Le rêve au coeur de la relation d’aide
Utopie, imagination et autres curiosités

JEUDI 22 Novembre 2012

9h30 Ouverture du congrès par Catherine Denis, directrice de Parole d'Enfants

10h00

Raymond TROUSSON
Les grandes étapes de la réflexion utopique au travers des théories et des oeuvres littéraires

Dans l'antiquité, l'utopie fut d'abord nostalgie d'un passé meilleur qui contrastait tristement avec la situation contemporaine ; dans une deuxième étape, à partir de la Renaissance et sous l'influence des grandes découvertes, elle se conçoit dans le présent historique, mais reléguée dans un ailleurs inaccessible, le "pays de nulle part" ; dans la troisième, à partir du dernier tiers du XVIIIe siècle, elle se situe dans un décor réel, mais projetée dans un avenir lointain, fondé sur la confiance dans le progrès technique et humain ; dans la quatrième, à partir surtout de la fin du XIXe siècle, la désillusion causée par un prétendu progrès destructeur des vraies valeurs, conduit à l'élaboration des "dystopies" ou utopies négatives où le paradis s'est mué en enfer ; dans une ultime étape, le cycle est bouclé : l'utopie prêche un retour à une existence plus simple, affranchie de la foi aveugle dans la course au progrès comme au profit, et le rêve utopique, comme jadis dans l'antiquité, se détourne d'un présent inquiétant et d'un avenir incertain, pour revenir, non pas au mythe d'une civilisation pré-industrielle, mais à un passé proche où le "progrès" était encore maîtrisable. Ainsi, loin d'être pure fantaisie coupée du réel, l'utopie en est, au contraire, une émanation et reflète, sous une forme littéraire, les espoirs et les angoisses d'une civilisation en quête d'une organisation sociale et politique légitime. Raymond TROUSSON est professeur émérite de l'Université de Bruxelles et membre de l'Académie royale de Langue et de Littérature française. Outre de nombreux articles, il a publié divers ouvrages consacrés à l'histoire de l'utopie : "Voyages aux Pays de nulle part. Histoire littéraire de la pensée utopique" (3e éd. 1999), "D'Utopie et d'utopistes" (1998), "Religions d'utopie" (2001). Il a, par ailleurs, publié nombre d'ouvrages concernant des œuvres et des auteurs du XVIIIe siècle et des biographies de Diderot (2005), Voltaire (2008) et Rousseau (3e éd. 2012).

11h00 Pause-cafe

11h30

Jean-Claude MÉTRAUX et Gabrielle TSCHUMIN
Les dessins du psy : utopie créatrice et migration métaphorique

Jean-Claude Métraux et Gabrielle Tschumi travaillent avec des patients migrants ou/et dans la précarité dont les rêves se brisent sur le roc des frontières, des certitudes, parfois du mépris, de nos sociétés. Or, la migration (tant celle des migrants au sens propre que celle, métaphorique, des intervenants obligés à sortir de leur monde pour rencontrer l'autre) suscite des deuils, source d'utopie créatrice. L'élaboration théorique de ces idées les a amenés à envisager des approches nourries d'utopie créatrice. Telle celle qu'ils présenteront : "les dessins du psy". Le dessin est souvent utilisé dans les psychothérapies d'enfants comme outil interprétatif du psychisme quand le langage est encore balbutiant, ou dans le domaine de l'Art-thérapie comme favorisant l'expression du patient. Il n'est cependant peu, voire jamais évoqué lorsque le rôle est inversé, et que c'est le thérapeute, et non le patient, qui dessine. Or, le dessin du soignant peut s'avérer être un étonnant levier thérapeutique, notamment avec des patients migrants ou en grande précarité. Ces naufragés de la vie questionnent au plus près notre capacité à nous positionner en êtres humains capables de don. Et si "les dessins du psy" contribuaient à soigner le lien soignant/soigné indispensable à une psychothérapie réussie ? Trois exemples issus de leur expérience clinique, permettront d'explorer les questionnements et les possibilités que ces créations au crayon offrent au thérapeute et au patient. Ou comment une utopie créatrice peut devenir source de guérison. Jean-Claude Métraux est pédopsychiatre, auteur de "Deuils collectifs et création sociale" et, plus récemment, "La migration comme métaphore". Gabrielle Tschumi est psychologue et dessinatrice.

