendrisio (Suisse) et auteur du livre "Les humiliations de l'exil. Les pathologies de la honte chez les enfants migrants", paru en 2010 chez Fabert à Paris.

16h00 Pause
16h30 17h30

JEAN-PAUL MUGNIER
Méconnaître puis savoir pour enfin reconnaître. L'impact de la méconnaissance de la souffrance parentale dans l'apparition des conduites à risque chez l'enfant et l'adolescent

La rencontre d'enfants et d'adolescents présentant des conduites autodestructrices ou des idées suicidaires, quand elles ne sont pas la conséquence d'agressions sexuelles, fait souvent apparaître dans l'histoire des parents l'existence de souffrances anciennes non résolues. Celles-ci peuvent alors entraîner une méconnaissance des besoins évolutifs de l'enfant au point par exemple d'interpréter certains de ses comportements d'exploration avec des comportements de transgression, d'opposition.

Thérapeute familial et de couples, Jean-Paul MUGNIER dirige depuis plus de 20 ans l'Institut d'Etudes Systémiques à Paris. Sa formation initiale d'éducateur spécialisé l'a conduit à se sensibiliser très tôt aux questions liées à la maltraitance et à s'interroger sur les moyens à mettre en oeuvre pour venir en aide aux enfants victimes de sévices, de négligences comme à leurs parents. Formateur et superviseur, il intervient auprès de nombreuses équipes en France comme à l'étranger, notamment en Belgique, tant dans le champ médico-social que dans le domaine de la protection de l'enfance. Directeur des collections "Psychothérapies créatives" et "Penser le monde de l'enfant" aux éditions Fabert, il est également l'auteur de nombreux essais et romans parmi lesquels "Les stratégies de l'indifférence", "La promesse des enfants meurtris", "Le silence des enfants", "L'enfance meurtrie de Louis-Ferdinand Céline"...

17h30 Fin



Vendredi 18 décembre 2015


09h00 10h00 (Conférences au choix)

ALFREDO CANEVARO
La reconnaissance est la mémoire du coeur

En tant qu'être humain adulte, nous nous débattons sans cesse sur un axe qui oscille entre deux grands besoins. D'un côté, le besoin d'appartenance à un système familial qui nous a donné la vie, notre nom et avec lequel nous avons accumulé des milliers d'interactions. De l'autre, le besoin de différenciation, une poussée spontanée qui nous porte à explorer le monde et à dessiner un projet existentiel autonome pour nous insérer de façon créative dans la culture environnante. C'est dans cet axe plus ou moins tourmenté, plus ou moins facilité par les familles d'origine et par la société dans laquelle nous vivons, que s'inscrivent les dysfonctions les plus fréquentes qui amènent un client en thérapie. Convoquer systématiquement en séance les membres significatifs de la famille peut grandement faciliter ce processus de différentiation. Inviter les familles d'origine, demander leur aide, éclairer les malentendus et favoriser si possible une rencontre émotionnelle intense qui aide à la différenciation peut être la façon la plus rapide d'aider un individu à dessiner un projet existentiel, une insertion créative dans la société et non contre une famille ressentie comme hostile et non collaborative. Nous aurons toujours besoin d'être en relation avec nos parents, nos frères et nos soeurs, jusqu'au dernier jour de leur vie et de la nôtre, tout en devant nous adapter à chaque moment du cycle vital de la famille et des individus qui la composent. Haïr un parent avec lequel on n'a pas pu expliciter notre relation nous conduira à haïr une partie de nous-mêmes ou pire encore à haïr le monde (qui nous semblera plein d'ennemis), nos partenaires ou nos enfants, dans une tentative illusoire de nous éloigner de cette souffrance. Tant que les parents sont en vie et quel que soit leur âge, une rencontre thérapeutique pouvant aborder les noeuds non résolus et éventuellement les dénouer, peut changer une vie. Face à des situations restées pendant des années sans solution, une explication adéquate et la demande de pardon d'un parent âgé reconnaissant ses torts peuvent changer entièrement les vécus du patient.

