Complet...

De coeur ou de sang ?
Quand la filiation questionne l'enfant, l'adolescent,
la famille, le professionnel...

JEUDI - 30 Mai 2013

8h30  -  Accueil des participants

9h30  -  Ouverture du colloque

10h00

Nicole GALLUS
La filiation, entre vérité biologique et vérité affective

Le droit a toujours cherché à établir la filiation comme structure de parenté et d’insertion dans la généalogie en réalisant un équilibre entre les fondements biologique et affectif du lien. Lorsqu’ils sont contradictoires, la préférence donnée à l’un ou l’autre de ces fondements est motivée par le souci de préserver l’intérêt supérieur de l’enfant, lequel se confond le plus souvent avec son vécu socio-affectif et non avec une réalité génétique. Ce choix pose la délicate question de la connaissance des origines et du sens de la parenté qui ne peut être assimilée à une fonction de géniteur. Nicole GALLUS est docteur en droit, avocat, chargée de cours à l’Université libre de Bruxelles, chercheur associé au centre de droit privé de cette même université et membre du Comité consultatif de bioéthique de Belgique.

11h15  -  Pause-cafe

11h45

Isabelle DURET
A propos des héritages familiaux et des solutions imaginées par les individus, les couples, les familles pour les éviter ou les transformer.

L’exposé portera sur la transmission dans les situations traumatiques et sur les moyens mis en œuvre par les individus, les familles ou les couples pour échapper au destin honteux. Si l’on voit souvent nos patients s’ingénier à éviter la répétition intergénérationnelle de situations douloureuses vécues par eux ou par ceux qui les ont précédés, on constate également qu’ils reproduisent quelquefois inconsciemment ce qu’ils souhaitaient précisément éviter. L’auto-engendement (comme volonté de transmettre à ses enfants le refus d’hériter) peut faire partie de ces stratégies inventées par certains parents pour protéger leurs enfants. Ceux-ci se trouvent alors dans une impasse et le travail du thérapeute consiste à mobiliser les ressources de la famille pour aider le groupe à renégocier son héritage et non plus le refuser. Des situations cliniques ainsi que des pistes d’intervention seront proposées pour illustrer notre propos. Isabelle DURET est docteur en psychologie, thérapeute systémique d’adolescents, de couple et de famille, professeure à Université Libre de Bruxelles et chef du service de Psychologie du développement et de la famille de l’U.L.B. Formatrice en Psychothérapie systémique et aux interventions institutionnelles à Forestière asbl à Bruxelles.

13h00  -  Pause-déjeuner (libre)

14h30

Michel DELAGE
Adolescence et parentalité adoptive : quelle place pour l’attachement ?

L’adolescent adopté interroge souvent et fortement la filiation, en général à travers différents troubles du comportement. Ceux-ci, en même temps qu’ils témoignent de la souffrance de l’adolescent sont facteur de souffrance au sein du milieu d’appartenance. L’attachement est dans ces conditions fortement sollicité. Comment peut-on le travailler avec les différents partenaires de la relation? Des exemples cliniques illustreront les propos. Ancien chef de service de l’Hôpital d’instruction des armées à Toulon, le professeur Michel DELAGE est psychiatre et spécialiste en thérapie familiale. Il est l’auteur de « La résilience familiale » (Editions Odile Jacob, 2008) et avec Boris Cyrulnik « Famille et résilience » (Editions Odile Jacob, 2010).

15h45 -   Pause

16h00

Jean-Paul MUGNIER
Enfants placés : sur qui peuvent-ils compter ?

Depuis de nombreuses années, l’accent mis sur la nécessaire collaboration avec les parents, mais aussi les impératifs économiques, ont conduits les professionnels à envisager le placement d’un enfant dans les situations où celui-ci était confronté à un danger avéré, maltraitances physiques ou sexuelles par exemple. Pour autant, cette rupture de lien ne met pas un terme au désir des uns et des autres, professionnels compris, de reconstituer la cellule familiale dont l’enfant a été écarté. Dès lors l’enfant peut se sentir balloté entre une appartenance rappelée, celle à sa famille qui pourtant s’était avérée dangereuse pour lui et celle de son lieu d’accueil normalement soucieux de répondre à ses besoins évolutifs. L’entrée dans l’adolescence s’avère être une étape au cours de laquelle l’enfant va questionner ces différentes appartenances, estimer la solidité des liens sur lesquels il peut compter et donc vérifier que lui-même compte pour ces adultes qui tous affirment vouloir son bien ! Jean-Paul MUGNIER est éducateur spécialisé, thérapeute familial, directeur de l’Institut d’études Systémiques (IDES), auteur de différents ouvrages dont « Les stratégies de l’indifférence » (Paris, Éditions Fabert, 2002), « La promesse des enfants meurtris » (Paris, Éditions Fabert, 2005), « Le silence des enfants » (Paris, Éditions L’Harmattan, 1999).