12h30 Pause-déjeuner (libre)

14h00 Conférences au choix

Nayla CHIDIAC
Une place pour les rêves... Mais les rêves à leur place

Depuis l'Antiquité, la couleur et le mystère du rêve nous fascinent. Des philosophes aux psychanalystes, les paradoxes du rêve s'échelonnent sur des chemins divers. Dans ces deux instances, intimement liées, l'écriture et le rêve, nous retrouvons un rapport à la temporalité qui est similaire. Le temps du rêve, comme le temps de l'écriture n'est pas le même que celui dans lequel on rêve et on écrit. Dans une société comme la nôtre, où la rapidité, l'efficacité sont au premier plan, quelle place reste-t-il pour cette dimension intrinsèque, indispensable à la pensée, qu'est le rêve ? A travers la littérature, le cinéma, (Borges, Fowles, Fellini...) et la pratique de la médiation écriture dans notre pratique thérapeutique, centrée autour du trauma, nous aborderons la thématique du rêve, tant de l'angle du patient que de l'angle du thérapeute. Car sans le rêve, comment penser ? Comment faire intervenir l'écriture du rêve en séance et comment le rêve intervient chez le thérapeute ? Une réflexion permanente sur la création s'impose. "Penser veut dire aussi rêver" G. Steiner. Nayla CHIDIAC est docteur en psychopathologie clinique, enseignante à l'EPP (école des psychologues praticiens), fondatrice des ateliers d'écriture au Centre d'étude de l'expression à Sainte Anne, spécialiste en psychotrauma, auteur du livre "les ateliers d'écriture thérapeutique" paru en 2010 aux Éditions Masson.

Benoit TOUSSAINT
Singulières ethnies

Réinventorier les registres du réel et de l'irréel : tous deux s'interpénètrent avec une telle constance qu'on essaierait en vain de les séparer. Tôt ou tard, le rêveur cesse d'écouter sa mauvaise conscience, qui lui ordonne de choisir l'un ou l'autre. Il s'aperçoit qu'il a mieux à faire que de les opposer : il peut les frotter l'un contre l'autre comme deux silex. Son activité fantasmatique, qui se nourrit de sa vie réelle, peut aussi rejaillir sur elle, lui apporter un surcroît d'intensité. (Mona Chollet, La tyrannie de la réalité) Les utopies pirates du début du XVIIIème siècle ont fourni l'essentiel : c'est possible de mettre les voiles vers des mondes inverses, qui réfléchissent autrement les priorités. Les pédagogues authentiques ont, au fil de l'histoire, et parfois sans le savoir, adapté leurs principes à l'éducation : Ferrer, Makarenko, Korjzack, Freinet, après Montaigne, Rousseau, et d'autres. La recette est simple, mais radicale. Elle compte deux ingrédients indispensables, l'égalité et la liberté, autour desquelles se construisent l'autonomie et l'émancipation. Sur cette base, on peut faire une école : Pédagogie Nomade était cette école, mais elle a été fermée par une autorité qui n'appréciait ni l'égalité ni la liberté. Fernand Deligny a débroussaillé le chemin pour tracer, en dehors des institutions, des pistes intéressantes avec des jeunes réputés irrécupérables. Pédagogie Nomade suit maintenant ses traces, et se constitue en ethnie singulière. Benoit TOUSSAINT est co-fondateur de Pédagogie Nomade (école secondaire pour élèves en différend avec l'institution) et de la Maison Deligny (lieu de vie pour jeunes "hors cases"). Il a connu le privilège, pour services rendus avec impertinence, sans doute, d'être évincé de l'enseignement public de la Communauté Française, en Belgique.