Psychiatre et psychothérapeute, Alfredo CANEVARO est engagé dans des activités de clinique, d'enseignement et de supervision. De formation psychanalytique, il a évolué vers une pensée systémique complexe. Il collabore depuis 1999 avec l'école Mara Selvini Palazzoli à Milan en tant que professeur et chercheur clinicien. Il vient de publier avec Alain Ackermans, aux Editions Erès, "La naissance d'un thérapeute familial".

ou

RÉBECCA SHANKLAND
La gratitude : un bonheur partagé

La gratitude est une émotion éprouvée lorsque l'on se perçoit comme étant bénéficiaire d'un bienfait procuré intentionnellement par autrui (une aide, un don…) ou d'un bienfait généré par l'existence (une rencontre, une découverte, un paysage…). Les personnes qui éprouvent de la gratitude repèrent davantage les événements positifs de la vie et les retiennent plus que les personnes moins reconnaissantes. Elles ont ainsi une représentation plus positive de leur environnement social et de leurs conditions de vie. La gratitude réduit la tendance au matérialisme et à la comparaison sociale et augmente l'empathie, ce qui génère des relations de meilleure qualité, améliorant ainsi le bien-être de la personne et de son entourage. Les recherches ont ainsi montré de nombreux effets positifs sur la santé mentale des individus tels que la réduction de l'anxiété, de la dépression et même du suicide. Ces travaux s'inscrivent dans le champ de la psychologie positive qui est l'étude scientifique des dimensions individuelles, relationnelles et institutionnelles favorisant l'épanouissement des individus et des groupes. La psychologie positive vise à comprendre comment l'expérience du bonheur survient chez les personnes, et sous quelles conditions elle se maintient. La gratitude apparaît comme une dimension intimement reliée au sentiment de bonheur des individus, à la satisfaction de leur vie et à leur engagement pro-social. Une personne qui éprouve fréquemment de la gratitude, pour un grand nombre de petites choses du quotidien est considérée comme ayant un trait de personnalité appelé "orientation reconnaissante". Cette attitude par rapport à autrui et à l'existence peut s'apprendre tout au long de la vie. Il existe des pratiques qui visent à augmenter le sentiment de gratitude envers les autres et envers ce qui nous entoure. De récentes études mises en oeuvre dans le contexte scolaire français montrent que ces pratiques peuvent être développées à l'école et ont des effets bénéfiques sur la santé physique, mentale et sociale des individus. Dans le domaine de l'accompagnement, les travaux portant sur les émotions positives ont mis en évidence de meilleures capacités du professionnel à identifier les difficultés de la personne et à trouver des pistes efficaces et diversifiées. De même, les recherches portant sur les psychothérapies positives ont mis en évidence l'utilité de commencer par un travail sur les dimensions positives de l'individu dans le but d'aborder ensuite les problématiques avec plus de pertinence et d'efficacité. La gratitude apparaît donc comme une attitude essentielle à cultiver à la fois chez les professionnels et chez les personnes accompagnées.

Rébecca SHANKLAND est maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie à l'Université Pierre Mendès-France (Grenoble). Elle est aussi psychologue clinicienne, spécialisée dans le domaine des addictions et de l'éducation pour la santé. Elle a publié chez Dunod, en 2014, "la psychologie positive", un ouvrage scientifique et clinique qui constitue une très belle synthèse de cette approche en plein essor.

10h00 11h00 (Conférences au choix)

JEAN-CLAUDE MÉTRAUX
Pour une thérapeutique de la reconnaissance

De très nombreuses personnes qui nous consultent souffrent de "maladies de la reconnaissance" : personnes en situations précaires, migrants (dont les victimes de conflits armés, tortures et viols), membres de couple se déchirant pour la garde d'un enfant, etc. Seule une "thérapeutique de la reconnaissance" permettrait qu'elles retrouvent une place dans notre monde. Les fondements d'une telle thérapeutique, inspirés entre autres par les écrits de Ricoeur et Honneth, seront détaillés et des exemples pratiques et cliniques seront proposés. Le problème, cependant, dans l'application d'une telle thérapeutique de la reconnaissance, réside dans les "maladies de la reconnaissance" dont nous souffrons nousmêmes, thérapeutes et intervenants sociaux. Comment dès lors nous "soigner"?