17h00  -  Fin


VENDREDI - 31 Mai 2012

9h00

Susann WOLFF
Grandir avec un adulte qui n’est pas géniteur : De quelques enjeux psychiques dans la famille recomposée et dans la famille homoparentale

Nombreux sont les enfants qui ne grandissent pas avec leurs parents biologiques. Comment vivent-ils leur vie familiale? Quelles sont les spécificités de ces constellations familiales? L’oratrice explorera le rôle de la « marâtre » dans la famille recomposée et exposera les premiers résultats de recherche sur les familles homoparentales. Susann WOLFF est psychanalyste (membre de la Société Belge de psychanalyse), professeur de psychologie clinique à l’UCL et à l’ULB.

10h30  -  Pause-café

11h00

Anne-Pascale MARQUEBREUCQ
Adolescents placés, parents et intervenants : le lien prescrit peut-il être " un lien qui libère "?

Dans un contexte où la contrainte risque de surdéterminer toutes les interactions entre les professionnels et les membres de la famille, comment construire des dispositifs où le couplage entre la famille et l’institution constituera un étayage permettant une régulation émotionnelle, dans le but de favoriser un remaniement des attachements dans la famille, et une plus grande sécurité pour l’adolescent ? Nous présenterons une modélisation qui articule théorie de l’attachement et modèle du Milieu Humain, ainsi qu’un outil métaphorique visant à faire circuler les représentations et les émotions entre l’institution et la famille. Anne-Pascale MARQUEBREUCQ est psychologue clinicienne et psychothérapeute, formatrice au CEFORES-UCL et directrice du Centre d’Accueil Spécialisé Le Tamaris, qui accueille des adolescentes et des adolescents. Au fil des années, l’équipe a développé un modèle de prise en charge des adolescents et de leurs souffrances, basé sur l’approche systémique, et étayée par la théorie de l’attachement et la pratique de la thérapie institutionnelle. Ainsi, depuis une quinzaine d’années, elle propose un accompagnement basé sur la restauration de liens suffisamment sécurisants et contenants avec des adultes « tuteurs de résilience ».

12h30  -  Pause de midi (libre)

14h00

Zoé ROSENFELD
Le génogramme imaginaire : entre liens de sang et liens de cœur 

La présentation a pour objectif de partager l’intérêt d’un outil thérapeutique systémique original : le génogramme imaginaire. Développé par Dominique Mérigot et Judith Ollié Dressayre (2001), cet outil a ceci d’intéressant qu’il permet d’aborder l’ensemble des liens d’appartenance d’un individu ou d’un groupe (famille et couple). Il permet donc d’approcher la réalité des modalités d’investissements psychiques d’un sujet ou d’un groupe par rapport à son contexte relationnel compris comme un réseau d’affiliations s’enracinant dans une trame de filiations. Ainsi, au lieu de représenter la famille « objective », le génogramme imaginaire permet de représenter la famille « de cœur », celle que l’on se construit au quotidien parmi les gens qui nous entourent. Le génogramme appelle à la créativité et à l’imaginaire: individu/couple ou famille entrent avec le thérapeute dans un processus ludique de co-construction. En offrant une vision décalée de la famille, cet outil permet un nouveau point de vue – il amorce une autre façon de percevoir le tissu de liens au travers duquel nous évoluons et nous nous construisons chaque jour. Pour étayer cette présentation, différentes situations cliniques seront décrites. Zoé ROSENFELD est psychologue clinicienne, psychothérapeute systémique à la Women’s clinic (Hôpital Edith Cavell) et à Psy-Pluriel (Uccle). Assistante, chercheuse au Service de Psychologie du développement et de la Famille, Université Libre de Bruxelles, Belgique.

15h15  -  Pause

15h30

Samira BOURHABA et Yves STEVENS
" Mon père, ce salaud... "
La question du détachement traumatique précoce dans les situations d'inceste

L’enfant qui a subi le traumatisme de l’abus sexuel est inéluctablement confronté à une question qui pourrait se formuler comme suit : « Que vais-je devenir suite au mal qui m’a été fait ? ». Lorsque l’auteur est le père, cette question touche non seulement la victime mais aussi l’ensemble de la fratrie. Cette effraction dans la construction identitaire de l’enfant vient le fragiliser au moins à deux niveaux : « Quel père va-t-il encore pouvoir être pour moi après ce qu’il m’a fait ? », « Quel adulte vais-je devenir ? ». Ce questionnement est également l’affaire des adultes, parents ou professionnels, qui entourent l’enfant. La manière dont ils vont penser le dispositif protecteur et sécurisant jouera un rôle déterminant dans la façon dont les enfants vont pouvoir naviguer avec ce questionnement pour trouver une forme d’apaisement ou du moins de la non-destructivité… Au cours de cette présentation, les intervenants du service Kaléidos illustreront comment ils pensent cette question de la filiation et comment ils accompagnent les enfants victimes d’abus sexuel et l’ensemble de leur famille. Psychologue, intervenante sociale et directrice du service Kaléidos (service d’accompagnement de mineurs victimes d’abus sexuels et de leur famille), Samira BOURHABA est également thérapeute individuelle et familiale. Yves STEVENS est psychologue à Kaléidos, thérapeute familial, formateur, ayant une longue pratique du secteur de l’Aide à laJeunesse (Liège). Il est également psychothérapeute et formateur.

16h30  -  Clôture avec la comédienne Isabelle NANTY

lecture d’extraits littéraires choisis en résonnance avec le thème

17h15  -  Fin