15h00 Conférence / débat au choix

Isabelle FILLIOZAT
Le rêve pour donner du sens à la vie

C'est parce que Martin Luther King a osé faire un rêve, que noirs et blancs ont pu se dire que la discrimination raciale n'était pas une fatalité. C'est presque toujours un rêve qui est à l'origine d'un changement, d'un projet, d'un progrès. Le rêve nous donne des réponses, nombre de découvertes scientifiques ont été apportées par des rêves, il nous pose des questions, il nous habite et nous guide. Le rêve est un moteur. Sans lui, comment continuer à vivre ? Au vu de la souffrance, des inégalités, des injustices, de la violence partout autour de nous, que serions-nous si nous n'avions pas quelqu'utopie à poursuivre, comment pourrions-nous garder espoir et motivation à agir ? Le rêve et la projection vers le futur caractérisent l'humain. Rêver, c'est oser penser un monde idéal. Quand les rêves s'écroulent, c'est le plongeon dans la dépression. Nos rêves sous-tendent nos vies, ils sont notre axe, ils donnent du sens à notre existence. Garder le but en tête permet de poser des actes au quotidien pour accomplir et faire advenir nos rêves. Je rêve d'un monde qui respecte les enfants, alors je construis ce monde au jour le jour. Oui, le rêve est un outil de changement de la réalité. Isabelle FILLIOZAT travaille depuis 1982 comme psychologue-psychothérapeute et formatrice en relations humaines et communication. Fille d'un psychologue et d'une psychanalyste, elle est depuis son enfance plongée dans le monde des émotions. Formée à l'Analyse Transactionnelle, à la Thérapie Néo-Reichienne (Radix) et à la Programmation Neuro-Linguistique, elle a peu à peu développé sa propre approche et s'est spécialisée dans la grammaire des émotions. Elle a fondé l'École des Intelligences Relationnelle et Émotionnelle pour former des professionnels à son approche spécifique de la relation et de l'émotion. Aujourd'hui, elle vit et travaille à Aix-en-Provence où elle se consacre également à la transmission et la diffusion vers le grand public par le biais de livres, articles, conférences, émissions de radio... Elle est auteure de nombreux livres dont "L'intelligence du cœur" et "Les autres et moi. Comment développer son intelligence sociale" chez JC Lattès.

Benoit TOUSSAINT
Singulières ethnies / Le débat

Benoit TOUSSAINT est co-fondateur de Pédagogie Nomade (école secondaire pour élèves en différend avec l'institution) et de la Maison Deligny (lieu de vie pour jeunes "hors cases"). Il a connu le privilège, pour services rendus avec impertinence, sans doute, d'être évincé de l'enseignement public de la Communauté Française, en Belgique.

16h00 Pause

16h30

Jean-Michel LONGNEAUX
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants... et beaucoup d'ennuis

Dans notre imaginaire collectif, la vie doit se révéler épanouissante, le bien doit l'emporter sur le mal. D'ailleurs, pour les adultes, la vie des enfants n'a de sens que s'ils sont en bonne santé, que s'ils font d'heureuses expériences, et qu'à la condition qu'ils deviennent, finalement, autonomes. Ce plan de carrière se révèle toutefois mortifère. A éduquer nos enfants dans cette seule perspective, on risque de les rendre inaptes à se confronter à la vie telle qu'elle va : avec ses moments de bonheur mais aussi avec ses moments d'échec, de souffrance, de violence et d'injustice. Cela signifie-t-il qu'il faille renoncer à ses rêves et se résigner à la réalité ? Jean-Michel LONGNEAUX est philosophe, professeur aux Facultés universitaires Notre Dame de la Paix à Namur.

17h30

Thierry JANSSEN
"L'utopie n'est visible qu'à l'oeil intérieur" Jose Luis BORGES

Thierry JANSSEN est chirurgien urologue (jusqu'en 1998) et psychothérapeute spécialisé dans l'accompagnement des maladies physiques, auteur d'ouvrages sur l'étude des liens psycho-corporels dont "La solution intérieure". En 2011 est paru son livre "le Défi positif, une autre manière de parler du bonheur et de la bonne santé" aux éditions Les Liens qui Libèrent.

18h30 Fin

VENDREDI 23 Novembre 2012

9h00

Ilios KOTSOU
L'acceptation : renoncement à ses rêves ou potentiel créateur ?