Jean-Claude MÉTRAUX est psychiatre et psychothérapeute de l'enfant et de l'adolescent, auteur de "Deuils collectifs et création sociale" et, plus récemment, "La migration comme métaphore" (la Dispute, 2011). Engagé auprès des victimes de conflits armés, puis des migrants, il a constamment conçu son activité professionnelle comme un lieu de création politique. En tant que pédopsychiatre, ce sont les familles vivant dans la grande précarité qui l'ont mobilisé tout au long de sa carrière.

ou

FAMILLES PAUVRES : SOUTENIR LE LIEN DANS LA SÉPARATION
Suivi d'une rencontre avec Carine BAWIR, Virginie DEGEY, Delphine NOËL et Caroline SALINGROS

La conjoncture actuelle fait rejaillir, avec une violence particulière, l'idée que le lien de l'enfant (en situation de placement) avec la famille d'origine pourrait être questionné, voire découragé. Du point de vue des plus pauvres, cette orientation, qui a déjà engagé de grandes résistances dans l'histoire, mérite une mobilisation particulière. Les associations ATD Quart-monde et Luttes Solidarités Travail (LST), qui permettent aux plus pauvres de construire une parole collective, enracinée dans leur résistance quotidienne à la misère, ont interpellé Madame Huytebroeck, Ministre de l'Aide à la Jeunesse en Communauté Française, à l'époque. Elle a initié une recherche sur l'évaluation du maintien du lien entre parents et familiers en situation de grande pauvreté et enfants placés en institution de l'Aide à la Jeunesse ou en famille d'accueil. Le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale a été chargé d'organiser cette réflexion. Cette recherche, enracinée dans la méthode de dialogue, garantit une manière toute particulière d'évaluer le maintien du lien, dans une reconnaissance de l'apport intéressant de chaque partenaire. Une concertation de plusieurs mois à laquelle ont participé des professionnels de l'administration et de divers services publics et privés de l'aide à la jeunesse, en dialogue avec des militants d'associations de lutte contre la pauvreté. Les actes de la recherche ont été publiés en 2013 : "Familles pauvres : soutenir le lien dans la séparation". Ils constituent un état des lieux d'un chantier à peine commencé, d'une part sur le droit fondamental de la reconnaissance du droit de l'enfant, et d'autre part sur le fossé entre les objectifs et la pratique des professionnels et les réalités vécues par les familles Pour diffuser plus largement les résultats de la recherche, et promouvoir la réflexion, un montage vidéo a été réalisé. Le film, terminé en 2015, vise à susciter une connaissance plus pertinente des points de vue légitimes autant des familles pauvres que des professionnels, pour un dialogue et une reconnaissance nouvelle de chacun.

Le film sera suivi d'une rencontre et d'un échange avec quatre représentantes du groupe porteur de ce projet :
Carine BAWIR, militante du Mouvement ATD Quart Monde
Virginie DEGEY, déléguée dans un Service de Protection de la Jeunesse
Delphine NOËL militante du Mouvement Luttes Solidarités Travail
Caroline SALINGROS, directrice pédagogique d'une institution de placement.

11h00 Pause café
11h30 12h30

MICHELA MARZANO
Promesse d'amour, reconnaissance et respect de l'altérité

Lorsqu'on parle d'amour, il est toujours question d'altérité et de tolérance. Aimer signifie tout d'abord reconnaître et accepter la différence. Renoncer au contrôle. Supporter. Que l'autre soit distrait, n'écoute pas, s'en aille parfois en claquant la porte. Que l'autre soit justement "autre" par rapport à nos attentes. Certes, l'altérité est toujours synonyme d'étrangeté, l'élément perturbateur freudien, ce quelque chose qui est "autre", pas seulement par rapport à ce que nous voudrions que l'autre soit, mais aussi par rapport à ce que nous sommes nous-mêmes. Mais c'est justement cette reconnaissance de l'altérité qui permet par la suite à chacun d'être libre d'être soi-même, sans que l'autre nous demande de changer, d'être différent ou de faire des efforts pour mériter son amour.

Michela MARZANO est professeur de philosophie à l'université Paris Descartes. Engagée politiquement au sein de la gauche italienne, elle est députée au parlement italien depuis février 2013. Elle travaille dans le domaine de la philosophie morale et politique et s'intéresse en particulier à la place qu'occupe aujourd'hui l'être humain, en tant qu'être charnel. L'analyse de la fragilité de la condition humaine représente pour elle le point de départ de ses recherches et de ses réflexions philosophiques. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages dont, "Penser le corps" (PUF, 2002), «Alice au pays du porno" (avec Claude Rozier, Ramsay, 2005), "Extension du domaine de la manipulation", (Grasset, 2008). Dans son ouvrage "Légère comme un papillon", elle aborde son anorexie et révèle avec profondeur une partie de son autobiographie. Son dernier livre, "Tout ce que je sais de l'amour" revisite le lien amoureux de façon personnelle en touchant à l'universel.

14h00 15h00

BÉATRICE EDREI ET ISABELLE GERNET
Travail de soin et psychodynamique de la reconnaissance

Les enseignements de la psychodynamique du travail nous révèlent que pour bien travailler il faut accepter de mobiliser une subjectivité toute entière au service d'un réel qui se présente très souvent comme une mise en échec des savoir-faire conventionnels. Le travail est donc par essence vivant car il nécessite cette mobilisation subjective qui va au-delà de la prescription, qui la triche, la subvertit et qui permet de faire preuve d'inventivité et de ruse pour s'éprouver soimême dans la confrontation à la tâche. La relation d'aide et le travail de soin nécessitent, plus encore que tout autre activité peut-être, un registre d'habiletés issues d'un engagement du corps et d'une connaissance "par corps" qui permettent le déploiement d'une intelligence sensible au service d'une familiarisation progressive avec la situation. La relation d'aide relève de savoir-faire discrets qui tiennent souvent leur efficacité de leur invisibilité. Cela rend ce travail particulièrement inestimable au regard des logiques de gestion mais aussi particulièrement vulnérable du point de vue de la reconnaissance. La reconnaissance qui nous intéresse ici est celle qui permet de transformer la souffrance inhérente à toute confrontation au réel du travail en plaisir. Elle est la condition fondamentale d'une mobilisation subjective continue des travailleurs. La psychodynamique de la reconnaissance est alors un processus complexe et exigeant qui s'oppose au déni et qui n'a d'efficacité qu'indexée à la rigueur de ses jugements.

Isabelle GERNET est psychologue clinicienne, Maître de conférences en Psychologie Clinique à Paris Descartes. Ses travaux de recherche s'inscrivent dans le champ de la psychosomatique d'une part, de la psychopathologie et de la psychodynamique du travail d'autre part. Ses travaux en cours visent plus spécifiquement à analyser le rôle de la mobilisation du corps dans le travail de soin. Béatrice EDREI est psychologue clinicienne, psychothérapeute, membre associée de l'équipe de recherche en psychodynamique du travail dirigée par le Pr. Christophe Dejours. Elle coordonne un dispositif clinique régional de prévention de la souffrance en lien avec le travail. Ses travaux visent à analyser les processus en jeu dans les décompensations psychiques au coeur des nouvelles organisations du travail.

15h00 16h00

DIDIER ROBIN
Quelles prises en compte de l'estime de soi et de la reconnaissance dans le travail en équipe et les pratiques de réseaux ? Du risque de la violence à la possibilité de la coopération

Freud a défi ni "le sentiment d'estime de soi" comme un alliage de trois parties que l'on peut traduire de la sorte : la première renvoie à la possibilité (ou pas) de faire sien une certaine sécurité de base. La deuxième concerne notre capacité à intégrer des idéaux et à essayer de les accomplir. La troisième est constituée par la qualité actuelle des relations avec notre entourage. Sur beaucoup de points, cela rejoint les réfl exions d'Axel Honneth à propos de la "reconnaissance". En s'appuyant sur ses travaux qui articulent la théorie de l'attachement avec d'autres avancées de la psychanalyse, Didier Robin défendra l'idée que veiller, pour chacun des acteurs institutionnels, au respect et à l'enrichissement de l'estime de soi est une des conditions fondamentales (condition de base même) de la reconnaissance mutuelle qui va permettre une coopération effi cace. A contrario, les violences symboliques (mépris, disqualifi cations, moralisations persécutrices, rejets et exclusions, etc.) sont toujours des atteintes et à la reconnaissance et à l'estime de soi ; elles peuvent vite devenir des embrayeurs de violences physiques, de maltraitances institutionnelles. C'est particulièrement vrai dans le monde du travail et, peut-être encore de manière plus sensible, dans l'univers des "métiers de la relation". Le défi est alors de comprendre les ressorts de ces violences pour réussir à les arrêter ou à les éviter. Ce qui peut paraître encore assez abstrait dans ce résumé sera illustré par le plus concret des pratiques quotidiennes.