L'acceptation est considérée, depuis des milliers d'années, comme une vertu personnelle essentielle et ce, dans différentes traditions philosophiques. Elle est aujourd'hui un thème central des thérapies comportementales dites "de la troisième vague". Accepter signifie-t-il se résigner, abandonner sa volonté face à une situation qui nous paraît insoluble ? Dans quelles conditions l'acceptation peut-elle apporter une contribution à une réelle démarche de changement, une ouverture à une plus grande créativité ? Lors de cette conférence, nous verrons comment l'acceptation peut être le moteur d'un engagement actif vers ce qui est essentiel à nos vies. Passionné par tout ce qui touche à l'humain, et plus particulièrement par la richesse que donnent à nos vies les émotions, Ilios KOTSOU est chercheur en psychologie à l'Université Catholique de Louvain. Formé à l'approche de Palo Alto, il a travaillé pendant dix ans en tant qu'expert et formateur dans le domaine du management, notamment avec Médecins Sans Frontières et la Louvain School of Management. Auteur de divers ouvrages sur l'intelligence émotionnelle (dernier en date "Petit cahier d'exercices d'intelligence émotionnelle" en 2011) et sur la psychologie positive ("Psychologie positive : le bonheur dans tous ses états"), il consacre ses recherches aux émotions et à leur impact sur notre bien-être individuel et collectif. Il est co-fondateur de l'association Émergences qui vise à partager les connaissances scientifiques et à financer des projets humanitaires.

10h00

Marie-Rose MORO
Rêver avec les enfants de migrants et leurs parents. Pour quoi faire ?

Dans le travail avec les enfants de migrants et leurs familles, l'oratrice montrera l'importance du jeu et du rêve partagés pour retisser le lien parents-enfants et accompagner l'enfant dans sa construction identitaire et dans son travail de métissages. Marie-Rose Moro est professeure de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'Université de Paris Descartes et chef de service de la Maison de Solenn. Toutes les informations sont sur www.marierosemoro.fr

11h00 Pause-café

11h30 Conférences au choix

Marie-Noëlle et Jean BESANÇON
Les Invités au Festin : un rêve, une utopie, une réalité transférable

Les Invités au Festin (IAF) sont une expérience française innovante qui œuvre depuis plus de 20 ans, dans le mouvement nouveau de la psychiatrie citoyenne, qui est décrit comme la 4ème révolution en psychiatrie (Dr. Bernard Jolivet). Notre vision est de "redonner la folie à la société", en montrant que l'on peut soigner les troubles psychiques grâce à des relations basées sur les valeurs citoyennes de liberté, égalité, fraternité et solidarité, et promouvoir ainsi une psychiatrie humaniste qui réponde vraiment aux besoins fondamentaux des personnes souffrant de troubles psychiques. Cette vision fut portée, dès l'origine, par cette phrase fondatrice qui donne la définition de sa mission: "C'est une utopie, il s'agit de créer une communauté faite à la fois de personnes dites normales, intégrées et de personnes ayant des difficultés de relation." Notre mission est de tracer le chemin manquant entre la psychiatrie, le social et la société, en recréant des espaces d'accueil et de vie entre les personnes fragiles psychologiquement et la communauté des citoyens. La définition de l'utopie comme étant "du réel non encore advenu", nous semble être l'une des plus pertinentes, et notre action en est une vraie illustration ; vérifiant également par la même occasion, la constatation du Professeur Lazarus : "les utopies ont toujours été des créatrices de structures sociales locales". Nous sommes ici dans une utopie soutenue par un rêve de citoyenneté incarnée dans la société. Cette utopie est devenue une réalité puisque plusieurs structures créées par les IAF ont vu le jour depuis 12 ans, à Besançon, en Franche Comté : 2 lieux de vie de 14 et 13 places, un lieu d'accueil de jour et un Groupe d'entraide mutuelle (GEM), et un accueil de jour à Boulogne-Billancourt, en région parisienne. Ces structures fonctionnent toutes à partir de l'esprit et des principes des valeurs citoyennes fondamentales. Cette réalité est transférable puisque un réseau de développement a été cré en 2007, -IAF réseau- pour essaimer ce modèle de psychiatrie citoyenne élaboré à partir des quatre valeurs citoyennes de fraternité, liberté, égalité, et solidarité. Dix projets de lieux de vie et d'accueil sur le modèle des IAF sont en cours de réalisation en France et à l'étranger (Belgique, Rwanda). Les orateurs montreront comment le passage du rêve à l'utopie et à la réalité, ne peut se faire que par un cheminement qui est une véritable "voie initiatique" de transformation personnelle, communautaire et sociétale. Marie-Noëlle Besançon est psychiatre, co-fondatrice et présidente des Invités au Festin. Jean Besançon est co-fondateur des Invités au Festin et entrepreneur social.