Didier ROBIN est psychologue, psychanalyste et systémicien. Il est superviseur d'équipes et formateur, membre du Groupe "Institutions" (Bruxelles, Centre Chapelle-aux-Champs en lien avec l'UCL, Université catholique de Louvain), co-responsable d'un programme de journées d'étude et de formation aux pratiques institutionnelles (Bruxelles, Centre Le Méridien, l'UCL et l'USL) et formateur pour la LBFSM (Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale). Il est aussi l'auteur notamment de "Violence de l'insécurité", Paris, PUF, 2010 et de "Dépasser les souffrances institutionnelles", Paris, PUF, 2013.


16h00 Pause

16h30
Clôture SURPRISE - à suivre !


17h30 Fin



Lieu et dates

  • Jeudi 17 décembre 2015 de 09h30 à 17h30
  • Vendredi 18 décembre 2015 de 9h00 à 17h30

MAISON DE L'UNESCO
125, avenue de Suffren
75007 Paris
Métro : Ségur ou Cambronne

Coût de l’inscription

Individuelle : 200 EUR ou 210 CHF
Par convention : 320 EUR


Inscription groupée de 5 personnes et plus -> -20%
Sans emploi -> -50% sur présentation d'une attestation (pas de tarif de groupe)


L’inscription est ferme dès réception du bulletin d’inscription et du paiement (ou d’une attestation de prise en charge fournie par l’employeur). Les annulations de votre part ne font pas l'objet de remboursement, sauf motif exceptionnel sur présentation de certificat. Dans ce cas nous retiendrons une somme de 25 EUR de frais administratifs. Toutefois, lorsqu'il y a une liste d'attente, nous vous proposons un arrangement à l'amiable s'il nous est possible de vous remplacer.


Pour les demandes de prise en charge par un organisme de formation continue, n'hésitez pas à nous contacter afi n d'obtenir tous les documents nécessaires à la constitution de votre dossier.



Bons plans anti-crise

Le premier jour début des conférences à 10 heures : partez le matin même et économisez une nuit d'hôtel !

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FORMULAIRE D'INSCRIPTION

si vous souhaitez vous inscrire au congrès du 17 et 18 décembre 2015, remplissez ce formulaire



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Coût de l’inscription

Individuelle : 200 EUR ou 210 CHF
Par convention : 320 EUR


Inscription groupée de 5 personnes et plus -> -20%
Sans emploi -> -50% sur présentation d'une attestation (pas de tarif de groupe)


L’inscription est ferme dès réception du bulletin d’inscription et du paiement (ou d’une attestation de prise en charge fournie par l’employeur). Les annulations de votre part ne font pas l'objet de remboursement, sauf motif exceptionnel sur présentation de certificat. Dans ce cas nous retiendrons une somme de 25 EUR de frais administratifs. Toutefois, lorsqu'il y a une liste d'attente, nous vous proposons un arrangement à l'amiable s'il nous est possible de vous remplacer.


Pour les demandes de prise en charge par un organisme de formation continue, n'hésitez pas à nous contacter afi n d'obtenir tous les documents nécessaires à la constitution de votre dossier.

J’effectue un versement de € sur le compte IBAN : BE37 7755 9056 5828 BIC : GKCCBEBB (depuis la Belgique)
J’envoie un versement de € sur le compte IBAN : BE37 7755 9056 5828 BIC : GKCCBEBB (depuis la France et le Luxembourg)
J’envoie un chèque de € à l’ordre de “Parole d’Enfants” - 57 rue d'Amsterdam, 75008 PARIS (depuis la France)
Mon organisme envoie une attestation de prise en charge (Parole d’Enfants - 57 rue d'Amsterdam, 75008 PARIS ) et règle par mandat administratif (inscription par convention en France) n° d’agrément : 11 75 34 59 875
J’effectue un versement de CHF sur le compte IBAN : CH58 0900 0000 4068 8752 4 BIC : POFICHBEXXX (depuis la Suisse)


Info facturation :

La facture est à établir au nom de : *
et envoyée à mon adresse privée professionnelle.

Je désire recevoir les informations pratiques à mon adresse privée professionnelle.


Mes préférences pour les conférences au choix

Jeudi 17 décembre 2015 à
14h00 STÉPHANIE HAXHE ISABELLE AUBRY
15h00 YVES STEVENS ET CHRISTEL PIRE SOLDATI, MORENI ET ROSENBAUM

Vendredi 18 décembre 2015 à
09h00 ALFREDO CANEVARO RÉBECCA SHANKLAND
10h00 JEAN-CLAUDE MÉTRAUX FILM : SOUTENIR LE LIEN DANS LA SÉPARATION