René STEVENS
L'enfant révé, le pédiatre et la famille

Toute société se donne une représentation de l'Enfance qui évolue au fil de l'Histoire. Dans notre société contemporaine, la pédiatrie, comme discipline de la médecine scientifique née au XIXème siècle, est un des discours qui légitime la construction de cette représentation et l'investit de sa propre normativité. Comment le pédiatre, dans son quotidien, peut-il, tout en s'inspirant de cette normativité, garder le recul critique nécessaire pour en percevoir les limites et la situer dans la représentation sociale plus globale ? Dans cette conférence, il sera question de la représentation de "l'enfant rêvé" du neuropédiatre, ainsi que des représentations de "l'enfant différent" (handicapé, retardé, désinséré...) vu par le médecin, par d'autres intervenants mais aussi par la famille ... et par l'enfant lui-même. René STEVENS conjugue sa formation de neuropédiatre avec des études de philosophie : un rêve d'adolescent qui lui a permis de se donner les outils du recul critique nécessaire par rapport à son activité de médecin en tant que telle, à son inscription dans la société à l'intersection d'une certaine forme de savoir, de pouvoir et d'action. Dans cette perspective, il est président du comité d'éthique du CHC de Liège.

12h30 Pause-déjeuner (libre)

14h00 Conférences au choix

Jean-Paul GAILLARD
Mutation sociétale et utopie : avec nos enfants "mutants", réinventer le réel

La mutation sociétale à l'œuvre nous montre un monde en décomposition, hostile et inquiétant. Ce "visible" rendu omniprésent par l'ensemble des médias, masque ce qui émerge à la place de ce qui disparaît, ou bien le décrit comme manifestations déviantes néfastes, effets du supposé manque de ce qui disparaît. Ces descriptions de déviance visent en premier lieu les enfants et les adolescents d'aujourd'hui, dans ce qu'ils montrent d'effectivement différent de nous, en termes de modes de communication, d'être au monde, de rapport à soi, à l'autre, à l'autorité, à la hiérarchie, au savoir... Nous manquons aujourd'hui cruellement d'une utopie qui nous permette de nous arracher à la fascination de la ruine et d'inventer le monde émergent avec ces "Hommes Nouveaux" que sont nos enfants "mutants". Jean-Paul GAILLARD est thérapeute systémicien (famille, couple, institution) et psychanalyste (ex-EFP) à Chambéry. Auteur, en 2009, de l'ouvrage "Enfants et adolescents en mutation. Mode d'emploi pour parents, éducateurs, enseignants et thérapeutes" (ESF éditeur).

Frédérique VAN LEUVEN
Après les utopies, refonder l'imaginaire du présent : à propos du travail de Jacques Duez Conférence accompagnée d'extraits de films

Jacques Duez, professeur de morale et cinéaste, a filmé pendant plusieurs décennies les enfants auxquels il donnait la parole. Quelques-uns d'entre eux ont accepté de porter, quelque vingt ans plus tard, un regard sur leurs rêves. Si l'impression troublante qui se dégage des témoignages évoque la perte d'une énergie désirante, cette confrontation permet aussi de s'interroger sur les conditions de son surgissement, et de son devenir. L'apport considérable de l'utopiste Jacques Duez est d'avoir pensé à saisir ces moments par la vidéo naissante dont il eut l'intuition, et de l'utiliser pour construire une mémoire qu'il nous restitue. La notion "d'enfant-ancêtre" proposée par l'un des participants pose la question très actuelle de la trace qui nous constitue. L'oratrice s'est intéressée à l'œuvre de Jacques Duez car il lui propose, en tant que thérapeute et formatrice, un cadre qui, pour paraphraser le philosophe Etienne Balibar, "permet de refonder l'imaginaire du présent". Il l'a invitée à tenter d'installer, dans ses dispositifs, ce qui permet de rechercher, entre soignants et usagers, du sens - et du non sens - au travail. Parler ensemble est pourvoyeur d'énergie, à la condition de penser un cadre qui inclue la mémoire de la parole et une action possible sur le dispositif de soins. La conférence sera accompagnée d'extraits des films de Jacques Duez. Frédérique VAN LEUVEN, psychiatre, travaille au Centre Psychiatrique Saint Bernard, à Manage. Elle est par ailleurs formatrice en thérapie familiale systémique et propose des modules de formation et des séminaires sur les pathologies du lien à l'Université de Louvain.

15h00 Conférences au choix

Csilla KEMENCZEI
Quand les rêves sauvent la vie par le sens Frédérique VAN LEUVEN (suite)

De la même façon que le corps a besoin de nourriture, la psyché a besoin de sens pour exister. Or, c'est bien l'absence de sens qui caractérise notre monde moderne face à la souffrance. Il existe un sens particulier pour chacun d'entre nous qu'il nous appartient de trouver. Jung a défini fermement l'absence de sens comme une névrose : "la souffrance d'une âme qui n'a pas trouvé son sens". Dans le chemin de la "quête du sens", les rêves jouent un rôle primordial pour compléter et rendre entière notre expérience de vie. Les rêves contribuent à la réalisation de soi, stade ultime de l'homme. Soi, en tant que la réalisation de notre identité intime dans sa totalité "divine". Ce chemin est difficile, boueux et escarpé... A travers des rêves et des réalisations artistiques spontanées (peintures et écriture), l'oratrice nous invitera à parcourir un voyage insolite pour découvrir les quatre conditions humaines à assumer en pleine conscience d'être séparé, être unique et entier sans être parfait. Ce sont les tâches fondamentales de "l'Homme à devenir" que nous sommes tous. Unique et pourtant pas seul, les rêves nous le rappellent chaque nuit... Et une fois le soi réalisé - quel bonheur - c'est l'homme qui a accompli librement sa destinée, l'homme qui n'est plus un inachevé. Csilla KEMENCZEI est psychologue clinicienne. Elle a fait ses études de base à l'Université de Budapest (ELTE) sur les pas de Freud, de Ferenczi et de Szondi. Ensuite, elle s'est engagée activement dans les pensées jungiennes, d'abord à Budapest puis en Belgique. Actuellement, elle est membre didacticienne de la Société Belge de la Psychologie Analytique C.G.Jung (SBPA). Elle est art-thérapeute et cofondatrice de l'Institut Chiasme où elle enseigne la méthode d'Analyse des Mythes Corporels (AMC).

16h00 Pause

16h30

Martine STRUZIK
Le Voyage du héros ou comment créer un monde auquel nous avons envie d'appartenir ?

"Ce que je vois tout là-bas est bien trop nébuleux à décrire. Mais ça a l'air grand et scintillant" Walt Disney Quels sont nos rêves, nos visions pour notre futur ? Comme Walt Disney, nous pouvons nous sentir appelé à mettre en œuvre un projet particulier qui nous tient à cœur, à atteindre des objectifs ou à réaliser nos rêves. Mais souvent, nous perdons le lien avec cette vision, nous buttons sur des obstacles, ou même nous renonçons. Au travers d'un travail guidé, les participants seront amenés à vivre une expérience particulière : partir à l'aventure, tel un héros découvrant sa mission, rencontrant ses obstacles mais aussi ses ressources pour grandir en conscience et atteindre son trésor. Thérapeute et formatrice en Approche psycho-énergétique de l'être (thérapie transpersonnelle), Martine STRUZIK accompagne de façon individuelle ou en groupe, des adultes voulant devenir co-créateurs de leur vie. En recherche permanente, elle élargit son champ d'expérience auprès de différents formateurs travaillant sur l'approfondissement de la Conscience. Elle fait également partie du programme "The European advanced Program" de Richard Moss.

17h30 Fin